HomeA la uneCOMMUNE RURALE DE SAPONE : Les jeunes ne veulent pas d’une Délégation spéciale

COMMUNE RURALE DE SAPONE : Les jeunes ne veulent pas d’une Délégation spéciale


La population de Saponé marché (Sambsin), notamment dans sa frange jeune, est sortie massivement le mardi 28 février dernier pour manifester son mécontentement face à la crise que vit la mairie depuis l’élection du maire Idrissa Ouédraogo, élu sous la bannière du MPP. Elle estime que l’attitude passive des autorités encourage l’opposition dans sa volonté de mettre en péril la commune de Saponé dans le Bazèga. Les frondeurs entendent montrer qu’il ne sera en aucun cas question que Saponé soit mise sous Délégation spéciale parce que des individus ont perdu des élections et refusent de siéger au Conseil municipal. Pour cela, la route nationale (RN) 6 a été barricadée dès 8h, empêchant tout passage de véhicule, sauf les ambulances.

 

Selon Sambo Kaboré, communément appelé Guillaume Soro, il n’y aura ni délégation spéciale ni révocation du maire à Saponé. « Idrissa Ouédraogo a été légalement désigné lors d’élections justes et transparentes, il n’y a pas de raison qu’il n’exerce pas ses fonctions. Nous sommes d’abord sortis le mardi 21 février dernier barrer la route, pour montrer aux yeux du monde que nous ne partageons pas ce qui se passe à la mairie de Saponé et notamment la façon dont la crise tend à être gérée. On  voudrait mettre la mairie sous Délégation spéciale parce que l’Opposition refuse de siéger, et nous ne sommes pas pour cela. En dehors de la session budgétaire qui ne s’est jamais tenue, tout fonctionne normalement », s’explique-t-il.  « Ce qui nous a le plus choqué, c’est le fait que les représentants du MPP à Ouagadougou ont demandé au maire de concéder à l’Opposition 4 postes dans le Conseil municipal pour qu’ils puissent travailler ensemble. Mais il s’est trouvé au sein du MPP que deux des quatre à qui le parti a demandé la démission, ont refusé et aucune sanction n’a été prise à leur encontre. Si des membres du parti s’opposent  au parti sans encourir de sanctions, nous ne partageons pas cela non plus. Nous ne serions pas là aujourd’hui si ces derniers avaient effectivement rendu leur démission. Etant du parti, si tu n’approuves pas ses principes, il est souhaitable que tu démissionnes ou que le parti t’en écarte. Ceci dit, nous estimons que les autorités ne veulent pas résoudre la crise », a-t-il conclu.

 

Médiation en échec

 

Madame le préfet, en compagnie du commandant de brigade et du commissaire de police, est venue pour tenter de faire  lever la barrière afin que les usagers puissent vaquer à leurs occupations. Mais la médiation a été vaine. A ce sujet, Sambo Kaboré a laissé entendre qu’à leur sortie du 21 février dernier, grâce aux bons offices d’un de leurs aînés surtout, ils ont accepté ouvrir les barrières. Ce dernier les a aidés à rédiger une lettre qui devrait parvenir au ministre suivant la voie hiérarchique. Un ultimatum d’une semaine avait été donné pour une suite à leur lettre. Jusqu’au jour 28 février, aucune suite n’a été donnée. « Nous ne lèverons nos barrières que si le haut-commissaire ou le gouverneur vient nous entendre », a-t-il poursuivi. « Nous tenons à ce que l’autorité se décide clairement à arrêter la crise », a-t-il ajouté. Il ne sera pas question de Délégation spéciale à Saponé. Voilà la position des manifestants à ce jour. Autrement, « il faudra subdiviser  Saponé en deux communes », soutiennent-ils. Pour Mathurin Ouédraogo de la société civile, fils de Saponé, « les conseillers municipaux, de quelque bord politique qu’ils soient, doivent savoir que c’est le peuple qui les a élus et ils doivent taire leurs intérêts égoïstes pour voir celui de toute la commune ». Il se dit exaspéré et même choqué de n’entendre parler qu’en mal de son village tant aimé. C’est une honte pour lui, que les fils de Saponé ne puissent pas s’asseoir autour d’une même table pour discuter. Quant à Ilyasse Diasso et Josié Nébié, des passagers en provenance du Ziro, ils ne sont pas contents que toute une route nationale soit barrée. Ceux de Saponé qui ont barré la voie, empiètent sur la liberté des passagers et cela est « inadmissible ». « Il est bien de réclamer ses droits mais c’est encore mieux de connaître ses devoirs. Il y a des malades dans certains cars, d’autres transportent du matériel périssable… Les autres communes ont également des problèmes mais elles ne les ont pas résolus de la sorte », soutient Ilyasse Diasso. Josié Nébié, lui, s’en prend beaucoup plus aux autorités politiques. Il estime qu’elles « ne sont pas pour la cause de la population, sans quoi nous ne serions pas là à cette heure-ci », martèle-t-il. Les passagers ont tenté la médiation par tous les moyens, mais elle s’est soldée par un échec. En effet, ils sont d’abord aller voir ceux qu’ils estiment être les leaders du mouvement, avant de se tourner vers la gendarmerie.

En rappel, la mairie de Saponé compte 80 conseillers dont 39 pour l’Opposition et 41 pour le MPP et lors des élections du maire et de son conseil municipal, qui n’ont pas été sans remous, le MPP, a remporté tous les postes. Notons qu’à notre départ autour de 16h, la barrière n’était toujours pas levée.

 

Pascal TIENDREBEOGO (Correspondant)

 

 


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