HomeA la uneAUTORISATION D’UN VOTE DE DEFIANCE A BULLETIN SECRET CONTRE LE PRESIDENT SUD-AFRICAIN : Jacob Zuma en sursis ?  

AUTORISATION D’UN VOTE DE DEFIANCE A BULLETIN SECRET CONTRE LE PRESIDENT SUD-AFRICAIN : Jacob Zuma en sursis ?  


C’est un véritable camouflet pour le président sud-africain, Jacob Zuma. En effet, statuant sur une demande de l’opposition politique, la Cour constitutionnelle a autorisé, hier, 22 juin 2017, un vote de défiance à bulletin secret contre le chef de l’Etat. Ce qui ouvre la voie à  un possible départ du président Zuma avant la fin de son mandat ; lui qui, faut-il le rappeler, a déjà échappé à plusieurs motions de censure. Pourquoi en est-on donc arrivé là ? En effet, face à l’incurie et à l’irresponsabilité manifestes du président Zuma, plusieurs députés de la majorité n’ont pas manqué d’exprimer clairement leur ras-le-bol. Et le vote se faisant à main levée comme dans la plupart des Chambres africaines, ces députés qui ont déjà fait l’objet de menaces multiformes, ne pouvaient donc pas prendre le risque de s’aligner à  visage découvert derrière l’opposition qui appelle hic et nunc à la démission de Zuma ; d’où le recours à la Cour constitutionnelle qui a finalement tranché. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’étau se resserre autour du président Zuma, englué dans des scandales à répétition. Au point que même ses soutiens ont commencé à se désolidariser de lui, estimant que trop, c’en est trop. Même au sein de l’ANC, nombreux sont les hiérarques du parti qui ont vomi Zuma. Quant à la puissante centrale syndicale qu’est la COSATU, elle a aussi décidé de prendre ses distances vis-à-vis du locataire de la résidence officielle Mahlamba Ndlopfu Pretoria, estimant qu’il est indigne du grade de président.

La justice sud-africaine mérite d’être félicitée pour avoir dit le droit en toute indépendance

En tout cas, loin de nous l’idée de jouer les oiseaux de mauvais augure, mais on peut dire que le président Zuma est en sursis. Car, avec l’autorisation du bulletin secret, il y a fort à parier que l’opposition politique ralliera à sa cause certains députés du parti au pouvoir qui en ont marre des pitreries de leur mentor. N’en déplaise à la présidente de l’Assemblée nationale qui, avant même le verdict de la Cour constitutionnelle, clamait que le vote à bulletin secret n’était pas permis par la Constitution sud-africaine. Mais elle en a pris pour son grade. Sans doute doit-elle être maintenant gênée dans ses petites ballerines ; elle qui se trouve désormais face à ses responsabilités, la Cour ayant déclaré qu’elle a les prérogatives d’imposer un vote à bulletin secret. Mais par dessus-tout, c’est la justice sud-africaine qui mérite d’être félicitée pour avoir dit le droit en toute indépendance. Car, comme on le sait, le verdict de la Cour constitutionnelle, sous d’autres cieux, serait connu d’avance dans la mesure où aucun juge ne prendrait le risque de ramer à contre courant de la volonté du prince régnant. Si fait  que parfois, les décisions de justice, plutôt que de contenter l’opinion, provoquent généralement un tollé général. Honneur donc à la justice sud-africaine qui ne se laisse pas conter fleurette ; elle qui, chaque fois qu’elle en a l’occasion, se prononce toujours dans l’intérêt supérieur du peuple. Ce qui n’était pas gagné d’avance. Car bien des analystes s’attendaient, dans le cas d’espèce, à ce que la Cour se déclare incompétente, histoire de ne pas s’immiscer dans la chose politique.

B.O.


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