HomeA la uneBOUREIMA BASILE OUEDRAOGO, MAIRE DE OUAHIGOUYA : « Notre ville sera ce que nous voulons qu’elle soit »

BOUREIMA BASILE OUEDRAOGO, MAIRE DE OUAHIGOUYA : « Notre ville sera ce que nous voulons qu’elle soit »


Installé dans ses fonctions le 28 juin dernier, le nouveau bourgmestre de la commune de Ouahigouya a bien voulu nous accorder une interview dans laquelle il parle du nouveau souffle qu’il compte donner à sa ville, avec la collaboration de la population.

 

« Le Pays » : Présentez-vous s’il vous plaît

 

Je m’appelle Boureima Basile Ouédraogo, je viens de l’ONEA, mais auparavant j’avais travaillé au Projet Ziga et puis, quand ce projet a pris fin, nous avons été reversé au niveau de l’Office national de l’eau et de l’assainissement. Là, je travaillais au département de la communication en tant que chargé des relations publiques de l’ONEA.  Je suis économiste de formation, j’ai une maîtrise en Sciences Economiques, obtenue en Côte d’Ivoire.

 

Comment êtes-vous arrivé à la mairie de Ouahigouya ?

 

Je suis un militant du MPP et je me suis porté candidat au secteur 5 où j’ai été d’abord élu conseiller. Puis, je me   suis dit que je pouvais postuler au  poste de maire car je pense pouvoir apporter ma modeste contribution au développement de cette ville qui m’a vu naître. Je pense vraiment que si les populations, et surtout le conseil communal, veulent faire avancer la ville, nous sommes capables de faire bouger les choses.

 

Quel est le climat qui a prévalu pendant l’élection du maire ?

 

Tout ne peut pas être comme un fleuve tranquille. C’est vrai qu’il y a eu de petits remous parce qu’il y avait des concurrents ; nous étions trois candidats du parti  et c’est vrai qu’on entendait des bruits par-ci par-là. Vous savez, dans  le climat politique actuel, les gens sont plus portés sur les petits problèmes. Ils aiment quand il y a de petits problèmes. On a été étonné parce que nous sommes arrivés à un consensus et j’ai  été porté à la tête de la mairie. Le jour des élections, il n’y a pas eu de problèmes particuliers. Mais avant les élections, on entendait par-ci par-là que ce ne serait pas du tout facile. En réalité, pour être honnête avec vous, le climat politique qui a prévalu avant les élections était délétère. Il y a des gens qui avaient monté d’autres personnes contre moi. vous savez , c’est très facile d’instrumentaliser une partie de la population. Il y a même des gens qui disaient que je n’étais pas connu et ça m’a fait rire parce que  je suis né à Yamosgo, à 9km de Ouahigouya. C’est un village de la commune. J’ai fait l’école communale « A » qui s’appelle maintenant  l’école Mossin. J’ai fait le Lycée Zinda et ici à Ouahigouya, j’ai toujours été membre de l’association des élèves et étudiants. C’est vrai que vu mon âge, il y a beaucoup de jeunes qui ne me connaissent pas parce que je suis presque leur père ; mais moi,  j’ai toujours été engagé non seulement dans mon quartier mais aussi dans la ville de Ouahigouya.   C’est maintenant que les gens comprennent qu’un certain nombre d’erreurs ont été faites car, je ne suis pas un  inconnu comme on veut le faire croire. Mais  je pense qu’en ce qui concerne tout cela, il faut faire table rase. Nous devons maintenant travailler ensemble afin de pouvoir améliorer le climat politique et ensuite, il faut qu’on s’engage pour le développement de la ville de Ouahigouya. Vous savez, beaucoup de gens parlent de la ville de Ouahigouya, mais il faut être honnête, il y a beaucoup de choses à y faire.

 

Il est vrai que la Délégation spéciale qui était là a fait un certain nombre de choses mais quels sont les dossiers en instance ?

 

Il y a pas mal de dossiers en instance parce qu’il y a d’abord le problème du marché de Ouahigouya. Il y a ensuite le problème de la gare routière et celui de l’abattoir. Je pense que ces trois problèmes sont cruciaux. Le problème du marché de Ouahigouya est une question de recouvrement et c’est très sérieux. Il m’a été dit qu’il y a beaucoup de commerçants qui ne payent pas leurs taxes. Nous allons donc, de façon concertée,  discuter  avec ces principaux acteurs et si tout le monde est sincère, nous arriverons à résoudre cette équation assez sérieuse.

 

Et en ce qui concerne l’abattoir et la gare routière, qu’envisagez-vous de faire ?

 

En ce qui concerne l’abattoir, il faut dire qu’il est presqu’en ruines et le véhicule qui était chargé de transporter la viande est en panne depuis belle lurette ; ce qui fait que certains bouchers s’adonnent à l’abattage clandestin. Pour lutter contre ce phénomène, il faudrait que nous puissions remettre l’abattoir en état de marche. Là également, je vais en discuter avec mes collaborateurs  et tous ensemble, je pense que nous trouverons une solution au problème. Maintenant, en ce qui concerne la gare routière, elle n’est pas du tout fréquentée et les raisons qui sont avancées sont qu’elle est très éloignée et que les pavés qui sont à l’intérieur ne sont pas en bon état. Mais là aussi, je dis que c’est un problème qu’il faut chercher à résoudre. Parce que la gare a été construite avec d’énormes moyens et ce ne serait pas intéressant qu’elle reste comme çà, sans être fréquentée.

 

Quels sont les grands défis que vous devez relever ?

 

Les grands défis que je dois relever sont ce dont je viens de vous parler. Mais en plus de cela, il y a un problème  crucial qu’il faut résoudre : celui de l’assainissement de la ville de Ouahigouya. L’amélioration du cadre de vie est très importante, car une ville propre nous éloigne des différentes maladies, surtout en cette saison pluvieuse. Mais pour en finir avec ce problème d’assainissement, il faut aller « mollo mollo » comme on aime à le dire, parce que les gens ont acquis certaines  habitudes et ce, durant des années. On ne peut donc pas faire disparaître subitement ces habitudes. On va y arriver en leur faisant comprendre peu à peu. Vous savez, à Ouahigouya, ici, il y a des rues qui sont carrément impraticables et certaines personnes n’hésitent pas à faire leurs besoins hors des parcelles. D’autres aussi  font l’élevage dehors et ils pensent que c’est tout à fait normal. Nous allons discuter avec les gens de la santé, ceux de l’élevage et de l’environnement, et je pense qu’avec les conseils des uns et des autres, nous pourrons amener nos parents à comprendre que ce n’est pas très intéressant de se comporter ainsi.

 

Que comptez-vous apporter de nouveau à la ville de Ouahigouya ?

 

Je ne suis pas un messie mais si les gens s’engagent comme moi pour le développement de la ville, nous allons arriver à des résultats intéressants. Si nous arrivons à résoudre les questions que nous avons évoquées tout à l’heure, c’est ça qui fera notre spécificité comme vous  le dites.

 

Qu’est-ce que Monsieur le maire compte faire pour la relance économique de la ville ?

 

Pour la relance économique, c’est un peu compliqué parce que lorsque vous discutez avec les commerçants, ils vous disent que rien ne va. Quand les gens vous disent que rien ne marche, ils ont peut être raison  car, pour qu’il y ait de l’argent, il faut que les gens travaillent, et pour que les gens travaillent, ce n’est pas sorcier. Il faut engager des travaux pour qu’il y ait une certaine redistribution des revenus afin de les injecter dans l’économie. Donc, je pense que dans tout ce que nous avons dit, si nous arrivons vraiment à démarrer ces différents travaux, nous pourrons naturellement distribuer des revenus aux gens qui seront employés, et à leur tour, ils pourront être des consommateurs. Et là, l’économie va commencer à tourner.

 

Qu’envisagez-vous pour résoudre le problème d’emploi des jeunes et des femmes de la commune ?

 

Dans le plan de développement économique et social du président du Faso, il y a un volet très important consacré à la jeunesse et aux femmes. Au niveau de la commune, je pense qu’il y a un fonds qui sera alloué aux jeunes pour leur permettre de monter de petits projets. Nous allons leur allouer des micro-crédits afin que ceux qui sont sérieux puissent monter leur affaire. Vous savez, ce ne sont pas tous les jeunes qui sont sérieux. Car de par le passé, il y a eu des exemples décourageants et quand on parle d’emploi des jeunes, il faut savoir de quels jeunes on parle. Il faut des jeunes qui soient responsables parce qu’il y a des jeunes à qui si on remet de l’argent aujourd’hui, ce sera pour rien. Ils vont  non seulement le dilapider  et en plus de cela, ils ne pourront pas rembourser. Pour éviter cela, nous allons sélectionner les bons projets et les financer avec de tous petits moyens, et si cela marche, ils pourront entrer dans le système bancaire et avoir un crédit consistant pour monter une affaire  sérieuse.

 

Quel appel avez-vous à lancer à la population ?

 

J’invite la population à avoir confiance en nous. Mais cela ne suffit pas. Il faut que la population elle-même s’engage pour son propre développement. Car la ville de  Ouahigouya sera ce que nous voulons qu’elle soit. Si nous nous engageons pour son développement, cette ville se développera. Mais si nous continuons à avoir une mentalité de perdant, nous serons toujours à la traîne. Il faut qu’on change de mentalité ; il faut qu’on soit optimiste. Il faut qu’on soit des battants ; il faut que nous soyons déterminés et engagés. Il ne faut pas que nous ayons peur d’avoir des problèmes ! Nous ne pouvons pas tout faire tout de suite. Ni nous, ni les populations isolément, mais si nous nous  engageons dans une franche collaboration, je sais que d’ici les cinq prochaines années, les choses vont bouger à Ouahigouya.

 

Saadatou ZERBO (Correspondante)

 

 


Comments
  • Commentaire…quant_a moi ses proposition sont koul

    20 octobre 2017

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