ATTAQUES TERRORISTES AU BURKINA : Un pied de nez à l’état d’urgence et au nouveau gouvernement
Le village de Sikiré, situé à une vingtaine de kilomètres de la commune de Arbinda, dans la province du Soum, a été la cible d’une attaque terroriste le 27 janvier dernier. Le bilan fait frémir. En effet, dix personnes, toutes des civils, ont été tuées. Les auteurs de ce carnage, arrivés à bord de motos et de tricycles ont ouvert le feu sur les paisibles habitants avec des kalachnikovs. Et tenez-vous bien, en plein jour. Le message envoyé par les terroristes est clair et il pourrait être le suivant : les terroristes sont désormais maîtres des lieux au point qu’ils n’ont plus besoin de la pénombre pour sévir. L’état d’urgence décrété représente, pour eux, une source de motivation supplémentaire. Et le nouveau gouvernement, marqué par la nomination de nouvelles personnalités censées avoir le profil de l’emploi, aux ministères en charge de la sécurité et de la défense, est à leurs yeux un non-événement. Bref, pour un véritable pied de nez à l’état d’urgence et au nouveau gouvernement, l’attaque meurtrière terroriste en plein jour en est vraiment un. Véritablement, les populations sont devenues orphelines. Et seul Dieu sait si elles ne vont pas longtemps encore porter leur croix. En effet, l’on peut avoir l’impression que l’Etat est en panne d’idées et de stratégies idoines pour faire face au péril au point qu’il ne se soucie même plus de l’efficacité des mesures qu’il prend. L’essentiel pour lui est de les prendre, le reste on verra. C’est le cas de ce fameux état d’urgence. L’on a des raisons objectives, en effet, de douter de son efficacité. En tout cas, il est loin de constituer un élément dissuasif pour les terroristes. Car, dans pratiquement toutes les régions qui sont concernées par cette mesure sécuritaire exceptionnelle, les terroristes se sont déjà signalés de la pire des manières. C’est le cas de Sikiré. Le cas le plus récent est Nassoumbou.
L’heure est au sursaut patriotique pour défendre la Nation en péril
En effet, rien qu’hier 28 janvier 2019, le détachement militaire de cette localité a été la cible d’une attaque terroriste, faisant quatre morts. En rappel, en 2016, 12 soldats avaient été tués consécutivement à un assaut terroriste contre la même caserne. En réalité, après l’attaque terroriste osée et réussi de l’Etat-major des forces armées, seul le ciel est devenu la limite des terroristes. De ce point de vue, ils ont la latitude du choix de la cible, de leur mode opératoire et de la période où ils vont passer à l’acte. A Sikiré, par exemple, ils se sont attaqués à un marché. Et cela a été bien pensé. Car, un marché est un grand symbole. C’est celui de la convivialité, du brassage des populations, des échanges, bref, c’est le symbole de la vie. Et au-delà du marché de cette paisible bourgade, le message s’adresse à tous les marchés du Burkina et autres points publics de rencontres des populations. Après donc les écoles, les casernes militaires, les préfectures et autres commissariats de police, les terroristes s’en prennent maintenant à un marché. Dès lors, l’on peut se demander qu’elle sera la nature de la prochaine cible. L’on touche du bois mais tout est désormais possible au Burkina et personne ne sait plus à quel saint se vouer. Cette angoisse individuelle et collective se lit sur tous les visages. Et ce d’autant plus que l’Etat semble accumuler les signes visibles d’un Etat failli. Et ce ne sont pas les lifting gouvernementaux a minima qui inverseront les tendances. C’est du moins ce message d’accueil que les terroristes viennent d’adresser à l’équipe de Christophe Dabiré. En tout cas, au rythme où vont les choses, si les autorités ne se réveillent pas ici et maintenant, après l’Irak et la Syrie, le Burkina court le risque de devenir le pays hôte des terroristes voire leur califat. Déjà, bien des potentiels investisseurs ont pratiquement mis une croix sur le Burkina. Il en est de même pour les touristes. En tout cas, la situation est gravissime. Elle n’est plus aux salamalecs et autres mesures cosmétiques prises dans la précipitation pour se donner bonne conscience. L’heure est au sursaut patriotique pour défendre la Nation en péril. Elle est à la mise en place d’une stratégie de riposte intelligente qui rassure les populations et qui est susceptible de convaincre les investisseurs que le Burkina Faso n’est pas la Somalie de l’Afrique de l’Ouest. Repenser déjà l’état d’urgence, puisqu’il a suffisamment fait la preuve de son efficacité, lui donner un contenu clair, pourrait être un pas dans cette direction. L’autre pas que l’on peut suggérer est la réconciliation nationale. Car les nations divisées représentent toujours un terreau fertile pour tous les ennemis du peuple. Et les terroristes en font partie.
Sidzabda