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CAMPAGNE ELECTORALE SUR FOND DE COVID-19 AU BURUNDI


Le 20 mai prochain, aura lieu un triple scrutin au Burundi: communales, législatives et présidentielle. Le coup d’envoi de la campagne pour ce grand rendez-vous électoral qui ouvre  la succession du président Pierre Nkurunziza, a été donné le 27 avril dernier. Pendant donc trois semaines, les candidats dont les dossiers ont été retenus par les instances électorales à la solde du maître de Bujumbura, iront à la pêche aux électeurs et ce, en dépit de la pandémie du Covid-19. Alors que l’heure est au confinement et à l’interdiction des regroupements ou rassemblements dans la plupart des pays à travers la planète, les autorités burundaises, elles, ont choisi d’amener leurs compatriotes à l’abattoir. Cela est d’autant plus vrai qu’en dépit des 15 cas confirmés sur le sol burundais, aucune mesure restrictive n’a été, en tout cas jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, annoncée pour les meetings et réunions politiques que bien des candidats entendent organiser en signe de démonstration de force. Oh bonnes gens, si ce n’est pas de l’insouciance ou de l’irresponsabilité, dites-nous à quoi cela peut-il ressembler ? Peut-être qu’en tant que pasteur évangéliste, le président Nkurunziza compte sur le Saint Esprit pour parer  à toute éventualité et prouver au reste du monde que le Burundi  est un pays…béni de Dieu. Or, il suffit de prendre l’exemple de la Guinée Conakry  pour comprendre que c’est un pari risqué que de vouloir organiser un triple scrutin dans un contexte de pandémie qui fait des ravages.

 

Certains n’hésitent pas à se demander finalement à quoi serviront les prochaines élections au Burundi ; tant il n’y a ni enjeu ni suspense

 

A moins que, les hommes politiques ayant leurs raisons que le commun des mortels ignore, l’intention qui anime les autorités burundaises ne soit de tenir ces élections à huis clos ; conscientes qu’avec le Covid-19, les  observateurs internationaux ne se bousculeront pas à Bujumbura. Autrement dit, le pouvoir burundais donne l’impression de vouloir baisser les rideaux derrière lesquels il  organisera ses élections et fabriquera, à l’abri des cameras du  monde entier, ses résultats. Dans ces conditions, inutile de dire que le dauphin de Nkurunziza passera haut la main. Surtout que la plupart des candidats sérieux qui pouvaient lui tailler des croupières, ont été recalés pour des mobiles politiques. Le seul qui reste dans la course et qui pouvait lui faire contrepoids, est Agathon Rwasa du Conseil national pour la liberté (CNL). Mais ce dernier, fort en félonie et connu pour ses revirements, est présenté, à tort ou à raison, par certains, comme un candidat suscité par le pouvoir pour crédibiliser la victoire programmée  du dauphin du   pasteur-président. Tant et si bien que certains n’hésitent pas à se demander finalement à quoi serviront les prochaines élections au Burundi ; tant il n’y a ni enjeu ni suspense. Tout au plus, consacreront- elles le départ de Nkurunziza du pouvoir ; lui qui a réussi le tour de force de se tailler une retraite dorée aux frais de la princesse et de se mettre à l’abri de toute poursuite  judiciaire. Seulement, s’il pouvait se faire oublier et ne pas tirer les ficelles, c’en serait tout bénef pour la démocratie qui a vraiment du chemin à faire.

 Boundi OUOBA    


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