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CAMPAGNE PRESIDENTIELLE SUR FOND D’EVASION DE PRISONNIERS AU CAMEROUN


Une élection qui pourrait pécher par son manque de sérénité et de crédibilité

Alors que la campagne présidentielle bat son plein au Cameroun, un fait et non des moindres vient quelque peu la perturber. En effet, un commando a attaqué, dans la soirée du 25 septembre dernier, la prison de Wum, dans la partie anglophone du Cameroun, et libéré 117 prisonniers dont 70  sont toujours dans la nature, les autres ayant décidé de se rendre aux autorités.  Si l’identité des assaillants reste jusque-là, méconnue des citoyens ordinaires, les autorités, elles, indexent des séparatistes qui avaient promis d’empêcher la tenue des prochaines élections dans le sud-ouest et le nord-ouest du Cameroun. Quelles conséquences donc sur la campagne présidentielle en cours ?  En temps normal, on se serait moins inquiété parce que les évasions de prisonniers sont courantes en Afrique voire dans le monde. Surtout que dans ce cas précis, il s’agit, du moins, selon le gouvernement, de séparatistes. Mais cette évasion survenant à une dizaine de jours du scrutin, l’on ne peut qu’avoir la faiblesse de croire qu’il s’agit là, d’un avertissement sans frais au gouvernement camerounais. En vérité, il ne s’agit ni plus ni moins pour les auteurs de cette attaque de prison, que de prouver au pouvoir en place qu’ils ont une grande capacité de nuisance. Du reste, ce n’est pas la première fois que les prisons camerounaises enregistrent de telles attaques. On se rappelle que la première, dirigée contre la prison de Ndop, toujours dans la région anglophone de Bamenda, avait permis aux séparatistes de libérer 160 prisonniers en juillet dernier.  Autant d’actions audacieuses qui devraient amener le pouvoir camerounais à ouvrir l’œil est le bon. Avec une telle montée en puissance des séparatistes, l’on se demande si le prochain scrutin pourra se dérouler dans un climat serein, notamment dans la partie séparatiste du pays.

La rançon d’un long règne sans partage

Quid de la crédibilité de cette présidentielle? Si le scrutin venait à être perturbé, ce qui risque fort bien d’être le cas, quelle crédibilité pourrait-on lui accorder ? En outre, que vaut une élection dont les résultats sont connus d’avance ? Plus d’un Camerounais sait que les dés sont pipés. Car, Paul Biya a tout fait pour ne pas avoir  en face de lui un candidat de poids. Mais, il semble avoir oublié une chose : le taux de participation des électeurs à cette présidentielle, pourrait être extrêmement  faible. En tout cas, si la situation qui prévaut actuellement dans la partie anglophone du Cameroun perdure, il faut craindre que les électeurs boudent les urnes. Ce d’autant que le système Biya ne fait plus peur aux Nordistes, déterminés  à prendre leur destin en main.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le régime Biya a du pain sur la planche. Préoccupé par la patrimonialisation de son pouvoir, Paul Biya a oublié sa mission première de chef d’Etat, celle de servir véritablement son peuple. Conséquence, il bute aujourd’hui contre de sérieuses  difficultés à se faire accepter par les Nordistes. Et tout porte à croire que ce n’est pas demain la veille qu’il réussira à les convaincre de sa capacité à se muer en véritable acteur de développement dans une région où trouver de l’eau potable, relève d’un parcours du combattant. Le Cameroun a peut-être besoin de revenir au fédéralisme ; et Biya aurait pu poser le débat avant d’organiser l’élection présidentielle. Mais en restant sourd aux aspirations des Nordistes, lui et son peuple ne pouvaient qu’assister à ce triste spectacle digne du Gondwana. Mais que l’on ne s’y trompe point, tout ceci n’est que la rançon d’un long règne sans partage. Quand les uns mangent pendant des décennies alors que les autres regardent, végètent dans la misère, l’on ne peut qu’aboutir à des revendications sécessionnistes, à des libération-éclair de prisonniers et tutti qanti !

Dabadi ZOUMBARA


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