HomeA la uneBURKINA FASO : Amnesty International dénonce les mariages forcés et barrières à la contraception

BURKINA FASO : Amnesty International dénonce les mariages forcés et barrières à la contraception


Le directeur régional Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty international, Alioune Tine, accompagné de ses proches collaborateurs, notamment le directeur d’Amnesty international Burkina, Yves Boukari Traoré, la chargée des campagnes, Kiné-Fatim Diop, et le chercheur, Gaëtan Mootoo, étaient face à la presse le mardi 26 avril 2016 à Ouagadougou. Cette rencontre avec les Hommes de médias entrait dans le cadre du lancement du rapport intitulé « Contraintes et privées de droit-Mariages forcés et barrières à la contraception au Burkina Faso ».

 

En vertu du droit du Burkina Faso, une jeune fille doit être âgée d’au moins 17 ans pour pouvoir se marier. Dans la pratique, le constat est cependant tout autre. En effet, dans certaines régions du Burkina Faso (au Sahel notamment), plus de la moitié des filles, 51,3% âgées de 15 à 17 ans sont déjà mariées. Cet état des faits n’a pas laissé Amnesty international indifférent, d’où une campagne menée autour de la question. « Contraintes et privées de droit-Mariages forcés et barrières à la contraception au Burkina Faso ». C’est le titre du rapport produit par Amnesty international à l’issue de cette campagne. Ce rapport a fait l’objet d’une conférence de presse le 26 avril dernier à Ouagadougou. Selon les animateurs de la rencontre, ce rapport présente les conclusions de la campagne menée auprès de 379 femmes et jeunes filles en 2014 et 2015.

Cette campagne a été menée dans l’optique de recenser les obstacles empêchant cette tranche de la population de bénéficier de services de contraception. Les chercheurs se sont également entretenus avec 35 victimes de mariage précoce et forcé et qui y sont parvenues à s’échapper. Le rapport produit par Amnesty international dénonce la situation de nombreuses femmes et jeunes filles qui sont menacées ou battues lorsqu’elles tentent de faire leur propre choix concernant le fait de se marier ou d’avoir des enfants. Selon le directeur régional Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty international, Alioune Tine, « bien trop de femmes et de jeunes filles au Burkina n’ont aucun contrôle sur leur vie : elles sont privées du droit de choisir si, quand et avec qui elles se marient et si elles souhaitent avoir des enfants ». Ces jeunes filles, lorsqu’elles sont mariées, sont censées avoir des enfants le plus tôt possible et ces grossesses précoces augmentent le risque de mortalité ou de lésions.

La question du viol a également été prise en compte dans cette campagne. Les recherches ont été menées dans les régions du Centre, des Hauts-Bassins, du Nord et du Sahel. Elles ont consisté en des discussions individuelles et confidentielles avec les femmes et jeunes filles rencontrées. Selon le chercheur Gaëtan Mootoo, il ressort de ces recherches que ces femmes et jeunes filles font face à de nombreuses difficultés qui sont entre autres, l’hostilité des hommes, le difficile accès à la contraception compte tenu du coût, la distance qu’elles doivent parcourir pour accéder à des CSPS, la pauvreté, etc.

En termes de recommandations, le rapport invite le gouvernement à mettre gratuitement certains contraceptifs que les femmes peuvent utiliser en toute sécurité et discrétion, à leur disposition ; à alléger la procédure d’avortement en cas de viol ; à réformer le cadre juridique du mariage. Il recommande également d’accroître le nombre de centres d’accueil disponibles, de subventionner les centres privés qui existent. Il a aussi suggéré que la contraception d’urgence soit proposée gratuitement aux victimes de viol, etc.

 

Christine SAWADOGO

 

 


Comments
  • Monsieur Alioune Tine, vous avez encore du chemin. Dans les familles Africaines surtout traditionnelles, ce n’est la fille qui dirige ses parents, comme en Europe. En Afrique, même à 18ans, la fille et même le garçon n’est pas libre, comme “chez le blanc”. Vous avez du chemin parce qu’on imprime pas une culture dans une civilisation. Et comme la fille (qui refuse son mari) sait ce qu’elle veut, pourquoi s’étonner qu’elle se retrouve à dormir sous des arbres à Ouagadougou?

    28 avril 2016

Leave A Comment