CONCERTATIONS ENTRE LE CHEF DE L’ETAT BURKINABE ET LES MILITAIRES
Après avoir limogé son ministre de la Défense aux lendemains du massacre de Solhan, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, revêtu de la double casquette de ministre de la Défense et de chef suprême des armées, a rencontré, le week-end dernier, successivement, le commandement puis la troupe. Même si rien n’a filtré de ces échanges avec la Grande muette, l’on devine aisément ce qui fait courir le Chef de l’Etat. Le président est à la recherche de moyens pour tenir la promesse qu’il a faite au peuple lors de sa dernière annonce à la Nation. « J’ai décidé, en ma qualité de Chef suprême des armées, de prendre toutes les mesures idoines qu’exigent les circonstances, pour rétablir la confiance avec notre peuple dans le secteur de la sécurité, adapter notre stratégie aux nouvelles réalités, en revoyant la doctrine d’emploi des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et en améliorant la rapidité d’intervention pour les opérations aériennes et terrestres menées par nos troupes, consolider l’efficacité, l’unité et la cohésion du commandement dans le respect de la discipline militaire qui a toujours fait la force des armées, renforcer la collaboration entre les populations, les Forces de défense et de sécurité et les Volontaires pour la Défense de la patrie pour une meilleure défense populaire de notre pays (…) », avait-il laissé entendre. Pour atteindre cet objectif, quoi de plus normal, pour le président du Faso, d’aller au contact des premiers acteurs de la défense et de la sécurité, en l’occurrence la hiérarchie militaire et la troupe, pour non seulement s’imprégner des difficultés que rencontrent les hommes dans l’exercice de leur mission sur le terrain, mais aussi pour identifier les dysfonctionnements et les moyens de les juguler ?
Le chef de l’Etat doit aller à la quête permanente de l’accompagnement de son peuple
C’est pour cela que l’on est en droit d’attendre de ces concertations, des décisions fortes allant dans le sens de l’amélioration des conditions de travail des troupes, notamment dans le domaine de l’équipement militaire et dans la motivation des hommes. L’on imagine aussi que dans le souci d’améliorer le commandement, des décisions courageuses seront prises pour mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. C’est, en tout cas, les seules conditions pour que suivent les résultats sur le terrain de la lutte contre l’insécurité, qui comptent pour les populations qui manifestent de plus en plus leur exaspération et leur impatience. Cela dit, les concertations avec les militaires ne suffisent pas. Car, comme le disait Clemenceau, en 1887, la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires. Le Président du Faso ne doit donc ménager aucun effort pour obtenir l’avis de tous les spécialistes dont les domaines de compétences peuvent contribuer à vaincre l’hydre terroriste et ramener la quiétude au sein de la population. Mais au-delà de la science de tous ceux qui sont rompus à l’art de la guerre, le chef de l’Etat doit aller à la quête permanente de l’accompagnement de son peuple. Car, aucune force armée ne peut parvenir à bout de la résistance d’un peuple uni et debout. Et cela passe nécessairement par l’amélioration de la gouvernance, notamment la prise de mesures vigoureuses contre les auteurs des scandales financiers qui sont étalés quotidiennement sur la place publique et qui révulsent les populations. Les jours à venir diront véritablement si le président Roch Kaboré est à l’écoute de son peuple. En tout cas, il sait qu’après avoir fait sauter le fusible du ministre de la Défense dont il s’est emparé du costume, le face-à-face est désormais direct avec son peuple.
SIDZABDA