CAN 2025 AU MAROC : Ouverture Royale !
Ce 21 décembre 2025, le Maroc a ouvert ses bras au continent et au monde dans une ambiance footballistique de carnaval, portée par un spectacle pyrotechnique éblouissant. Le Royaume chérifien est apparu comme le cœur battant d’une Afrique en fête, offrant une cérémonie d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) digne des plus grandes légendes, mêlant éclat visuel et émotion palpable. Des milliers de Marocains ont convergé vers les abords du Stade Moulay Abdellah de Rabat pour célébrer ce moment historique. Dans ce kaléidoscope de couleurs et de traditions, les délégations des nations participantes ont défilé, parées de leurs habits traditionnels et de leurs couleurs nationales, sous les ovations d’un public conquis.
Les Lions de l’Atlas ont rugi avec autorité face à la courageuse équipe des Comores
Pour tout dire, sur la pelouse comme dans les gradins, c’est l’Afrique entière qui s’est déployée dans toute sa richesse et sa diversité. Trente-sept ans après la dernière CAN organisée sur cette terre de passion, le Maroc a démontré, à travers ce faste solennel, que sa désignation comme l’un des pays hôtes de la Coupe du monde 2030, relève moins du pari que de la logique, tant ses infrastructures modernes, son public fervent et discipliné, ainsi que son savoir-faire organisationnel, forcent le respect. Après ce spectacle de sons et de lumières, les projecteurs se sont tournés vers la pelouse pour le match d’ouverture, déséquilibré sur le papier comme sur le terrain. Les Lions de l’Atlas ont rugi avec autorité face à la courageuse équipe des Comores. La défaite infligée aux Verts de Moroni ne saurait être interprétée comme une humiliation gratuite, mais plutôt comme un signal fort adressé à tous les prétendants au titre : nul ne franchira le chemin de l’équipe marocaine sans y laisser des plumes. Mais derrière cette allégresse populaire et ces feux d’artifice qui ont marqué la cérémonie d’ouverture et célébré la victoire inaugurale du pays hôte, se profile un débat majeur qui agite le continent. Il s’agit de la décision prise récemment par la Confédération africaine de football (CAF), de faire passer la compétition à un rythme quadriennal, après l’édition de 2027 qui sera organisée conjointement par l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. Pour de nombreux fervents supporters et amoureux du ballon rond, imposer quatre années d’attente, risquerait d’émousser le lien entre les stars et leurs admirateurs, de pénaliser des carrières par nature fugaces, et de fragiliser une économie invisible mais vitale gravitant autour de la CAN : vendeurs ambulants, transporteurs, artisans, hôteliers, restaurateurs, et des milliers d’autres acteurs du secteur informel qui vivent au rythme de la compétition. Les plus critiques y voient un alignement contraint sur les desiderata de l’UEFA, soucieuse de préserver ses calendriers et ses intérêts, quitte à reléguer l’Afrique au rang de variable d’ajustement. Pourtant, une autre lecture existe, plus froide, plus comptable, mais non moins lucide.
L’annonce de la création d’une Ligue des nations africaines à partir de 2029
Organiser une CAN tous les deux ans constitue un fardeau financier considérable, marqué par la construction d’infrastructures au coût exorbitant, souvent vouées à devenir des « éléphants blancs », aussi majestueux qu’inutiles, une fois les projecteurs éteints et les tribunes vidées. A bien y regarder, cette rareté quadriennale pourrait offrir un répit stratégique, permettant de mieux mobiliser les ressources, d’édifier des centres de formation, de rénover les stades et d’assurer la relève générationnelle avec le retrait progressif des légendes du football africain. Consciente sans doute des espoirs des uns et des frustrations des autres, la Confédération africaine de football a cherché à rééquilibrer la balance avec l’annonce de la création d’une Ligue des nations africaines à partir de 2029. Cette compétition annuelle, pensée pour maintenir la flamme et éveiller les passions, devrait stimuler la compétitivité et générer des ressources régulières. A cela s’ajoutera la hausse significative des dotations de la Fédération internationale de football et associations (FIFA) pour les pays qualifiés à la Coupe du monde, offrant ainsi aux fédérations africaines, un levier financier inédit pour structurer durablement leur football. Il faut espérer que ces réformes ne soient pas un feu de paille, mais bien le prélude à une élévation durable du niveau de jeu, des infrastructures et de la gouvernance. Car, si le ballon cesse de rouler au coup de sifflet final, l’héritage, lui, doit demeurer. C’est dans la capacité à conjuguer fête populaire, excellence sportive et vision stratégique que se joue le véritable destin du football africain, et non pas seulement dans l’ivresse des stades pleins à craquer, comme ce fut le cas hier au stade Moulay Abdellah de Rabat.
« Le Pays »
