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BENIN : Quand l’opposition est victime de ses propres turpitudes


 

La démocratie béninoise traverse une zone de fortes turbulences. La raison : le rejet des candidatures d’opposants par la Commission électorale nationale autonome (CENA). Cette décision qui aura fait l’effet d’une bombe au pays de Mathieu Kérékou, a été confirmée le 12 mars dernier par la Cour constitutionnelle. Si les choses devraient rester en l’état, seuls deux partis de la mouvance présidentielle à savoir le Bloc républicain (BR) et l’Union progressiste (UP) iraient aux élections législatives du 28 avril prochain. Ce qui serait une première au Bénin depuis plus d’un quart de siècle. Les conséquences d’un tel scénario pourraient être dramatiques pour la démocratie béninoise. Faut-il le rappeler, le Bénin est considéré comme une vitrine de la démocratie en Afrique de l’Ouest et il pourrait difficilement s’accommoder d’un parlement monocolore qui ne serait ni plus ni moins qu’une simple caisse de résonance du pouvoir. L’on se rappelle que l’opposition avait barré la route au président Patrice Talon, qui nourrissait l’ambition de modifier la loi fondamentale de son pays via l’Assemblée nationale en juillet 2018. Si elle ne l’avait pas fait, Talon serait parvenu à ses fins. Il n’est donc pas exclu que Talon revienne à la charge si l’opposition n’obtenait pas de siège à l’Assemblée nationale. Il y a donc une véritable menace sur la démocratie béninoise. Et de ce point de vue, l’on comprend pourquoi
l’opposition a vite fait de réagir. D’ailleurs, elle n’est pas convaincue que le président Talon soit totalement innocent dans cette affaire. En effet, les opposants accusent le chef de l’Etat de brimer l’opposition en lui compliquant la tâche dans la préparation des dossiers. Vrai ou faux ? Rien n’est à exclure. Au fait, les deux documents qui font polémique, à savoir le quitus fiscal et le certificat de conformité, n’ont été rendus obligatoires qu’en octobre dernier dans le nouveau Code électoral pour l’un, l’autre n’ayant été rendu obligatoire par la Cour constitutionnelle que le 1er février dernier.

Les opposants ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes

Or, le top de départ pour l’enregistrement des dossiers de candidatures n’a été donné que le 20 février pour une durée d’à peine 5 jours. Ce délai relativement court, pourrait avoir nui aux candidats de l’opposition, surtout quand on sait que l’Administration africaine excelle dans la lenteur. Et que dire quand il s’agit de la délivrance de documents fournis par des opposants ? Toutefois, l’on ne saurait absoudre à bon compte l’opposition qui aura fait preuve d’incivisme fiscal. Comment comprendre que des personnalités qui aspirent à représenter un peuple, dont la principale mission serait de contrôler l’action gouvernementale, de voter des lois et de consentir l’impôt, ne puissent pas être en règle vis-à-vis du fisc ? Même s’il s’avérait que l’opposition est tombée dans le piège de Patrice Talon, il n’en demeure pas moins que cet acte est gravissime et témoigne de la moralité de ces élus du peuple. C’est dire s’il est difficile d’accuser les instances qui ont invalidé les candidatures des opposants d’autant qu’elles n’ont fait que dire le droit. Car, si ces opposants étaient en règle, leurs dossiers n’auraient pas été rejetés. Ils ne peuvent donc que s’en prendre à eux-mêmes. En vérité, l’opposition est victime de ses propres turpitudes. Et comme on le dit, dura lex sed lex.  Cela dit, il faut se réjouir de cette fermeté vis-à-vis de la loi et souhaiter qu’elle s’applique à tous. Il convient aussi de saluer la démarche de Patrice Talon qui s’est tourné vers l’Assemblée nationale afin qu’une solution soit trouvée à la crise. Car, quoi que l’on puisse dire de lui, il semble avoir compris qu’une élection sans l’opposition, n’honore ni son régime ni la démocratie, encore moins le Bénin.

Dabadi ZOUMBARA


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