BALLET DIPLOMATIQUE A KINSHASA : Tout n’est que pure hypocrisie !
Mais que va chercher le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, en République démocratique du Congo (RDC) ? C’est la question que plus d’un démocrate se pose, quand on sait que cette visite intervient quelques jours seulement après la sanglante répression qui s’est abattue sur le Comité laïc de coordination (CLC) qui a osé exiger le respect de l’accord politique du 31 décembre 2016. C’est donc dans un pays qui compte encore ses morts que Mnangagwa est arrivé le 27 février dernier et ce, après le séjour de certains de ses pairs de la sous-région. Il s’agit, pour ne pas les nommer, de Joao Lourenço de l’Angola, Denis Sassou NGuesso du Congo Brazzaville et Ali Bongo du Gabon. Alors, pourquoi ce ballet diplomatique incessant à Kinshasa, qui plus est, au moment où le président Joseph Kabila est acculé de toutes parts, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du pays? S’agit-il donc d’un soutien renouvelé au dictateur congolais ? Cela y ressemble fort ; d’autant que de tous ces chefs d’Etat qui se sont succédé au palais de la Nation, aucun ne peut se targuer d’être démocrate dans l’âme. Et ce ne sont pas Ali Bongo et Denis Sassou NGuesso qui diront le contraire ; eux qui, on le sait, ont été réélus dans des circonstances pour le moins chaotiques. Et c’est peu dire ! On aurait pu donner un blanc-seing à Joao Lourenço et Emmerson Mnangagwa, si eux aussi n’étaient pas issus de dictatures épaisses. Tous les deux, faut-il le rappeler, furent respectivement les bras armés de satrapes que sont Eduardo Dos Santos et Robert Mugabe.
En allant à Kinshasa, l’objectif du « Crocodile » est de faire contrepoids à la prise de position du Botswana
Et Emmerson Mnangagwa est d’autant plus mal placé pour remonter les bretelles à Kabila qu’il a eu, de par le passé, à se compromettre dans le pillage des ressources, en l’occurrence les mines de la RDC. C’était au temps de Laurent Désiré Kabila, alors confronté à une rébellion qui menaçait son pouvoir. C’est dire si Kinshasa et Harare entretiennent des relations amicales aussi lointaines que compromettantes. Ceci pouvant expliquer cela, on comprend pourquoi Emmerson Mnangagwa ne peut pas emboîter le pas au président botswanais qui, sans aller avec le dos de la cuillère, a demandé à Kabila de débarrasser le plancher afin, dit-il, « d’ouvrir la voie à l’instauration d’un nouveau régime politique ». Bien au contraire, en allant à Kinshasa, l’objectif du « Crocodile » est de faire contrepoids à la prise de position du Botswana, en faisant en sorte que l’allié d’hier, ne se sente pas abandonné par les siens. Ainsi vont les relations internationales. Seuls priment les intérêts. Tout le reste n’est que pure hypocrisie destinée à se donner bonne conscience. C’est sans doute dans ce même cadre qu’il faut situer la visite conjointe annoncée des patrons des Nations unies et de l’Union africaine (UA) à Kinshasa. Sans être naïf, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que rien n’y changera. Et c’est à se demander si Kabila, s’inspirant de l’exemple de Pierre Nkurunziza qui a tenu tête à la communauté internationale, ne s’en moque pas.
B.O