CONDAMNATION DE L’OPPOSANT MAMADI CONDE EN GUINEE
Les opposants guinéens continuent de souffrir le martyre. C’est du moins, ce qu’on est tenté de dire au regard de l’emprisonnement tous azimuts d’opposants au régime du Pr Alpha Condé. En effet, pas plus tard que le 8 février dernier, l’opposant Pr Mamadi Condé a été condamné par le Tribunal de première instance de Dixinn, à cinq ans de prison ferme et au paiement d’une amende de cent millions de francs guinéens soit 9000 euros. Plus connu sous le nom de Madic100 frontière, cet opposant était poursuivi pour des faits de « téléchargement, diffusion de messages, photos, dessins de nature raciste ou xénophobe, menace, violence et injures par le biais d’un système informatique ». Ses avocats estiment que la Justice a eu la main lourde. Pire, ils dénoncent une justice à deux vitesses car, selon eux, certains auraient commis des faits plus graves que leur client, mais circulent librement. C’est dire si Alpha Condé a décidé de casser de l’opposant. C’est d’autant plus vrai que Mamadi Condé est loin d’être le seul opposant à subir la furia du Pr Condé. Peu avant lui, d’autres opposants et pas des moindres, à l’image de Oumar Sylla, ont été mis au gnouf. Certains y ont même péri. Le hic est que le seul crime des opposants condamnés n’a été que leur hostilité au troisième mandat d’Alpha Condé. En plus des opposants politiques, des leaders d’OSC et bien des journalistes ont été jetés en prison, certains pour s’être aussi opposés au troisième mandat de Condé. D’autres, pour avoir critiqué son régime ou dénoncé ses travers. Jusqu’où ira le rouleau compresseur du Pr Alpha Condé ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les violations des droits de l’Homme sont devenues le sport favori de Condé. Une situation qui inquiète aussi bien les Guinéens que la Communauté internationale, notamment l’Union européenne qui avait demandé au satrape de faire la lumière sur la situation des opposants emprisonnés. Et comme pour prouver qu’elle ne plaisantait pas, elle n’avait pas hésité à brandir le bâton en évoquant la possibilité de sanctions si le pouvoir faisait la sourde oreille. Cette menace suffira-t-elle à faire entendre raison au président guinéen ? Tout laisse croire que non. Il en faut plus pour inquiéter Alpha Condé. On est d’autant plus fondé à le croire que depuis sa réélection contestée, l’octogénaire président n’aura posé aucun acte concret pour réduire les tensions qu’il a contribué à exacerber entre les Guinéens. C’est dire s’il n’est pas dans une dynamique de réconciliation.
La Guinée est devenue une prison à ciel ouvert
En tout cas, tous ceux qui osent lever le petit doigt pour dénoncer sa forfaiture, n’échapperont pas à sa furie vengeresse. Qui arrêtera le rouleau compresseur de Condé ? C’est dire si l’UE gagnerait à passer à la vitesse supérieure. Car, comme le dit l’adage, « on n’effraie pas un vieil hibou aux yeux ronds, avec un épouvantail ». Condé qui dirige son pays d’une main de fer depuis plus d’une décennie, ne saurait, sur une simple menace de sanctions, plier l’échine. Du reste, s’il n’était pas lui-même un prédateur des droits humains, il aurait rendu justice aux victimes du massacre du 28 septembre 2009. Ne demandez donc pas à un satrape dont les placards sont déjà remplis de cadavres, de faire la lumière sur la détention de ses opposants. Car, aux yeux de Condé, mourir en prison n’a rien de scandaleux. Et on n’exagère pas en l’affirmant puisque de nombreux Guinéens ont été abattus comme du gibier par ses sbires à la gâchette facile, qui n’ont jamais été inquiétés. C’est à se demander si Pr Condé est encore lucide. Comment est-il possible que quelqu’un qui aura passé une bonne partie de sa vie dans l’opposition et qui aura été accueilli, à son arrivée au pouvoir, comme un libérateur, soit devenu un des plus sanguinaires dirigeants d’Afrique? Le hic est que tant que le fils de Boké restera aux affaires, ni les opposants, ni les défenseurs des droits humains, encore moins les Hommes de médias, n’auront la paix. Car, la Guinée, et c’est peu de le dire, est devenue une prison à ciel ouvert.
Dabadi ZOUMBARA