ATTAQUES DE NASSOUMBOU : Revoir les failles de notre système sécuritaire
Sur la terre du Burkina, le sang vient encore de couler. Le 16 décembre dernier, le poste militaire de Nassoumbou, situé à une trentaine de kilomètres de la frontière malienne, a vu l’horreur frapper à sa porte. Pas besoin d’être grand clerc pour deviner l’identité des signataires de cet acte barbare : des terroristes venus, comme à leurs habitudes, du Mali voisin où ils se sont, par la suite, repliés. Il faut dire que cette région du Sahel a maintes fois été l’objet d’attaques par les terroristes. Mais pour ce coup-ci, les assaillants ont frappé plus fort ! Douze morts dans les rangs des Forces armées burkinabè et de nombreux blessés sans compter les dégâts matériels. Que cette agression s’apparente ou pas à une action de représailles consécutive à une opération menée par les Forces de défense et de sécurité dans la zone, quelques semaines plus tôt, une chose est certaine : c’est bien un triste et sulfureux cadeau que les suppôts du diable nous offrent à l’orée des fêtes de fin d’année. L’onde de choc a été très forte, au Burkina et au-delà de ses frontières, si l’on en juge du reste par le détour à Ouagadougou, de retour du 50e sommet de la CEDEAO tenu à Abuja au Nigéria, du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), lequel est venu présenter ses condoléances et manifester soutien et compassion au peuple ami et frère du Burkina. Face à ces incursions répétées en terre burkinabè, on ose croire que le Mali d’où partent régulièrement les assaillants, ne restera pas les bras croisés. En tout cas, foi de IBK, son pays ainsi que le Burkina, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, tous réunis au sein du G5 Sahel, vont «mutualiser leurs moyens de défense, leurs moyens de renseignements et également leurs préoccupations en matière de développement ». On croise les doigts. L’attaque meurtrière a poussé le Burkina à envisager le renforcement des équipements des Forces armées nationales et de la procédure lancée auprès des Nations unies pour qu’un bataillon burkinabè soit positionné le long des frontières burkinabè avec le Mali. En tous les cas, il y a urgence et nécessité d’agir si l’on ne veut pas que le mal djihadiste pousse davantage de racines sur le sol burkinabè.
Le Burkina définitivement dans l’oeil du cyclone terroriste
Cela dit, on peut faire remarquer que ces attaques répétées en terre burkinabè, préoccupent les pays amis de la sous-région, au point de figurer au menu des débats entre chefs d’Etat réunis au 50e sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui l’ont du reste condamnées. Sans aucun doute, ces attaques pousseront-elles les pays du G5 Sahel, en ce qui les concerne, à remobiliser leurs énergies dans les semaines ou mois à venir. Mais quels que soient l’élan de solidarité manifesté à l’égard du Burkina et les mesures qui pourraient être envisagées à court, moyen ou long terme, le Burkina devra garder à l’esprit une chose : la sécurité nationale relève d’abord et avant tout, d’une question de souveraineté nationale et comme tel, les solutions à notre problème sécuritaire devront d’abord et avant tout être pensées par nous-mêmes, quitte à attendre ensuite l’apport des autres. Et Simon Compaoré ne croit pas si bien faire quand il pointe du doigt l’insuffisance des moyens militaires burkinabè. Au- delà, il faudra trouver des réponses aux failles de notre système sécuritaire. En tout état de cause, le Burkina doit désormais se le tenir pour dit : il est dorénavant dans l’œil du cyclone terroriste. Et cette signature par le sang apposée sur le sol burkinabè par l’internationale djihadiste, témoigne, à suffisance, de l’impérieuse nécessité de bâtir une politique sécuritaire à toute épreuve. Car, et sans jouer les Cassandre, on peut bien se douter que l’attaque du 16 décembre dernier, qui est sans précédent par son ampleur et sa férocité, ne sera pas la dernière. La preuve est suffisamment faite qu’on ne peut vaincre ces ingénieurs du mal qu’en organisant à l’échelle sous-régionale, une battue continue et sans relâche contre tous ces chacals qui se repaissent du sang de nos concitoyens.
« Le Pays »