COALITION CONTRE LES CRIMES IMPUNIS AU BURKINA FASO:Quand un meeting finit en queue de poisson
La coalition contre les crimes impunis au Burkina Faso a organisé, le 28 juin 2014, à la Place de la Nation de Ouagadougou, un meeting de protestation pour interpeller l’opinion nationale et internationale sur la situation des crimes au Burkina Faso et demander la réouverture de l’ensemble des dossiers pendants en justice. Mais, force a été de constater que ce meeting, qui n’a pas connu la mobilisation escomptée, a par ailleurs fini en queue de poisson ; les manifestants étant obligés de se disperser sous les ordres d’éléments des Forces armées venus leur demander de libérer les lieux parce qu’ils n’avaient pas d’autorisation d’y tenir leur meeting.
C’est un meeting, en l’occurrence celui organisé par la Coalition contre les crimes impunis au Burkina Faso, qui a tourné court le samedi 28 juin, à la Place de la Nation. Et pour cause, des éléments des Forces armées sont venus demander aux manifestants de quitter les lieux parce que n’ayant pas reçu l’autorisation de l’armée de tenir leur rassemblement ce jour. Toute chose qui a entraîné des échanges entre les organisateurs et les éléments des Forces armées présents sur les lieux. Les premiers ont, de leur côté, brandi une autorisation écrite et signée de la mairie de l’arrondissement 2 de Ouagadougou. Une autorisation qui stipule ce qui suit : « Toutefois, l’occupation effective de la Place de la Nation ne relevant pas des compétences des autorités communales, vous voudriez bien prendre attache avec l’Etat-Major des Forces Armées nationales à cet effet ». Pour ce qui est de l’autorisation des Forces armées, ils ont affirmé qu’il leur a été donné quitus verbal qu’il n’y avait aucun problème, qu’ils pouvaient tenir leur rassemblement et passer récupérer leur autorisation ce jour-même (28 juin).
Récupérer l’autorisation, cela n’a pas été fait par les organisateurs du meeting jusqu’à ce que l’on vienne leur demander de partir. C’est là qu’un des leurs, en l’occurrence, Hervé Ouattara, président du Collectif anti-référendum (CAR), s’est rendu à l’Etat-Major pour retirer ledit document, pendant que les autres discutaient sur place avec les éléments des Forces armées. Ne voyant pas leur camarade revenir et constatant que la foule qui, d’ailleurs n’était pas massive, a commencé à se disperser, ils ont donc décidé de marcher sur l’Etat-Major des Forces Armées nationales. Mais, ils n’iront pas plus loin qu’à 50 mètres et voilà leur émissaire de retour, pour nous laisser entendre ceci : « Comme vous le savez, il a été annoncé qu’une coalition allait organiser un meeting aujourd’hui. Cela a été dit sur les médias. Nous avons entrepris des démarches depuis la semaine surpassée, en envoyant d’abord une demande à la mairie centrale d’où on nous a fait comprendre que la demande devait être déposée à la mairie de l’arrondissement 2. Nous sommes donc repartis à cette mairie où nous avons reçu l’autorisation. Nous sommes allés ensuite à l’Etat-Major des Forces armées nationales pour demander l’autorisation effective d’occupation. Hier (NDLR : vendredi 27 juin), on m’a appelé pour me dire que le principe était acquis, que nous pouvions occuper les lieux et qu’il y a l’autorisation que nous pouvions passer retirer. Pour nous, il n’y avait donc pas de problème jusqu’à ce qu’à notre grande surprise, on soit envahi par des éléments des Forces armées qui nous disent que nous sommes en porte-à-faux avec les textes ; toute chose que nous refusons parce que nous avons travaillé dans les règles. Nous sommes une coalition qui regroupe pas mal de mouvements, il n’y a donc pas de raison que nous posions des actes de nature à ternir l’image de nos différents mouvements. Nous sommes des gens conscients, des jeunes responsables, engagés, qui se battent pour la liberté, pour que le Burkina soit vu de façon positive. »
« Le mouvement qui suivra sera gigantesque »
L’objectif de ce meeting, selon M. Ouattara, était d’appeler la population burkinabè à assumer sa responsabilité face aux différents crimes commis dans le pays et dont les responsables ne sont jamais connus. Le mouvement se voulait également une recherche de justice pour le juge Nébié dont la famille était présente à la Place de la Nation. « Notre objectif était de mener les choses calmement et aussi dire aux jeunes que nous devons assumer nos responsabilités. Nous voulions, à travers cela également, dire à la famille du juge Nébié que nous ne comptons pas laisser les choses en l’état et qu’il fallait travailler à ce que la vérité soit dite sur l’affaire Nébié et aussi sur tous les autres crimes impunis », a affirmé Hervé Ouattara, avant d’ajouter que tout sera fait pour renforcer les actions de la jeunesse burkinabè. Et d’inviter les jeunes à ne pas baisser les bras, à s’organiser partout où ils peuvent pour barrer la route à toutes ces velléités. « Je crois qu’à l’Etat-Major, on s’est compris. Ils m’ont seulement dit que la prochaine fois, il faudra venir d’une autre manière vers eux. L’un dans l’autre, ils ont fait ce qu’ils avaient à faire et nous aussi, nous avons fait ce que nous avions à faire. Pour ce qui est de l’autorisation, ils ont dit qu’ils ne nous la remettront plus », a-t-il relevé. Et M. Ouattara de rassurer les uns et les autres que la coalition reviendra en force les prochains jours. Le mouvement qui suivra, a-t-il laissé entendre, sera un mouvement « gigantesque ».
La Coalition contre les crimes impunis au Burkina Faso est une organisation de la société civile, regroupant des associations, des mouvements et des artistes engagés dans la lutte pour un mieux-être des populations. Elle se donne pour missions de contribuer à lutter contre les crimes de sang , de faire la lumière sur tous les crimes impunis au Burkina Faso et de travailler à soigner l’image de la Justice burkinabè et de faire d’elle une Justice indépendante au service des Burkinabè.
Christine SAWADOGO