CHAN CAMEROUN 2020: Un carré d’as avec ses incertitudes
Débutée le 16 janvier 2021, la 6e édition du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) Cameroun 2020 est en train d’amorcer sa dernière ligne droite avec les matchs du carré d’as qui se jouent ce mercredi 3 février. Ainsi donc, ils ne sont plus que quatre dans les starting-blocks pour la conquête de Dame coupe, le 7 février prochain, et devront franchir l’obstacle des demi-finales. Pour l’occasion, on aura les oppositions Mali – Guinée et Maroc – Cameroun. Deux confrontations aux multiples inconnues, avec des équipes qui n’ont enregistré aucune défaite jusqu’à présent. Et si le Cameroun et la Guinée ont réalisé chacun deux nuls et une victoire en phase de groupes, les Maliens et les Marocains ont réussi, par contre, deux victoires et un nul dans la même période avant que tous l’emportent bien évidemment lors des quarts de finale. Dans un premier temps, il est prévu un duel 100% Afrique de l’Ouest, qui ouvre le bal de ces rencontres entre des Aigles du Mali qui ont obtenu leur ticket au bout du suspense, et les coriaces Diables rouges du Congo qui ont été plus solides qu’auparavant avant de craquer lors des tirs au but. Pendant que leur adversaire du Syli national de Guinée a dû puiser dans ses dernières énergies pour venir à bout des Amavubi du Rwanda grâce à un éclair de génie de leur orfèvre, Morlaye Sylla, sur un superbe coup-franc. C’est donc à « une guerre fratricide » que l’on assistera, surtout quand on sait que les confrontations en sport entre ces deux pays voisins, restent toujours très disputées voire électriques. Difficile donc de faire un quelconque pronostic entre une solide formation du Mali calculatrice et une équipe guinéenne beaucoup plus enthousiaste dans le jeu. Plus indécis, est le face-à-face entre deux Lions, à savoir les Indomptables du Cameroun et ceux de l’Atlas du Maroc aux parcours bien différents. En effet, les Camerounais ont été moins fringants au premier tour où ils n’étaient pas loin de laisser des plumes.
Le CHAN n’est plus une compétition de seconde zone
Mais bien solides mentalement comme ils en ont l’habitude, les Lions indomptables ont su retrouver un peu plus d’allure lors des quarts de finale en domptant les Léopards de la RD Congo. Ce sera encore plus chaud contre les Lions de l’Atlas, tenants du titre, qui comptent vendre très cher leur peau. Et ils l’ont démontré au cours du dernier match de groupe en faisant exploser la défense ougandaise pour l’emporter au final par 5 buts à 2 avant de vaincre logiquement les Zambiens par 3 buts à 1 en quart de finale. Ils affichent ainsi leurs ambitions qui sont plus que nettes.
S’il y avait des appréhensions sur le niveau de la compétition dès son entame, les équipes ont démontré tout le contraire au fil des rencontres, prouvant que le CHAN n’est plus une compétition de seconde zone. Réservé aux joueurs évoluant uniquement dans leur championnat local, le CHAN prouve qu’il y a toujours du talent à revendre sur le continent. Il suffit de donner à ces joueurs, des cadres pour exprimer leur talent plutôt que d’avoir tout le temps, les regards tournés vers les footballeurs évoluant en Europe. Cela démontre qu’il est plus que temps que les fédérations se mettent sincèrement à l’ouvrage pour réorganiser les compétitions locales afin de les rendre efficaces et attractives pour que le CHAN soit, pourquoi pas, un véritable concurrent de la CAN. Cela dit, il faut aussi préciser que c’est une compétition qui se déroule dans un contexte de crise sanitaire du Covid-19. Une première pour la CAF, avec l’organisation d’une compétition d’envergure depuis l’apparition de cette pandémie. Même si l’on constate des cas positifs dans certaines délégations des équipes de football qui, il faut l’avouer, jouent psychologiquement sur la préparation de ces dernières, on peut reconnaitre que le pire a été évité jusqu’à présent. Avec les efforts dans le respect des mesures- barrières et la limitation du public dans les stades à 25% et qui est prévu pour passer à 50% de leur capacité lors des demi-finales, on peut relever qu’il y a moins de craintes. Mais là où les observateurs avaient plus d’appréhensions, c’est la zone anglophone en proie à un conflit armé où des séparatistes tentent de semer peur et angoisse au quotidien, alors que le groupe D du CHAN y est logé, précisément dans la ville de Limbé qui accueille une demi-finale. Déjà, on peut saluer les efforts des autorités camerounaises qui ont mis les petits plats dans les grands pour que tout se déroule dans un esprit sportif et c’est ce que les amoureux du sport roi vivent pour l’instant.
Antoine BATTIONO