HomeA la uneATTAQUES TERRORISTES AU MALI ET AU NIGERIA :  Eviter le risque de somalisation !

ATTAQUES TERRORISTES AU MALI ET AU NIGERIA :  Eviter le risque de somalisation !


Pour la première fois, la capitale malienne a été touchée par une attaque terroriste. Bamako offrait jusque-là l’image d’une ville en sécurité, à l’abri des violences qui secouent le Nord-Mali. C’est en cela que l’attaque terroriste qui a fait 5 victimes et des blessés à Bamako, est à prendre au sérieux. On a désormais la preuve qu’aucune localité malienne, voire de la sous-région, n’est en sécurité. La menace rôde un peu partout. A cette attaque de Bamako, s’ajoutent une autre attaque à la roquette contre un camp de la Mission multidimensionnelle des Nations-Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA) dans la région de Kidal et un autre attentat à Maiduguri au Nigeria, qui ont également fait de nombreuses victimes.

Les jihadistes entendent se donner de la publicité

La concomitance de ces attaques terroristes dans la sous-région n’est certainement pas fortuite. En effet, il faut voir dans ces attaques une certaine coordination. C’est manifestement l’effet d’une tentative de coopération, voire d’une coopération bien établie entre les islamistes du Nord-Mali, Boko Haram et la branche libyenne de l’Etat islamique (EI).

Par ces attaques sanglantes et osées, les jihadistes entendent se donner de la publicité et réaffirmer leur détermination. Ce, au moment où Boko Haram joue sa survie et où les islamistes du Nord-Mali nourrissent des craintes à cause des difficultés que connaît le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA) sur la question du statut du Nord-Mali. En effet, et en ce qui les concerne, les armées nigérienne et tchadienne ont déclenché une offensive terrestre d’envergure sur le territoire nigérian contre Boko Haram. C’est la débandade dans les rangs de la bande à Shekau, qui ne fait pas le poids face à la détermination des troupes coalisées, surtout de l’armée tchadienne. Certes, la nébuleuse n’a pas encore dit son dernier mot. La preuve, elle vient de commettre un attentat qui a coûté la vie à au moins 7 personnes à Maiduguri dans le Nord-Est du pays. Mais son allégeance à l’Etat islamique peut être perçue comme une façon d’appeler au secours la nouvelle égérie de l’islamisme radical mondial. Quant aux groupuscules jihadistes qui profitent de cette sorte de no man’s land au Nord-Mali, ils ne sont plus aussi sereins avec la pression qui pèse sur le MNLA. Ce mouvement qui est censé contrôler Kidal, est acculé par la communauté internationale qui lui demande de signer les accords d’Alger. Et il n’est un secret pour personne qu’un Nord-Mali pacifié et sécurisé ne ferait pas l’affaire des islamistes qui cohabitent visiblement avec le MNLA. Du reste, les accusations d’accointances entre le MNLA et les islamistes sont difficilement réfutables. En effet, pourquoi les terroristes du Nord-Mali ne s’en prennent-ils pas aux positions du MNLA ?

Pourquoi n’ont-ils dans le viseur que les troupes de la MINUSMA ? Difficile de convaincre que les terroristes respectent les positions du MNLA par crainte ou pour les beaux yeux de ce mouvement. Il y a une collaboration, une complicité qui ne dit pas son nom entre ces entités. C’est en cela qu’il faut rendre le MNLA responsable de la majeure partie des problèmes de sécurité qu’il y a au Nord-Mali. Puisque c’est lui qui a revendiqué jusque-là le contrôle de la région, il lui incombait au premier chef, d’en assurer la sécurisation. Hélas, c’est tout le contraire qu’on constate.

Et il faut craindre que ces attaques ne soient que le prélude à un cycle de violences sans fin. Tant qu’ils le pourront, les islamistes se feront un malin plaisir à traumatiser les populations un peu partout, à travers des attaques spectaculaires et sanglantes. Les autorités maliennes ont une preuve que tant que Kidal ne sera pas libérée et sécurisée, cette ville servira de base arrière aux terroristes pour semer la mort et la désolation dans le reste du pays. Cela peut les amener à vouloir en découdre par tous les moyens avec les groupes armés, surtout le MNLA. Ce qui augurerait de combats encore plus violents et meurtriers. De leur côté, les populations martyrisées pourraient être tentées de se venger sur ceux qu’elles soupçonnent d’être les auteurs de ces attaques terroristes. Dans ces conditions, il faut craindre des exécutions extrajudiciaires comme ce fut le cas récemment à Gao. Les présumés terroristes pouvant subir la colère des populations, avec tous les dérapages possibles.

La communauté internationale doit prêter main forte à Bamako

Il faudra, en toute rigueur, mais aussi en toute lucidité, faire face à ce regain de violences. Pour ce qui est de Boko Haram, il ne faut pas relâcher un seul instant la pression. Cela permettra de réduire cette secte à sa plus simple expression, à défaut de l’anéantir. Concernant le Mali, il faudra renforcer la sécurité dans toutes les localités et surtout à Bamako, étant donné que les islamistes veulent des actions d’éclat. Il n’y a pas de place au doute car si la capitale et les autorités maliennes se mettent à douter, ce sera grave. On pourrait assister à une sorte de « somalisation » du Mali. En effet, tout comme la Somalie, le Mali pourrait sombrer dans la faiblesse et vivre dans la psychose d’attaques islamistes. Situation dans laquelle même des institutions comme la présidence de la République seront à portée des frappes des islamistes, comme c’est le cas avec les Shebabs. Des actions fortes sont donc nécessaires. En tout cas, la récurrence des attaques des positions de la MINUSMA et l’attitude équivoque et suspecte du MNLA, offrent des raisons à la communauté internationale pour dégager de gré ou de force tous les groupes armés non-étatiques des localités non-encore sous autorité malienne. « Même si l’aveugle va faire des dégâts, on doit lui annoncer le décès de sa mère », dit un proverbe de chez nous. Il est temps d’avoir le courage de dire sans détour à tous les groupes armés du Nord-Mali, surtout au MNLA, que la récréation qui a assez duré, est désormais terminée et de faire face, courageusement, à leurs réactions. Cela permettra à la communauté internationale de se rattraper. Car, il faut bien l’avouer, une des erreurs commises par l’intervention militaire de la France et de ses alliés au Nord-Mali, c’est d’avoir « enterré le cadavre en laissant ses pieds dehors », en ce sens que le Nord-Mali n’a pas été entièrement libéré. Kidal a été une sorte d’offrande faite au MNLA pour on ne sait trop quelle raison.

Maintenant que l’opinion est suffisamment faite sur la dangerosité de cette situation de la région de Kidal, la communauté internationale doit prêter main forte à Bamako dans ce combat. La MINUSMA et l’armée malienne devraient se donner les moyens de reprendre le terrain, d’en faire un meilleur maillage. Cela aura l’avantage de réduire de façon considérable les marges de manœuvres des djihadistes qui, actuellement, se pavanent dans cette partie du pays, sous le regard bienveillant du MNLA, libres comme des poissons dans l’eau. En tout état de cause, cette zone qui échappe au contrôle de l’Etat malien, constitue, faut-il le rappeler, un terreau fertile à la reconstitution des cellules terroristes dispersées par l’intervention militaire étrangère. Les djihadistes y trouvant terrains d’entraînement, refuges et caches d’armes. Tant qu’ils bénéficieront d’un tel sanctuaire, ces extrémistes resteront très actifs et la menace terroriste sur l’ensemble du Mali et sur toute la sous-région aura de beaux jours devant elle. Il faudra donc œuvrer à leur laisser le moins de place possible, en occupant le terrain au double plan sécuritaire et social, avec des projets et programmes de développement performants.

« Le Pays »


Comments
  • Monsieur,

    Vous suggerez que la communauté internationale prête main forte au Mali dans son conflit avec son voisin Azawadien.

    Mais vous êtes terribles!!!!

    Vous ignorez que la Mali dans son entier n’a plus la volonté de mourir pour ses intentions de colonisateur de l’Azawad et ce sont les enfants des “autres” qui viendront se sacrifier à sa place?

    Pour votre informe, ce que le Mali n’a pas pu coloniser par ses propres forces, ce ne sont pas les autres qui viendront le faire à sa place.

    Et la communauté internationale dont vous parlez est mieux informer que vous pour savoir que le conflit entre l’Azawad et le Mali est purement POLITIQUE. Il faut donc le prendre comme tel.

    Vive l’Azawad INDEPENDANT!

    Azawadien LIBRE

    11 mars 2015
  • POUR MOI LA SITUATION AU MALI CONCERNE TOUTE LA SOUS REGION OUEST AFRICAINE ET CHAQUE PAYS DOIT DANS LA MESURE DU POSSIBLE APPORTER SA PIERE POUR METTRE FIN AUX ACTIONS DE SES GROUPUSCULES EGARES SINON QUE SI SA MARCHE DANS SES PAYS LES AUTRES PAYS DEVRAIENT S’ATTENDRE A DES SITUATIONS PAREILS. JE SOUHAITE QUE CETTE SITUATION EST UN ISSU FAVORABLE TROUVER PAR LES DIRIGEANTS AFRICAINS

    12 mars 2015

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