HomeA la uneBAPTEME DE CAMPS MILITAIRES : A la découverte de quelques personnalités  

BAPTEME DE CAMPS MILITAIRES : A la découverte de quelques personnalités  


 

Le jeudi 29 octobre 2015, les autorités de la Transition ont procédé au baptême de camps militaires qui portent désormais les noms de fils et illustres personnalités du Burkina Faso. Nous vous donnons à lire une biographie expresse de ces hommes en guise d’hommage et d’histoire pour la nouvelle génération. C’est une compilation faite à partir de diverses sources documentaires et d’informations.

Général Bila Jean Gérard Zagré, l’homme aux hautes fonctions

Né en 1925, Zagré Bila Jean Gérard est incorporé dans l’armée française en 1943. A partir de cet instant, il va y gravir progressivement tous les grades inférieurs jusqu’en 1956 où il est promu adjudant. Il est incorporé dans l’armée française en 1960 alors qu’il est au grade  de lieutenant. Le 30 août 1961,  Bila Jean Gérard Zagré est libéré de ses obligations à l’égard de la France et transféré à l’armée nationale de la Haute-Volta. Là, il gravit les grades de capitaine, de commandant, de lieutenant-colonel, de colonel puis de général le 1er novembre 1979.  Le 16 novembre 1982, il est admis à la deuxième section des officiers généraux, totalisant ainsi 39 ans et 10 jours de service effectif.  Comme fonctions officielles, le Général Zagré a occupé les postes d’aide de camp du Président de la république de Haute-Volta de 1960 à 1961, chef du 1er bureau de l’Etat-major de 1962 à 1966, secrétaire d’Etat à l’intérieur de 1966 à 1967, ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Information de 1967 à 1971, ministre de l’Information de 1971 à 1974, ministre de l’Intérieur et de la sécurité de 1974 à 1976, inspecteur des armées de 1976 à 1979 ; Chef d’Etat-major général des forces armées voltaïques de 1979 à 1980. Il a reçu plusieurs décorations parmi lesquelles la médaille de Commandeur de l’Ordre national, la médaille coloniale « agrafe Madagascar », la médaille commémorative Indochine, celle de Chevalier de l’Ordre national, de Commandeur de l’Ordre national, de la Légion d’honneur. C’est l’ancien camp militaire Bangré qui porte désormais le nom de ce général.

Le général Baba Sy, le cofondateur de l’armée nationale

 

Le Général Baba Sy est né vers 1920 à Néma en Mauritanie (un pays qui faisait autrefois partie du Soudan français). Fils de Payassida et de dame Yamgnokiba. Militaire, son père Payasida Sawadogo a été envoyé en mission en Mauritanie. C’est sur cette terre appartenant au Soudan, tout comme la ville de Ouahigouya, que naquit son fils qu’il a nommé Baba. Baba Sy a été appelé aux services militaires de l’Armée française le 16 octobre 1939 pour 5 ans comme Engagé Volontaire (EV) sous le matricule 4028005003. C’était au dépôt du 2e Régiment de Tirailleurs sénégalais à Kati où il a fréquenté l’école des enfants de Troupe. Pour le compte de l’Armée française, il a participé à la Seconde guerre mondiale pour les campagnes à Madagascar, au Sénégal, en Algérie, au Maroc, en Corse et en Indochine. Dans ce dernier pays, il a occupé entre autres les emplois d’officier du Bataillon ou de Directeur de Peloton. Libéré de ses obligations à l’égard des forces Armées françaises le 15 octobre 1961, il est transféré à l’Armée nationale de Haute-Volta à compter de la même date avec le grade de Capitaine d’Infanterie. Une compétence et une qualification reconnues qui lui permettront de faire partie des Officiers supérieurs les mieux formés et préparés pour fonder les forces armées nationales de la Haute-Volta avec Aboubacar Sangoulé Lamizana.

Nommé Général de Corps d’Armée le 15 janvier 1980, il est décédé le 19 avril 1997, dans sa 77e année. Il a passé au total 22 ans au service de l’Armée française, 18 ans au service de l’armée voltaïque, 10 ans dans la section des réservistes et 38 ans de vie civile pleine et bien remplie. Des fonctions officielles qu’il a occupées, on peut citer, entre autres :

1961 : Affectation au 1er Bataillon de Haute Volta CCAS le 1er novembre

1961 : Commandant de détachement du 1er BHV, composé de la 3ème et de la 4ème Compagnie, dans la garnison de Bobo-Dioulasso

1962 : Commandant du 1er Bataillon de Haute-Volta (Première unité de l’Armée Nationale)

1964 : Chef de Bataillon pour compter du 2 janvier

1968 : Sous-chef d’état-major le 16 novembre

1968 : Chef d’état-major général de l’Armée du 1er novembre 1968 au 19 décembre 1979

1974 : Ministre de la défense nationale et des Anciens Combattants du 11 février au 16 juillet 1978

1980 : Grand Chancelier des Ordres Burkinabè du 15 janvier 1980 au 27 septembre 1989. Le général Baba Sy a inscrit son nom au front du camp 11-78

Tiémoko Marc Garango, la « garangose »

Tiémoko Marc Garango est né à Gaoua, le 27 juillet 1927 et est décédé le 6 mars 2015. Il lance l’idée du recours aux compétences des ex-décideurs experts pour mettre leurs compétences à la disposition et au service des couches les plus vulnérables du pays. A partir de 1963, il va mener des études secondaires au Lycée Sainte-Geneviève, à Versailles en France. Ainsi, 1963 : études supérieures successivement dans les facultés de droit et sciences économiques de Dakar, Paris, Aix-en Provence, ainsi qu’à l’institut des sciences politiques d’Aix-en-Provence ; 1965 : Centre d’Enseignement Militaire Supérieur de Paris (école supérieure de l’intendance) et poursuivra sa spécialisation à l’école du Commissariat de l’air de Salon-en- Provence ; 1965 : Licence en droit public et sciences politiques, du diplôme de l’école supérieure de l’intendance, de l’auditorat de l’institut des sciences politiques d’Aix-en- Provence. Dans son parcours, il a été Médiateur du Faso (1994-2000), Vice-Président du Conseil Economique et Social et Président de la Commission de Concertation Etat/Secteur Privé (1990 ),  Ambassadeur auprès des Etats-Unis d’Amérique (1981-1983), Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en République Fédérale d’Allemaggne (1977-1981), Président du Comité des ministres des finances chargé de la réforme des institutions de l’Union monétaire Ouest-africaine (1972-1975), Président de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (1968-1970), : Gouverneur du Fonds Monétaire International (1966-1976), Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Haute-Volta (non résident) auprès de la Rrépublique de Chine en 1966 et  Ministre des Finances et du Commerce du premier Gouvernement militaire formé par le Général Sangoulé Lamizana (décret n°3/PRES DU 8 Janvier 1966) dans la même année.  Ses décorations : Grand Croix de l’Ordre National burkinabè ; Grand Cordon de l’Ordre national de l’Etoile brillante de la République de Chine ; Commandeur de la Légion d’Honneur française ; Commandeur de l’Ordre National de la République de Côte d’Ivoire et Médaille militaire et Croix de Guerre françaises. A Tenkodogo, le camp militaire porte désormais le nom du général Tiémoko Marc Garango.

Thomas Isidore Noël Sankara

Thomas Sankara  est né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta et mort assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou au Burkina Faso. Il incarne et dirige la révolution burkinabé du 4 août 1983 jusqu’à son assassinat lors d’un coup d’État qui amène au pouvoir Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987. Il fait notamment changer le nom de la Haute-Volta, nom issu de la colonisation, en un nom issu de la tradition africaine : Burkina Faso, qui est un mélange de mooré et de dioula et signifie pays des Hommes intègres. Il conduit une politique d’affranchissement du peuple burkinabé. Son gouvernement entreprend des réformes majeures pour combattre la corruption et améliorer l’éducation, l’agriculture et le statut des femmes. Il fait ses études secondaires d’abord au lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, deuxième ville (capitale économique) du pays, puis à partir de la seconde et jusqu’au baccalauréat à Ouagadougou (capitale politique du Burkina), au PMK, le Prytanée militaire de Kadiogo. Il suit une formation d’officier à l’École militaire inter-armée (EMIA) de Yaoundé au Cameroun, puis à l’Académie militaire d’Antsirabe, à Madagascar, et devient en 1976 commandant du CNEC, le Centre national d’entraînement commando, situé à Pô, dans la province du Nahouri, à 150 km au sud de la capitale. La même année, il prend part à un stage d’aguerrissement au Maroc. Puis, il fonde le Regroupement des officiers communistes (ROC) dont les autres membres les plus connus sont Henri Zongo, Boukary Kaboré et Jean-Baptiste Lingani. En septembre 1981, il devient secrétaire d’État à l’Information dans le gouvernement du colonel Saye Zerbo. Il démissionne le 21 avril 1982, déclarant « Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple ! ». Le 7 novembre 1982, un nouveau coup d’État porte au pouvoir le médecin militaire Jean-Baptiste Ouédraogo. Sankara devient Premier ministre en janvier 1983, mais il est limogé et mis aux arrêts le 17 mai, après une visite de Guy Penne, conseiller de François Mitterrand. Un nouveau coup d’État, le 4 août 1983, place Thomas Sankara à la présidence du Conseil national de la révolution. Il définit son programme comme anti-impérialiste, en particulier dans son « Discours d’orientation politique ».  Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d’un coup d’État organisé par celui qui était considéré comme son frère, Blaise Compaoré. Thomas Sankara est de retour à Pô et donne son nom au camp militaire qu’il avait créé.

Nazi Boni, homme politique et de lettres

Nazi Boni est né vers 1909, dans un petit village Bwa nommé Bwan, situé au Sud de la ville de Dédougou, dans le Mouhoun. Enfant, Nazi Boni assiste à la grande révolte des Bwaba des années 1915-16 qui fut marquée par une terrible répression de la part des troupes coloniales : villages incendiés, chefs exécutés, population réduite à la famine, etc. Tels furent les premiers contacts de Nazi Boni avec l’homme blanc. En 1921, il va fréquenter l’école élémentaire régionale de Dédougou. Après l’obtention de son Certificat d’études primaires (CEP), il est admis, en 1925, à l’Ecole primaire supérieure de Ouagadougou puis à l’Ecole William Ponty de Gorée (Dakar) où il étudie de 1928 à 1931 et obtient son diplôme d’instituteur. Il débute sa carrière à Ouagadougou en 1931. Il est nommé directeur de l’Ecole primaire de Treichville en 1941. Après l’obtention du « Diplôme supérieur d’aptitude Professionnelle » (DSAP) à Dakar en 1944, il rejoint le Sud-Est de l’ex-Haute-Volta comme directeur d’école à Tenkodogo. C’est aussi l’époque de son entrée en politique avec les élections à l’Assemblée constituante française où il propose et soutient la candidature de Ouezzin Coulibaly. Mais, déçu par Houphouët Boigny pour qui il s’était prononcé, au premier tour contre la candidature du Baloum Naaba qu’il estimait moins progressiste, il s’abstiendra au second tour, lorsqu’il apprend que Houphouët Boigny a préféré Marcel Laubouet, un Ivoirien de la Basse-Côte, pour le seconder, au détriment de Daniel Ouezzin Coulibaly. Il choisira alors de militer aux côtés de la chefferie traditionnelle moaga, au sein de l’Union voltaïque, pour la reconstitution de la Haute-Volta en reprochant au RDA, non seulement ses méthodes, mais aussi sa tendance à vouloir « substituer au colonialisme blanc un impérialisme de couleur ». En 1946, il crée « l’Amicale voltaïque » qui a pour objectif de représenter les intérêts de la région Ouest du pays à l’intérieur de l’Union voltaïque. La même année, il est élu au Conseil général, puis à l’Assemblée territoriale de la Haute-Volta pour un mandat de six ans (1946-1952). Mais dès 1948, il devient député à l’Assemblée nationale française où il sera constamment réélu jusqu’en 1960 et où il s’illustrera par son intervention sur la guerre d’Indochine en suggérant à la France d’entamer sans attendre des négociations directes ou indirectes avec Hô Chi Minh ainsi que par sa prise de position en faveur d’un réajustement de la pension des anciens combattants et le droit pour les instituteurs noirs de passer le CAP et de jouir des prérogatives qui lui sont rattachées. Il est également désigné comme Président de l’Assemblée territoriale de Haute-Volta, de décembre 1957 à avril 1958. Au sein de cette institution, il s’opposera avec fermeté aux méfaits du régionalisme, à la balkanisation du pays et à l’influence des chefs  traditionnels, en créant le Mouvement populaire africain (MPA) qui est, en fait, une mutation du Mouvement populaire d’Emancipation africaine (MPEA) qu’il avait fondé depuis le 29 août 1954 avec Traoré Diongolo. Il représente son parti au congrès constitutif du PRA en 1958, à Dakar. Il y préconise « la suppression des frontières internes coloniales, l’érection du groupe de territoires de l’AOF en un bloc unifié ». C’est de cette époque que date sa rupture définitive avec Ouezzin Coulibaly qui, lors des élections à l’Assemblée territoriale de 1957, avait préféré fusionner le RDA avec le Parti social d’Emancipation des Masses africaines (PSEMA de Joseph Issoufou Conombo pour former le Parti démocratique unifié (PDU), avec le Mogho Naaba comme président d’honneur et nouer alliance avec le Mouvement démocratique voltaïque (MDV) du capitaine Dorange, pour obtenir une majorité suffisante pour former le premier Conseil de gouvernement de la Haute-Volta dont il fut le vice-président. Cette rupture traduisait aussi une nouvelle donne, en ce sens que le combat politique en Haute-Volta, sinon même en Afrique occidentale française, se transposait désormais au niveau d’une lutte acharnée entre partisans et opposants à la création d’une fédération des Etats africains : c’est-à- dire entre le PRA fédéraliste de Nazi Boni et le RDA de Ouezzin Coulibaly puis de Maurice Yaméogo farouchement opposé à toute idée d’union d’Etats africains. Nazi Boni offre son nom au camp Bankuy de Dédougou.

Prytanée militaire de Kadiogo, une école militaire de référence

Le Prytanée Militaire de Kadiogo (PMK) est un établissement d’enseignement secondaire burkinabè dépendant du ministère de la défense et situé à proximité de Ouagadougou, sur le site militaire de Kamboincè. Il a pour mission principale de former moralement, physiquement et intellectuellement des cadres militaires et civils pour servir la nation. Pour la petite histoire, le PMK  a été fondé par l’armée française en 1951, sous l’appellation d’École des Enfants de Troupe de Ouagadougou. L´école changea à plusieurs reprises de dénomination, prenant d’abord le nom d´École Militaire Préparatoire de Ouagadougou. À partir de 1969, elle prendra celui de Prytanée Militaire de Kadiogo. En 1985, l’école est dissoute, mais rouvre finalement en 1992 sous le nom de Prytanée Militaire de Kadiogo1. De sa création jusqu´à sa fermeture, l´école se situait à Ouagadougou, sur le site actuel du Lycée Marien N´Gouabi. C’est à sa réouverture que l´école a rejoint son emplacement actuel de Kamboincin, un village situé à environ 15 km de Ouagadougou. À sa création, l´école avait pour vocation, entre autres, la scolarisation des enfants de militaires et d’anciens militaires de l’armée coloniale afin de leur donner de meilleures chances d’éducation et de réussite du fait de l’absence prolongée des pères de famille. En 1963, au lendemain des indépendances, cette vocation première sera abandonnée, du fait de la création de l’armée nationale. L’établissement sera désormais ouvert à tous les enfants du pays, sans distinction. En 2014, une réforme portant sur la régionalisation des quotas des admis a été introduite. Ainsi, ne sont autorisés à prendre part au concours que les meilleurs élèves au CEP des régions du Burkina Faso. Les éventuels candidats doivent avoir un âge compris entre 11 ans minimum et 13 ans maximum. Les candidats doivent être du niveau de la classe de CM2. Les résultats de l’examen du CEP ou à toute autre forme d’évaluation de fin du cycle primaire (dans la perspective de la mise en œuvre du continuum éducatif) sert de base de présélection des candidats. Le concours intervient à l’issue de la proclamation des résultats du CEP, soit à la mi-juillet. La visite médicale d’aptitude à l’issue des épreuves d’admissibilité conditionne l’admission définitive. Depuis 2007, l´admission au Prytanée est ouverte également aux filles. L’ex-camp militaire Bangré PMK se nomme désormais camp PMK.

Michel NANA


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