ATTAQUES TERRORISTES RECURRENTES DES LIEUX DE CULTE
L’Eglise du village de Pansi a été attaquée le 16 février dernier par des terroristes alors que les fidèles étaient en plein culte. Le gouverneur du Sahel, région où l’acte ignoble a été perpétré, fait état de 24 morts et 18 blessés. Cette attaque qui intervient après bien d’autres de même nature, a la particularité de détenir le record en terme de pertes en vies humaines. C’est la première fois, en effet, que ce chiffre a été atteint consécutivement à une attaque terroriste dirigée contre un lieu de culte. Et le mode opératoire des criminels est pratiquement le même. Les assaillants font irruption dans un lieu de culte pendant que les fidèles sont en pleine prière et tirent sur tout ce qui bouge : femmes, hommes, enfants, vieux, vieilles. Ce macabre scénario a été enregistré dans bien des localités du Burkina. Le 1er décembre dernier, des fidèles ont été attaqués pendant un service religieux à Hantoukoura, dans l’Est du Burkina. Cette attaque avait causé, on se rappelle, 14 morts dont le pasteur et ses enfants. Le 29 avril, six personnes avaient été tuées lors de l’attaque de l’église de Silgadji, dans le Nord. La liste est loin d’être exhaustive. D’ailleurs, on se gardera, ici, de faire la publicité des terroristes en recensant l’ensemble de leurs forfaitures. Retenons seulement que l’heure est gravissime et la situation commande que les Burkinabè épris de paix, de tolérance et de liberté, se donnent la main pour contrer le terrorisme en général et les attaques contre les lieux de culte en particulier. Car, les terroristes ont leur plan pour détruire le Burkina. Ils caressent l’espoir de susciter deux types de guerre au pays des Hommes intègres. Le premier est de dresser les ethnies les unes contre les autres. Dans certaines localités du pays, ce virus savamment inoculé au sein des populations qui, naguère, vivaient en bonne intelligence, fait son petit bonhomme de chemin. Le deuxième type de guerre auquel travaillent méthodiquement les terroristes, est la guerre des religions.
En s’attaquant aux civils, l’on peut avoir l’impression que les terroristes sont aux abois
Ces deux guerres, les Burkinabè doivent tout faire pour les éviter. Car, on sait quand elles commencent mais personne ne peut prévoir quand elles prendront fin; tant toutes les deux sont fondées sur l’irrationnel, la bêtise et la passion. Pour évoquer spécifiquement les attaques contre les lieux de culte, il faut apporter la précision que les imams et les mosquées ne sont pas épargnés. C’est la preuve, entre autres, que la motivation des assaillants n’est pas liée à la défense d’une religion en particulier. Cet amalgame est à éviter car les terroristes prospèrent là où les gens excellent dans l’art des analyses superficielles et des déductions faciles. Une des armes que l’on peut opposer à ces terroristes est celle du dialogue des religions. A Dori, on le fait depuis longtemps. En effet, dans la capitale de la région du Sahel, existe une association qui travaille et qui peut légitimement se réjouir d’avoir aidé à la cohabitation pacifique des religions dans cette partie du Burkina. L’Union fraternelle des croyants (UFC), puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a fait et continue de faire du bon travail à Dori. Vivement, que son exemple soit dupliqué dans toutes les localités du pays. En tout cas, l’extrémisme violent auquel l’on assiste aujourd’hui, fait feu de tout bois pour atteindre son objectif. Et ceux qui s’y adonnent sont d’autant plus difficiles à contrer qu’ils sont prêts, pour imposer leur loi, à tuer et à sacrifier leur vie. Mais quelque part, en s’attaquant aux civils de manière générale, en égorgeant femmes et enfants sur les lieux de culte, l’on peut avoir l’impression qu’ils sont aux abois. En effet, au départ, leurs cibles étaient en priorité les symboles de l’Etat. De plus en plus, sur ce terrain, une riposte vigoureuse et efficace leur a été opposée. Résultat : ils se retournent lâchement contre des gens qui n’ont aucun moyen de défense. Cela a un nom, c’est le summum de la bêtise humaine, de l’ignominie, de la lâcheté. En réalité, ces gens-là ont rompu avec la civilisation humaine pour s’installer dans la certitude d’avoir raison et la destruction de tous ceux qui s’offrent le luxe de penser autrement. Et dans leur bêtise, ils ne se fixent aucune limite à ne pas franchir.
Sidzabda