CALENDRIER ELECTORAL EN RDC : Un embrouillamini qui profite à Joseph Kabila
En République Démocratique du Congo (RDC), on connaît les intentions de Kabila. Il tient mordicus à charcuter la Constitution pour briguer un 3e mandat parce que les dispositions actuelles le lui interdisent. Depuis des mois, le président est en train de moudre du grain pour préparer le repas de sa pérennisation au pouvoir auquel il tient. Du dialogue politique à la mise à l’index de certains de ses rivaux potentiels, à l’instar de Moïse Katumbi, en passant par le découpage des nouvelles circonscriptions électorales et la répression des militants pro-démocratie, le fils de son père ne semble ménager aucun effort pour prolonger son bail à la tête de l’Etat congolais. Dans son activisme machiavélique pour parvenir à ses fins, Kabila semble sur le point de profiter d’une perche que lui tendent les circonstances, pour mettre KO ses adversaires politiques et autres détracteurs. En effet, répondant à une requête en interprétation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la RDC, la Cour constitutionnelle a enjoint, hier mardi 8 septembre 2015, le gouvernement congolais de doter l’institution chargée d’organiser les élections, « de moyens nécessaires pour l’organisation impérative des élections des gouverneurs, des nouvelles provinces avant toute élection des députés provinciaux et sur toute l’étendue » du territoire. En fait, la Cour a été saisie pour trancher sur le blocage relatif aux scrutins dans le pays. Cette décision de la Cour suscite plusieurs hypothèses. La première, c’est que le pouvoir de Kabila n’a jamais travaillé dans le sens du respect du calendrier électoral.
Le travail a été orienté dans le sens des intérêts du prince régnant
Rien n’a été fait pour respecter scrupuleusement les échéances prévues, en amont de la date de tenue de l’élection présidentielle en 2016. En rappel, au moins 10 scrutins sont prévus en RDC, entre 2015 et 2016, selon le calendrier initial publié en février dernier. On pourrait penser qu’en plus de faire le forcing pour cisailler la Constitution pour se maintenir au pouvoir, le président Kabila a œuvré subtilement pour conduire son pays dans un cul-de-sac ou disons, à un casse-tête électoral. Cet embrouillamini pourrait avoir savamment été orchestré par le président congolais pour rendre impossible la tenue des élections et prolonger, de facto, son règne à la tête de son pays. La seconde hypothèse est que le pouvoir de Kabila s’est employé à empêcher la CENI de travailler. Si cette institution n’arrive pas à dérouler convenablement son calendrier, alors les élections seront repoussées. Outre les moyens financiers à mettre à la disposition de la CENI, un arsenal juridique devait également être mis en place. Finalement, l’on se rend compte que rien n’a été fait, ou plutôt que le travail a été fait ou orienté dans le sens des intérêts du prince régnant. De ce qui précède, l’on doit comprendre que Kabila conduit son pays à une impasse politico-sécuritaire.
“Le Pays”