BURUNDI


8 juin 2020-8 juin 2021 ! Cela fait un an, jour pour jour, que disparaissait le président burundais, Pierre Nkurunziza, celui-là même qui se faisait appeler le « Guide suprême éternel ». C’est donc un triste anniversaire que les Burundais ont commémoré, hier, 8 juin 2021, puisque la journée chômée et payée, restera à jamais gravée dans les annales de l’histoire du Burundi. Les nouvelles autorités en ont fait désormais la « Journée nationale du patriotisme et de la commémoration de la mort de Pierre Nkurunziza ». Toute chose que contestent l’opposition et la société civile en exil qui en ont fait « la Journée des victimes des 15 ans de dictature Nkurunziza ». En conséquence, pendant que des festivités, sous les auspices des officiels,  se déroulaient devant l’immense monument funéraire en cours d’érection autour de la tombe de Nkurunziza, des opposants publiaient, sur les réseaux sociaux, les photos de centaines de victimes de la crise de 2015. Tant et si bien que, visiblement sorti de ses gonds, le président Evariste Ndayishimiye n’a pas hésité à déclarer que « ceux qui ne célèbrent pas Pierre Nkurunziza aujourd’hui sont des suppôts du diable ». Voyez-vous ? C’est la preuve, pour ceux qui en doutaient encore, que même dans l’au-delà, Pierre Nkurunziza continue de diviser ses compatriotes.

 

Ce qui paraît aujourd’hui ahurissant, c’est beaucoup moins les dérives autocratiques de Nkurunziza que le culte particulier que lui vouent ses partisans

 

 

 Cela n’a rien d’étonnant quand on sait que l’homme a régné d’une main de fer sur le Burundi et n’hésitait pas à mater systématiquement toute personne qui osait critiquer sa gouvernance. On se rappelle encore qu’au temps fort de la crise, même des élèves en avaient eu pour leur grade, pour avoir, à travers des graffitis sur des murs, osé caricaturer le «  Guide suprême éternel ». Mais ce qui paraît aujourd’hui ahurissant, c’est beaucoup moins les dérives autocratiques de Nkurunziza que le culte particulier que lui vouent ses partisans, le président Ndayishimiyé y compris. Or, on avait nourri le secret espoir que ce dernier opérerait une nette rupture d’avec son prédécesseur afin de travailler à réconcilier les Burundais avec eux-mêmes. On est vraiment loin du compte d’autant qu’un an après le décès de Nkurunziza, ils sont nombreux les Burundais qui vivent en exil et les quelques rares opposants qui sont restés au pays, font profil bas ; tant la « répression, même si elle a baissé d’intensité, est toujours féroce », à en croire un député du principal parti d’opposition. Qui donc pour sauver le Burundi ? La question reste posée d’autant que l’on ne voit poindre aucune lueur d’espoir à l’horizon. A moins que le Saint Esprit aidant, le président Ndayishimiyé se laisse habiter par la sagesse en faisant fi du passé, en tentant de rassembler les fils et les filles du Burundi. Ainsi, il entrera dans l’histoire par la grande porte.

 

B.O


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