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AUDITION ANNONCEE DE OMAR BECHIR


L’ex-président soudanais, Omar el-Béchir, sera bientôt face aux juges. En tout cas, à en croire le procureur général qui a déclaré devant des journalistes, le samedi dernier, que le président déchu, actuellement en détention, serait poursuivi pour corruption et possession illégale de devises alors que le pays a du mal à organiser sa transition. C’est dire si les choses vont très vite au Soudan.
Depuis que la crise de succession à Omar Hassan el-Béchir s’est installée entre les civils et les autorités militaires, ces dernières font feu de tout bois pour ne pas se laisser filer le pouvoir entre les doigts, tout en maniant la carotte et le bâton. Après avoir réprimé dans le sang, des manifestants qui exigent une transition civile, les militaires semblent vouloir amadouer à présent le peuple. En effet, la sortie du procureur général, Al-Walid Sayyed Ahmed, annonçant la comparution du président déchu, la semaine prochaine devant un tribunal « pour répondre d’accusations de corruption et de possession illégale de devises étrangères » dans ce contexte de dialogue de sourds entre le Conseil militaire de transition et les civils, semble participer d’une stratégie de desserrement de l’étau autour des hommes en kaki. En tout cas, en attendant de savoir comment les choses vont se passer dans une semaine, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en s’attaquant à l’ancien homme fort du Soudan et éventuellement dans les prochains jours, à d’autres hautes personnalités du régime déchu, les autorités contestées de la transition veulent poser des actes forts dans le but de se rabibocher avec le peuple massacré lors du sit-in du 3 juin dernier.

Le plus urgent pour les Soudanais n’est pas la poursuite judiciaire de cet homme

Mais c’est un peu vite oublier que pour avoir été elles-mêmes au cœur du système Béchir, elles ont besoin de montrer patte blanche devant le peuple insurgé qui aspire à une gouvernance plus vertueuse. C’est donc dire qu’à l’étape actuelle de la situation, les autorités militaires sont mal placées pour poursuivre leur ex-mentor.  En réalité, tout cela participe d’une stratégie de diversion visant à faire oublier sa lourde responsabilité dans la répression sanglante des manifestants du 3 juin dernier, qui aura laissé sur le carreau 118 morts. Est-il possible aujourd’hui d’ouvrir un procès équitable sur la corruption au sommet de l’Etat soudanais sans inquiéter les autorités militaires actuelles ? Assurément, non, quand on sait que celles-ci étaient intimement liées à Béchir. Avant de poursuivre donc Béchir, les membres du Conseil militaire de la transition devraient d’abord commencer par elles-mêmes d’autant qu’elles ont trempé leur barbichette dans les affaires sombres de la République. Cela dit, même s’il faut, bien sûr, que l’ancien raïs rende des comptes, le plus urgent pour les Soudanais n’est pas la poursuite judiciaire de cet homme. Ce qui urge, c’est la transmission de la transition aux civils et la poursuite des responsables de la répression sanglante du 3 juin dernier. Quant au reste, c’est le régime issu des élections crédibles qui sera le mieux indiqué pour nettoyer les écuries d’Augias.

Drissa TRAORE


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