COMMUNE DE BANFORA : De retour de mission, le maire Aboubacar Héma accueilli en triomphe
Plusieurs centaines de jeunes se sont mobilisés, le 1er juillet 2017 à l’entrée de la ville de Banfora, pour accueillir le maire Aboubacar Héma qui rentrait d’une mission qui l’a conduit en Europe 3 semaines durant. Il faut dire que pendant son absence, une motion de défiance a été signée et déposée contre lui. A travers leur mobilisation du 1er juillet, les jeunes voulaient montrer leur engagement aux côtés du maire.
Il est 13h ce 1er juillet 2017. Le quartier Bounouna, situé à la périphérie de Banfora, exactement à 5 kilomètres du centre-ville de Banfora, connaît une effervescence particulière. Plusieurs centaines de jeunes garçons et filles, la plupart à moto et certains à bord de véhicules, s’y étaient mobilisés pour accueillir triomphalement Aboubacar Héma, maire de la commune de Banfora, qui rentrait d’Europe où il a séjourné pendant 3 semaines, et lui dire qu’il peut compter sur eux dans l’épreuve qu’il traverse ces temps-ci. Certains paradaient à moto, d’autres dansaient au rythme d’une animation musicale ou au son du balafon. Chacun avait ses moyens pour se donner le tonus nécessaire. « Touche pas à mon maire. STOP !», ont-ils gravé sur le bitume, à l’aide de peinture. Pour leur part, les plus proches collaborateurs du maire que sont Adama Gauche Soma, Souleymane Sirima Koné, Daouda Héma et le directeur de cabinet, Bakanhaye Héma, attendaient à l’ombre d’un manguier. Au téléphone, ils suivaient la progression du maire en direction de Banfora et à intervalles réguliers, ils tenaient la foule informée. Au compte du MPP, près de 5 conseillers municipaux ont été aperçus sur les lieux. Parmi eux, Olga Sagnon, conseillère municipale du secteur 7. Elle dit être venue soutenir le maire face « aux combines qui se trament contre lui». « Notre maire est allé à l’étranger pour négocier des projets auprès des partenaires. Et pendant ce temps, certains conseillers et hommes politiques n’ont rien trouvé de bon à faire que de faire signer une motion de défiance contre lui. Je m’oppose à cette façon de faire de la politique et c’est pour cela que je suis ici ce soir pour apporter mon soutien à Aboubacar Héma », a lancé Olga Sagnon qui précise par ailleurs que « pour amener les conseillers à signer la motion, ils leur proposent à chacun 50 000 F CFA plus 10 paquets de sucre. Lorsqu’ils sont arrivés chez moi, j’étais absente. Ils ont laissé les moyens de leur corruption avec les enfants. Et quand je suis rentrée, je leur ai sur le champ ramené leur argent et leur sucre. Aujourd’hui, je regrette, car j’aurai dû présenter cela à la Justice », confie-t-elle. C’est dans cette ambiance surchauffée que vers 15h 40mn, le véhicule transportant le maire pointe le nez à l’horizon. La foule devient encore plus euphorique et court à sa rencontre. Le conducteur est obligé de s’arrêter. Chacun veut toucher le maire. Malheureusement, il ne peut pas descendre du véhicule. A chaud, Aboubacar Héma confie qu’il est fier de la mobilisation. « Les jeunes ont décidé de m’accueillir ici, parce qu’ils veulent me témoigner leur soutien. Ils ont appris que des conseillers ont vendu leurs voix contre de l’argent pour signer une motion de défiance qui a été déposée hier. Certains ont signé sans savoir pourquoi et sans savoir ce qu’ils signaient. Ils n’ont vraiment rien de sérieux contre moi », a-t-il dit, parlant de ses adversaires politiques.
La journée des longs couteaux
Sans attendre et après s’être organisés, les jeunes en cortège empruntent la voie qui mène à Sidéradougou pour se rendre chez le chef de village de Bounouna à qui le maire est allé demander des bénédictions. Puis, roulant au pas, comme pour faire voir leur maire, ils ont conduit Aboubacar Héma chez le chef de canton de Banfora, Yoyé Héma. Plus de deux heures ont été nécessaires pour parcourir les 5 kilomètres qui séparent Bounouna de la résidence du chef de canton. Celui-ci, entouré de ses notables, attendait. Même son de cloche du maire : « Je suis de retour de mission. Je viens vous le dire et je profite pour demander vos bénédictions, car la commune traverse une période difficile », a lancé le maire. La réaction du chef de canton ne s’est pas fait attendre. « Aboubacar a été élu maire, c’est lui que nous connaissons. Nous le voulons aujourd’hui et demain encore comme le maire de la commune », a martelé Sa Majesté Yoyé Héma qui a poursuivi en disant qu’il faut que ses adversaires le laissent travailler. Les jeunes ont demandé au chef de confier le maire aux fétiches royaux avant qu’il ne quitte le palais. Prenant congé du chef de canton, le maire a été dirigé vers l’esplanade de la mairie où l’attendaient d’autres jeunes et femmes. C’est à ce niveau que Aboubacar Héma est sorti de la réserve dans laquelle il s’était plongé depuis les premières tentatives pour l’évincer. L’heure est venue de vous dire les choses telles qu’elles se présentent. Sans détour, il nomme ceux qu’il tient pour être les artisans de la tentative de le destituer. En premier, il a cité Souleymane Soulama, le ministre des Transports qui, de l’avis du maire, est soutenu par Issiaka Fayama, un retraité de la mairie de Banfora, l’ex-député Salif Barro et Lacina Koné de Bounouna. A entendre le maire, plusieurs raisons expliquent leur acharnement contre sa personne. Il s’agit, entre autres, du lotissement au secteur 8, de la gestion des marchés de la mairie. Selon Aboubacar Héma, il y a des irrégularités dans ledit lotissement. Et c’est sa volonté de clarifier les choses afin de satisfaire aux réclamations des résidents de la zone spontanée, qui intrigue certains.
Mamoudou TRAORE