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BURKINA FASO :Le pis-aller


Blaise Compaoré a tiré le vin ! Mais le peuple le boira-t-il ? Toute la question est là. Et à en juger par les premières manifestations de l’opposition, de la société civile et de la rue, personne, en dehors de ceux qui ont aidé à déboucher le fût, ne veut de ce vin. Le Burkina se préparerait-il à entrer en ébullition ? Il faut le craindre. En faisant des pieds et des mains pour terminer ses chantiers, en faisant triturer par des mains malhabiles les textes de la loi fondamentale pour continuer à servir son peuple, en dépit des clameurs de plus en plus fortes de ce même peuple, Blaise Compaoré n’essaie pas autre chose qu’un passage en force, le Burkina Faso dût-il en payer un lourd tribut, en termes de cris, de larmes et de sang. Une curieuse conception du pouvoir qui snobe tragiquement le peuple dont il doit pourtant être le socle. C’est assurément un bras de fer que le locataire de Kosyam cherche à imposer à ses populations. Comme si la misère, la pauvreté et l’ignorance ne leur suffisaient pas déjà ! Une bien mauvaise idée que ce tripatouillage de la Constitution ; un vilain acte qui a déjà commencé à sécréter sa propre dramaturgie. Si la mayonnaise de Blaise Compaoré prend, c’en est foutu pour l’alternance démocratique en Afrique. Car l’alchimie d’un des plus vieux présidents en exercice du continent, est suivie de près par de nombreux apprentis  dictateurs africains, qui font tous le rêve de s’éteindre au pouvoir, avec à la clé, des funérailles nationales et bien sûr, un grand coup d’éponge sur les graves scories de leur gouvernance. Les vertiges du pouvoir font qu’ils ne se rendent pas compte que leur analyse est pleine d’avaries. Car, céder le pouvoir par respect sacré de la Constitution, comme Senghor, Nyéréré et autres, ouvre plutôt les portes d’une éternité heureuse aussi bien pour soi-même, sa famille que pour ses proches.

Dans ce pays dit des hommes intègres, où la seule valeur-étalon est l’argent, où tout s’achète, même la dignité, il faut craindre qu’il n’y ait suffisamment de vrais patriotes pour ériger un rempart inexpugnable contre ce projet de règne sans fin.

 

On a envie de crier avec rage, son dégoût

 

En tout état de cause, le peuple burkinabè est parvenu dans son cheminement multi-décennal avec Blaise Compaoré, à une ténébreuse croisée des chemins. Acceptera-t-il de boire jusqu’à la lie le calice que lui tend obstinément le régime Compaoré ? Tous les Cassandre du Faso sont interpellés, face à ce pis-aller mortifère déjà acté par le régime de la IVe République.

Mais il y a plus grave : le silence de nos directeurs de conscience, de ces pays occidentaux toujours prompts à distribuer (souvent de façon complaisante) de bons et de mauvais points aux dirigeants africains pour leur gouvernance. Les mêmes dirigeants du Nord sont très peu loquaces et plurivoques lorsque leurs pairs du continent noir s’asseyent de tout leur poids sur les principes élémentaires de la démocratie, de cette démocratie dont ils sont pourtant les porte-étendards. Mais il est vrai que la  démocratie des nègres, ces «damnés de la terre», compte pour quantité négligeable. Ce qui a du prix aux yeux des capitales occidentales, c’est avant tout les nombreuses et grandes richesses du continent noir, doublées des intérêts politiques, diplomatiques et géostratégiques qu’il présente. Cette vision erronée qui ne prend en compte que les court et  moyen termes, pourrait bien générer à la fin une catastrophe irrémédiable. Il faut que l’Occident insatiable des matières premières du Sud, comprenne que les quatre pôles de la Terre sont, en tous points, reliés et interdépendants. Et que tout gros dégât dans le Sud peut provoquer à terme, des ravages insoupçonnés dans le Nord. Edgard Pisani ne dit-il pas au demeurant, qu’aucune nation ne peut aujourd’hui avoir «de destin isolé» ?

Mais, bien plus qu’aux Occidentaux, la responsabilité du devenir du continent incombe au premier chef à ses fils et filles eux-mêmes, à ses élites, à ses peuples, à ses sociétés civiles. Il faut créer, formaliser, vivifier une interafricaine de la société civile, forte et profondément solidaire des peuples d’Afrique très désireux de stabilité et d’avancées démocratiques, gages de progrès économiques et sociaux profitables à tous.

Assurément, on a envie de crier avec rage, son dégoût de cette Afrique où la tendance des princes régnants est d’aller vers une démocratie multipartite sans alternance. Une incongruité comportementale dont les désastres politiques font plus de mal que ceux des démocraties à parti unique qui ont mené l’Afrique dans bien des impasses.

 

« Le Pays »

 


Comments
  • Excellent editorial…
    Comme le disais Norbert Zongo, chaque peuple a les dirigeants qu’il merite! Il est temps que l’on se leve tous, peuple Burkinabe pour finalement etablir les conditions pour une veritable alternance et nous permettre d’elire les dirigeants quennous meritons.
    Levons-nous et disons non au tripatouillage.

    23 octobre 2014
    • Blaise COMPAORE et ses disciples qui ne se définissent que par lui, qui ne sont ce qu’ils sont qu’à cause de son long règne, ne peuvent vouloir autre chose qu”un pouvoir à vie de leur créateur ( BC) après DIEU. Admettons qu’ils parviennent à changer l’art. 37 pour un pouvoir à vie. A la mort de BC durant son règne, le peuple acceptera t-il de passer leur passé en perte et charges diverses? Le temps est plutôt à l’abandon du pouvoir afin d’écourter la longue liste des outrances au peuple. A mon avis un plus long règne de leur champion ne fera que retarder la sanction du peuple.

      24 octobre 2014
  • Pathétique, messieurs du Pays. Pathétique. Blaise modifie la constitution ? Gnagni gnangna gna et puis quoi encore ? Rock ou un autre au pouvoir ? Une clique de copains bouffeurs et pilleurs remplace un autre ? En quoi cela changera – t -il au quotidien des burkinabés ? Rien. Ils ont tous été au pouvoir ou presque avec celui qu’ils vouent aux gémonies. Qu’ont ils fait pour le pays ? Ils ont plutôt brille par leur arrogance et leurs enrichissements illicites. Moralité, Blaise ou Roch ou compagnie au pouvoir c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Tous des voleurs et assoiffés de pouvoir. Alors, vos affaires du ôté – toi que je m’y mette, on s’en tape. Regle ça entre vous la bas et n’entrainez pas les enfants des autres dans vos affaires. Roch ou Zephirin ou Sankara et cliquailles ne sont pas dignes qu’on sacrifie des vies pour eux. Encore moins pour des faux principes qui troublent ou perdent des vies. La modification de l’article 37 ne saurait donc justifier qu’on incendie le pays. Et si, par entetement, vous incendiez quand même, il y a de la place au Togo, au Niger, au Ghana et dans les autres pays voisins pour vous accueillir en qualite de réfugiés. La vous pourrez méditer que l’article 37 ne valait pad la prône que vous soyez la.

    24 octobre 2014
    • Monsieur Holà, les burkinabè ne sacrifient pas leurs vies pour Rock et compagnies mais pour eux mêmes. Sachez qu’après le régime de Blaise Compaoré, aucun n’aura la place ici au Faso pour faire ce qu’il veut. Le réveil des consciences qui s’est opéré permettra aux burkinabè de veiller au grain dorénavant. Qu’il y ait eu mal gouvernance par tout ce beau monde, eux mêmes savent que cette mal gouvernance n’est plus de mise au Faso. Et tous, nous veilleront pour que plus jamais ça !

      24 octobre 2014
      • Siida a très bien parle, mais c’est hélas un rêve trop beau pour être vrai! Soyons réalistes, Hola a raison et il vaut mieux éviter de se sacrifier pour une aventure hasardeuse surtout quand les caïmans sont la même espèces d’une même marre.

        24 octobre 2014
      • Mr Siida, le problème est que les burkinabé ne gouvernent pas. Mais Blaise, Roch et cie gouvernent. Et parlant de mauvaise gouvernance elle se voit du sommet vers le bas. Du Ministre/Député au petit comptable. Alors le plus jamais ça est plus facile a dire qu’à faire. Et puis parlant des burkinabés qui se seraient levés pour dire non, de qui s’agit de quelques milliers de membres de paris politiques frustres de ne pas avoir leur part du gâteau ? Du petit élèves du lycée pousse dans les rues par des syndicalistes qui prennent de dire a leurs enfants de rester a la maison en exposant la vie des autres petits lycéens allés au lycée pour suivre des cours et forces de sortir dans les rues ? Non, cher Mr Siida, ce qui manifestent sont une infime minorité. Le grand Ouagadougou de la majorité a tranquillement vaqué a ses occupations aujourd’hui. Utilisant les ruelles poussiéreuses de Ouaga pour contourner les barricades des manipules pour vaquer a ses occupations. Cesser de prendre vos rêves pour des réalités, cher Mr Siida. Oui la majorité des burkinabés a effectivement les yeux ouverts. Elle sait Blaise ou Roch et Cies c’est blanc bonnet bonnet blanc. En Moore, ce la se dit: YAA MEE PA TA BALA ! Salutations.

        24 octobre 2014
    • En voilà un qui n’a rien compris. Ton raisonnement est tellement débile que je me demande pourquoi le modérateur l’a laissé passer.
      Pendant qu’on parle de quelqu’un qui s’éternise au pouvoir et qui abuse de son autorité en dilapidant l’argent que nos enfants et leurs enfants rembourseront aux bailleurs, toi tu te la ramène avec une histoire de comparaison de personnes. Le Burkina Faso ne s’arrête pas à ces gens-là et s’il n’y a qu’eux que tu connais dans le pays, je comprends pourquoi tu te complais à rester à l’extérieur. Si tu as un problème avec ces gens-là, va les voir et plains toi. Nous on a une patrie à défendre, on n’est pas apatride et on ne compte pas sur l’extérieur pour être sauvé.

      24 octobre 2014
  • Il faut maintnant une protestation populaire de longue duree, pour avoir l’attention de la presse internationale , comme l’example de Hong Kong.

    24 octobre 2014
  • Lire: l’article 37 ne valait pas la peine que vous soyez la: Erreur introduite par les corrections automatiques de l’ordinateur.

    24 octobre 2014
  • Bonjour, un très bel article et pertinente analyse. Pour ma part, je pense qu’il faut plus s’en prendre à ceux qui sont autour du Président et tenter de les amener à la raison. Je fonde mon opinion sur le constat suivant : le Président Blaise n’a pas encore donné son point de vue sur ces discussions. Il affirme simplement qu’il constate que les acteurs politiques n’arrivent pas à se mettre d’accord alors il suggère d’aller à un référendum. Il aurait pu emprunter la voie de l’article 49 de la Constitution mais il a préféré l’autre voie pour laisser la responsabilité aux autres; lui ne fait que contenter tout le monde. Bonne journée.

    24 octobre 2014
  • C’est bien triste! Mais n’ayez crainte messieurs du “Pays”. Il s’en ira à coup sûr. Ce sont les “dépités” que nous avons à l’œil!

    24 octobre 2014
  • votre article est bien. Merci de continuer à éclairer l’opinon. Vous savez, Blaise a tellement assassiné, volé pillé ce pays que le Bon Dieu veuille le payer sur terre d’abord! s’il quitte pacifiquement le pouvoir, ça ne sera pas le cas; c’est pourquoi Dieu veut le dénuder et le laisser au peuple.
    Dans son for intérieur, Blaise sait qu’il n’a pas raison mais il pense qu’il est assez fort, sans oublier que c’est Dieu qui donne la force. Je reste convaincu qu’il ne peut pas sortir vainqueur! c’est un mauvais calcul pour lui.
    Les députés, à qui il a filé la patate chaude doivent suivre l’opinion majoritaire, car ils ne mourront pas avec Blaise. Ils ont des familles, ils ont un avenir si et seulement si ils sont patriotes et justes.
    On les regarde.

    24 octobre 2014
  • Mais qu’attendons-nous? Mardi c’est trop loin! Mobilisons-nous!

    24 octobre 2014
  • C’est Blaise l’usurpateur qui va boire son propre vin jusqu’à la lie.C’est Assimi Kouanda, alias Bouki l’hyène qui va boire le vin jusqu’à la lie.C’est Gongoloma Soké, alias Hermann qui va boire le calice jusqu’à la lie.C’est Gilbert et son éléphant à la trompe maculée de merde qui vont boire le calice jusqu’à la lie.Le peuple est lucide, le peuple ne boit pas de ce vin-là.

    24 octobre 2014
    • Bonne analyse mais de Grace ne parlez pas de gens comme Hermanne YAMEOGO qui est le grand équilibriste des politiciens au BURKINA. Où en est-il avec son exigence de “tékré” (changement). Laissez celui-là il disparaitra de la scène politique par ses propres actes.

      24 octobre 2014
  • La révision de l’article 37 c’est juste pour permettre à la personne Blaise COMPAORE de rester au pouvoir. Cet article a déjà été modifié 2 fois. Nous voulons avancer et non tourner en bourrique. Il s’agit purement là d’une tentative d’instauration d’un pouvoir personnel, ce qui est interdit par l’article 168 de la constitution.

    Article 168
    Le peuple burkinabè proscrit toute idée de pouvoir personnel. Il proscrit également toute oppression d’une fraction du peuple par une autre.

    Je me souviens qu’à la mort de Nelson Mandela, Blaise Compaoré avait a déclaré que la vie de Mandela a été une école pour lui. Un internaute avait répondu que Blaise était donc le dernier de la classe dans cette école. http://www.lefaso.net/spip.php?article57033

    Certains disent que parce que Blaise est un homme de paix aimé par le peuple Burkinabè, donc il doit demeurer au pouvoir. Ne pensez vous pas que le peuple sud africain aimait Mandela, un homme de paix ? Mais ce dernier a cédé le fauteuil par amour pour sa patrie. C’est ça être un homme de paix.
    Aucun être n’est indispensable pour une nation. Ce serait idiot et dommage de penser que ce mortel est l’unique être qu’il faut pour diriger ce pays.
    Si aujourd’hui ou dans 40 ou 50 ans, Blaise n’est plus ? Quand l’heure viendra ou ce mortel va disparaitre avec ou sans son carnet d’adresse pensez vous que le Burkina va disparaitre ? Pensez-vous que la sous région, l’Afrique ou le monde vont disparaitre ? C’est une insulte à la Nation !
    Un peu de sagesse. Finissons-en avec la politique du tube digestif.

    Blaise dispose de bourreurs d’urnes, de voleurs d’urnes, de gens comme Damana Pickass, comme Paul Yoa N’Dré…
    Nous avons vu ce qui est arrivé à Tandja, à la côte d’Ivoire… pourquoi s’obstiner à prendre un chemin qui va enflammer le pays ? Pourquoi ?

    Tout ce que je souhaite c’est que mon pays ne s’enflamme pas.

    Débout comme un seul homme, la lutte continue dans la non violence. Manifestons de façon pacifique, sans détruire les biens publics et privés. Sans agresser les usagers de la route. Tout ce que nous voulons c’est proscrire toute idée de pouvoir personnel pour l’intérêt supérieur de la Nation.

    Notre nombre et notre union sont notre force!

    La patrie ou la mort, Nous vaincrons!

    24 octobre 2014
  • C’est propre, c’est net et c’est claiir les gars du Pays.
    De toutes facons , c’est la fin de ce dictateur qui a toujours regné par la terreur et qui veut se prendre pour un democrate!

    24 octobre 2014
  • Peuple du Burkina Faso, lève toi comme un seul homme et chasse l’usurpateur.

    24 octobre 2014
  • De la lointaine Suisse, je lis attentivement tous vos éditoriaux et je tiens à vous féliciter pour la pertinence de vos propos. Bravo!

    24 octobre 2014
  • Blessé, le monstre se rassemble et joue son va-tout
    Chaque coup en l’endroit et à temps pour en venir à bout.
    Vous qui contre lui avez sonné la charge
    N’ayez de cesse que vous voyant au large
    Abandonnant sur la rive un hideux cadavre
    Pour aller faire de la cité libérée un havre.

    24 octobre 2014
  • Los gobernantes de África deben de aprender a oír a su pueblo, no a sus intereses personales.
    El cambio de este artículo será un paso atrás para el camino hacia la democracia.

    Amo a Burkina faso.

    26 octobre 2014
  • Les dirigeants de l’Afrique doivent apprendre à écouter leur peuple, et non pas leurs intérêts personnels.
    Modification de cet élément sera un pas en arrière pour la voie de la démocratie.

    Je aime Burkina Faso.

    26 octobre 2014

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