HomeA la uneCONDAMNATION DE PRO-GBAGBO : Chacun récolte ce qu’il a semé

CONDAMNATION DE PRO-GBAGBO : Chacun récolte ce qu’il a semé


« Qui sème le vent récolte la tempête », dit la sagesse. Certains pro-Gbagbo attraits devant la justice ivoirienne pour atteinte à la sûreté de l’Etat, ont pris un coup de massue sur la tête. Après des délibérations interminables de 9 heures d’horloge environ, les jurés ont rendu leur verdict, même s’ils ont été quelque peu cléments envers certains dirigeants du régime Gbagbo. Sont de ceux-là Pascal Affi N’Guessan qui s’en est tiré avec une condamnation de 18 mois de prison avec sursis. Mais, les mêmes jurés ont eu la main lourde contre d’autres personnalités de l’ex-galaxie présidentielle ivoirienne dont l’ancienne Première dame, Simone Gbagbo. Comme le Général Dogbo Blé, l’ancien chef de la Garde républicaine et le vice-amiral Vagba Faussignaux, l’épouse de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, a écopé d’une peine de 20 ans de prison ferme et 10 ans de privation de ses droits civiques.

Il était difficile pour Simone Gbagbo de se tirer d’affaire

Les jurés ont entendu donner à chaque accusé, la peine qu’il mérite à titre individuel. En fait, chacun récolte ce qu’il a semé. Le cas de Simone Gbagbo est révélateur de la volonté des jurés de sanctionner aussi pour l’exemple. De façon générale, même si cela n’est pas une règle intangible, les réquisitions du Procureur placent généralement la barre haut et la décision prise essaie d’atténuer la peine requise dans des procès de ce genre. Mais cette fois-ci, les jurés ont trouvé que la barre placée par le parquet était visiblement trop basse. Au lieu de condamner l’ex-Première dame à 10 ans de prison, conformément aux réquisitions du Procureur ou à une peine moins lourde, les jurés ont doublé la mise.  C’est la preuve, si besoin en était encore, que Simone Gbagbo n’a pas convaincu ses juges et bien des Ivoiriens.

Car, faut-il le rappeler, les jurés ont, quelque part, représenté le peuple ivoirien. Ils étaient censés être indépendants et ne se prononcer qu’en toute âme et conscience. Même l’absence de preuve avancée comme argument par la défense des coaccusés, n’a pas sauvé les ténors de l’ancien régime à la barre. Les jurés ne se sont pas laissé distraire. Leur intime conviction a joué et on peut dire qu’elle a joué objectivement. Il était difficile pour Simone Gbagbo de se tirer d’affaire. Beaucoup d’exactions, de tueries, de disparitions sont attribuées à ses tristement célèbres escadrons de la mort. Du reste, l’attitude de Simone Gbagbo, avant et pendant ce procès, qui a consisté à nier son rôle dans la grave crise post-électorale qui a secoué la Côte d’Ivoire en 2010, a certainement choqué les jurés qui ont ainsi décidé de le lui signifier et de la plus ferme des manières. Ces dignitaires du régime Gbagbo n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes, eux qui se sont comportés comme ils le voulaient, pensant qu’il ne pouvait rien leur arriver.

Ces sanctions sont méritées et les condamnés, surtout l’ex-Première dame de la Côte d’Ivoire, auront toute la latitude de méditer sur leurs actes.

L’aile modérée du régime déchu a écopé de peines moins lourdes que l’aile dure

Même si d’aventure une quelconque décision en cassation devrait leur être profitable dans quelque sens que ce soit-ce dont on peut se

permettre de douter fort au regard du caractère sulfureux de bien de ces condamnés- ce n’est pas demain la veille de la fin de leurs démêlés judiciaires. Ce, d’autant plus que d’autres procédures attendent certainement des gens comme Simone Gbagbo. A l’instar de celle de la Cour pénale internationale qui rôde toujours et qui n’a pas encore dit son dernier mot sur sa requête d’extradition de Simone Gbagbo, pour d’autres chefs d’accusation. C’est dire combien les autorités du régime ivoirien déchu ne sont pas encore au bout de leurs peines.

Surtout les caciques. Car, comme on peut le constater, ce procès a donné à voir deux visages du FPI, le parti de l’ex-président Gbagbo. D’un côté, il y a ceux qui ont tenté de faire quelque peu amende honorable face aux accusations portées contre eux. Et ceux qui, comme Simone Gbagbo, ne se reconnaissent coupables de rien du tout. Dans le verdict de ce procès, l’aile modérée du régime déchu a écopé de peines moins lourdes que l’aile dure. Pascal Affi N’Guessan qui fait depuis un certain temps maintenant profil bas, n’a plus de souci a se faire. En tout cas, ce verdict lui laisse les coudées franches pour mener sa bataille politique pour le contrôle de la direction du Front populaire ivoirien. Surtout que Aboudrahamane Sangaré qui lui faisait de l’ombre dans le parti ces derniers temps, a, tout comme Michel Gbagbo le fils du président déchu, écopé d’une peine de 5 ans de prison dans cette affaire.

En ce qui la concerne particulièrement, la réconciliation ivoirienne aurait été polluée si Simone Gbagbo s’en était tirée à bon compte. Ce verdict incarne en lui-même un certain refus de l’impunité. Et à travers ce procès, à valeur hautement pédagogique pour l’Afrique, la Côte d’Ivoire montre qu’elle peut juger les accusés de cette crise post-électorale comme il se doit. Elle montre quelque peu la voie à la CPI qui attend de juger deux des principaux protagonistes de cette crise que sont Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. A présent, il ne reste plus aux autorités ivoiriennes que de continuer sur leur lancée. Dans ce sens et pour des raisons d’équité, il faut espérer que les poursuites judiciaires ne seront pas orientées contre un seul camp. La justice serait bien inspirée de s’intéresser également aux partisans du camp du président Alassane Dramane Ouattara qui auraient quelque chose à se reprocher dans les violences post-électorales qui ont secoué le pays. Toujours est-il que c’est au prix d’une justice ferme, juste et équitable que les Ivoiriens pourront crever l’abcès et espérer une réconciliation vraie.

« Le Pays »


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