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BILAN DE L’ANNEE 2025 EN AFRIQUE : 2026 avec ses espoirs


Cameroun, Tanzanie, Côte d’Ivoire, Gabon, Tchad, Guinée, Guinée-Bissau, Centrafrique… 2025 a été riche en élections en Afrique. Des élections qui se sont souvent déroulées sur fond de fortes tensions sociopolitiques qui ont parfois contribué à creuser le fossé de la méfiance et de la division au sein de la classe politique et entre concitoyens. Les dernières consultations en date, sont les élections générales (présidentielle et législatives) en Centrafrique et en Guinée où, sauf tremblement de terre, les chefs d’Etat en poste, en l’occurrence Faustin Archange Touadéra et le Général Mamadi Doumbouya, sont quasiment assurés de leur victoire.

 

C’est à peine si certains chefs d’Etat candidats à leur propre succession, ne choisissent pas eux-mêmes leurs challengers

 

Il y a aussi les législatives du 27 décembre dernier en Côte d’Ivoire, qui ont vu la victoire écrasante du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du président Alassane Ouattara qui se faisait lui-même élire haut la main, quelques mois plus tôt. Toujours est-il que, de façon globale, si l’on peut saluer l’organisation de ces élections, qui traduit la vitalité de la démocratie sur le continent noir, on peut déplorer qu’elles tendent plus à privilégier la forme que le fond, dans un contexte où les convictions politiques de bien des militants, restent sujettes à caution. Comme si l’essentiel était de tenir des élections, peu importe la manière et si cela foule au pied l’esprit même de la démocratie et des règles de l’alternance. Un peu comme s’il s’agissait de remplir une simple formalité. Cela est d’autant plus déplorable que de la plupart des élections qui se sont tenues en Afrique en 2025, il y avait, de Yaoundé à Bissau en passant, entre autres, par Bangui et Dodoma, comme une constante qui consistait, pour les tenants du pouvoir, à écarter, par des formules et autres tours de passe-passe dont eux seuls ont le secret, les candidatures de poids de l’opposition susceptibles de gêner les plans d’élection ou de réélection du prince régnant, pour ne laisser passer que des candidatures de seconde zone qui ne pèsent souvent pas, en termes de popularité, plus lourd qu’un duvet de canard. C’est à peine si certains chefs d’Etat candidats à leur propre succession, ne choisissent pas eux-mêmes leurs challengers. Question de ne pas prendre de risque inconsidéré pour s’éviter toute surprise désagréable. Le résultat est que ces dirigeants africains se font souvent élire sans difficulté, avec des scores parfois staliniens. Et les législatives sont souvent l’occasion, pour eux, de se donner une majorité confortable au Parlement pour avoir les coudées franches dans leurs actions à la tête de l’Etat. Cela est de bonne guerre. Et l’on ne peut pas leur reprocher de chercher à renforcer leurs assises en cherchant le contrôle de l’Assemblée nationale. Sauf que cette politique d’exclusion contribue à biaiser fortement le jeu démocratique. Résultat : trop de frustrations qui contribuent beaucoup plus à accentuer la fracture sociale, là où les élections devaient être des occasions de renouveau et de reconstruction pour nos sociétés en pleine mutation.

 

 

Les élections en Afrique, sont devenues des moments de peur et de grandes appréhensions

 

 

D’où la nécessité d’un changement de paradigme. D’autant plus que la conséquence, ce sont toutes ces violences lors des consultations électorales, avec leur corollaire de morts et de dégâts matériels. Si fait que les élections, en Afrique, sont devenues des moments de peur et de grandes appréhensions. Et ce, dans un contexte où les crispations sociopolitiques débouchent parfois sur des soulèvements populaires quand cela ne donne pas des arguments à l’armée pour s’inviter au débat politique. Et des coups de force, le continent noir en a connu aussi en 2025. Notamment à Madagascar et en Guinée-Bissau où le pouvoir a changé de main. Mais aussi au Bénin où le coup a finalement été déjoué. Mais ce sont autant de faits qui constituent autant d’alertes pour la démocratie sur le continent noir. Lequel continent a aussi connu la survivance de certaines crises en 2025, notamment en République démocratique du Congo, au Soudan et dans les pays du Sahel. Et l’on espère que 2026 connaîtra moins de tensions et que les pays en crise connaîtront la paix au grand bonheur de leurs populations. Pour le reste, il appartient à l’Afrique de trouver sa propre voie, mais surtout de rompre avec cette démocratie au rabais ou en trompe-l’œil qui est loin d’être gage de paix et de stabilité.

 

« Le Pays »

 


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