HomeA la uneCAN 2017 : Anitché, barka, fofo Etalons !

CAN 2017 : Anitché, barka, fofo Etalons !


La chevauchée des Etalons au Gabon a été tout simplement épique. En effet, en six rencontres, ils ont engrangé 3 victoires et obtenu 3 nuls. Eliminés par les Pharaons d’Egypte, au terme de ce que même les joueurs qui ont le plus marqué l’histoire du foot redoutent, c’est-à-dire les tirs au but, Charles Kaboré et ses camarades ont su trouver les ressources morales et physiques nécessaires pour ne pas rentrer bredouilles au bercail. La médaille de bronze, la première de leur histoire, n’a donc pas été volée. Elle a été largement méritée. Et le mérite revient aux acteurs suivants. Il y a d’abord  les joueurs. En effet, ces derniers, conscients qu’en leur sein, il n’y a pratiquement pas de stars attitrées qui puissent porter l’équipe sur leurs épaules, ont su compenser cette lacune, si c’en est une, par le credo des Mousquetaires d’Alexandre Dumas, c’est-à- dire, « un pour tous et tous pour un ».

La solidarité a été la marque déposée des Etalons à cette CAN

Cette solidarité sans faille face à l’épreuve a été la marque déposée des Etalons à cette CAN. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont su traduire dans les actes, le slogan ô combien patriotique de Thomas Sankara, c’est-à-dire, «La patrie ou la mort, nous vaincrons ! ». Le deuxième acteur à qui l’on doit la belle chevauchée des Etalons à cette CAN, est l’encadrement technique, avec à sa tête, le bienheureux Paulo Duarte. En effet, son sens du coaching efficace allié à sa capacité à garder ses vestiaires à l’abri de la guerre des ego, a tout simplement été remarquable. Et c’est le lieu de le souligner. Car bien des équipes nationales africaines ont souffert et souffrent encore de cette maladie infantile qui transforme les vestiaires en de véritables sanctuaires malsains, entretenus par de petits chefs rivaux. Lors de son premier passage à la tête des Etalons, Paulo Duarte n’avait pas su éviter ce piège. Résultat, les Etalons étaient revenus de la compétition,  la queue entre les jambes. Cette fois, c’est tout autre chose. C’est triomphalement qu’ils sont rentrés du Gabon. Et l’esprit de camaraderie que le technicien portugais a su insuffler dans les vestiaires tout comme sur la pelouse, y est pour quelque chose. De ce point de vue, l’on peut lui rendre un vibrant hommage. Le troisième acteur qui a œuvré a rendre possible la bonne prestation des Etalons, c’est la Fédération burkinabè de football (FBF) et les vaillants supporters qui ont fait le déplacement du Gabon. En ce qui concerne la fédération, l’on peut dire qu’elle a mis un point d’honneur à jouer sa partition de sorte que l’on n’a pas entendu la sempiternelle question des primes et autres problèmes liés à l’hébergement, qui agitent bien des sélections nationales sous nos tropiques. Dans le même registre, l’on peut évoquer l’apport du 12e joueur, c’est-à-dire les supporters, dans le bon parcours du Onze national. En effet, ces derniers ont mis le feu dans les gradins. Toute chose qui n’a pas manqué de tendre les muscles des Etalons et de les pousser ainsi à puiser dans leurs entrailles l’énergie nécessaire pour pallier la fatigue. De manière générale, tous les Burkinabè des villes et des campagnes se sont mobilisés comme un seul homme, chacun à sa manière, pour tenir les étriers de leurs Etalons. Et les poulains de Paulo Duarte ont su leur retourner l’ascenseur en leur octroyant la médaille de bronze.

Le meilleur est à venir

Certes, l’enthousiasme des Burkinabè a pris un coup après l’élimination de leur équipe par les Pharaons dans les circonstances que l’on sait, mais cela ne les a pas empêchés de mettre les petits plats dans les grands pour signifier aux Etalons anitché, barka et fofo, autrement dit « Merci », respectivement en langues nationales Dioula, Mooré et Fulfudé. Et ce merci a pris les allures d’une hystérie qui s’est emparée de tout un peuple. Car hommes, femmes, vieux, jeunes, les Burkinabè de tous les âges et de tous les métiers, ont tenu, en effet, hier, dimanche 5 février 2017, à saluer leurs héros à leur arrivée à l’aéroport de Ouagadougou. Et c’est dans un tonnerre de vivats et d’effusion de joie qu’ils ont été convoyés à la Place de la Nation pour communier avec les fans du ballon rond et les autorités. Et ce n’est pas tout. Dans l’après-midi, les Etalons ont été décorés par le président du Faso, himself, au palais de Kosyam. Et le Burkina qui a connu dans un passé récent des périodes de déchirures et de turbulences sociopolitiques, en avait besoin pour se frayer un chemin vers la réconciliation nationale, peut-on se risquer à dire. Cela dit, cette ferveur populaire autour des Etalons devrait être maintenue parce que le meilleur est à venir. Il y a la CAN 2019 dont les éliminatoires se profilent déjà à l’horizon. Il y a également la Coupe du monde Russie 2018. Par rapport à cette échéance, le Burkina tient, pour le moment, la première place de son groupe devant l’Afrique du Sud et le Sénégal. Et Paulo Duarte a de fortes chances de conduire le Burkina, pour la première fois de son histoire, à une phase finale d’une Coupe du monde, pour peu que certains animateurs de son attaque soient plus lucides devant les buts et que d’autres cessent de faire de l’exagération dans les dribles et autres fantaisies. Déjà, le Burkina est dans la cour des grands en matière de football en Afrique. Avec un peu plus d’audace, d’efficience et d’efficacité, surtout dans le secteur offensif, l’on peut parier que le meilleur est à venir.

« Le Pays »


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