AVIS DE RECHERCHE CONTRE JOHN NUMBI
La Justice militaire de la République démocratique du Congo vient d’émettre un avis de recherche assorti d’un mandat d’amener contre le général de Police, John Numbi. C’est dire si l’étau se resserre davantage autour de cet ancien tortionnaire. Pour autant, peut-on affirmer que les carottes sont cuites pour le général ? Rien n’est moins sûr. Mais une chose est certaine, à travers cette action, la Justice congolaise se montre déterminée à mettre le grappin sur cet ancien sanguinaire. Et c’est tant mieux ! Il faut que cet homme qui se donnait le malin plaisir de réduire au silence au sens propre du terme comme au figuré, les défenseurs des droits humains, paie pour ses actes. Dans la mesure où il a préféré prendre la poudre d’escampette que de déférer aux différentes convocations du juge, la Justice n’avait pas d’autre choix que d’émettre cet avis de recherche. Et il faut souhaiter que l’action aboutisse. C’est d’autant plus nécessaire que cet ex-inspecteur général de la Police n’est pas seulement soupçonné d’avoir tué le défenseur des droits humains, Floribert Chebeya. Il lui est également reproché d’autres crimes. La Justice devra aussi, si ce n’est déjà fait, émettre un avis de recherche contre Kalev Mutond, ancien Administrateur général de l’Agence nationale de renseignements (ANR) qui, lui aussi, rechigne à se rendre au Parquet. Qui plus est, il est aussi porté disparu. Autant croire a priori que les deux anciens hiérarques veulent continuer à s’envelopper dans la douillette couette de l’impunité qui avait atrocement caractérisé le régime de leur ancien mentor, Joseph Kabila. Kalev Mutond et John Numbi se trompent-ils d’époque ? Ont-ils vraiment pris conscience que l’ère Kabila est révolue ? En tous les cas, leur ligne de défense paraît pour le moins spécieuse. En effet, ils n’auront trouvé de mieux à faire que de crier au complot et à l’acharnement, accusant le magistrat instructeur des dossiers les concernant, d’en être l’instigateur. Une telle posture ne suffira certainement pas à leur porter secours, tant l’affaire est sérieuse. Et pour cause : plus d’une trentaine d’anciens opposants et activistes des droits de l’Homme, constitués en comités, ont saisi l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj). Et, il faut croire qu’ils n’en démordront pas tant que justice ne leur sera pas rendue. « Arrestations, détentions arbitraires, traitements inhumains et dégradants » ; la liste des exactions reprochées à Kalev Mutond et John Numbi est bien longue. Pour le dernier cité, tout porte à croire que ce sont les dernières révélations faites par deux policiers dans l’affaire Floribert Chebeya, qui lui valent des noises
Leur cas doit interpeller tous les sicaires du continent
Et face à tout ce dont on les accable, difficile de donner le bon Dieu sans confession à ces deux ex-sécurocrates de Kabila qui s’exécutaient pour la défense des intérêts de ce dernier et étaient au service d’un régime aussi répressif que celui du raïs congolais déchu. Il faut rappeler que bien des plaignants étaient actifs dans les manifestations et mouvements qui réclamaient le départ de Kabila et l’organisation des élections dans les délais. En refusant de se présenter à la Justice congolaise, sans doute Kalev Mutond et John Numbi ont-ils des choses à se reprocher au point d’opter pour la fuite en avant. En tout état de cause, il importe que toute la lumière soit faite sur cette affaire et ce n’est pas le président Félix Tshisekédi qui s’en offusquerait ; lui qui semble décidé à opérer la rupture avec la gouvernance calamiteuse de son prédécesseur et qui continue de multiplier les gages dans ce sens. Qu’un autre pro- Kabila soit contraint de rendre compte de sa gestion passée, cela doit plutôt réjouir le pouvoir en place qui est allé de victoire en victoire dans son bras de fer avec son ancien allié, Kabila. Kalev Mutond et John Numbi rattrapés par leur passé ? En attendant de le savoir, leur cas doit interpeller tous les sicaires du continent, agissant, bien souvent, hélas, sans discernement, dans l’unique intérêt des satrapes. Ils semblent parfois oublier que leurs protégés ne sont pas éternels.
CBS