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CONDAMNATION D’OPPOSANTS AU CAMEROUN


Le Tribunal militaire de Yaoundé a condamné, le 27 décembre 2021, 47 militants dont des cadres du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), principal parti d’opposition, à des peines allant de 1 à 7 ans de prison ferme, « pour « rébellion » et « tentative d’insurrection ». Tombées comme un couperet sur les têtes de partisans de Maurice Kamto, ces sanctions suscitent l’indignation et la colère du MRC mais aussi l’incompréhension et le courroux des défenseurs des droits de l’Homme au regard de leur caractère inédit. En effet, rarement des condamnations aussi lourdes n’avaient été prononcées contre des militants de partis politiques dont le seul crime est d’avoir manifesté leur ras-le-bol face à une gouvernance désastreuse. C’est pourquoi les avocats des prévenus ont promis de faire appel. Mais obtiendront-ils gain de cause ? Rien n’est moins sûr. Ce d’autant que la Justice camerounaise, on le sait, est sous la coupe reglée de Biya. Mais les juges rendraient plus service au pouvoir en ayant la main moins lourde au moment où tous les projecteurs sont braqués sur le Cameroun qui doit abriter, à partir du 9 janvier prochain, la Coupe d’Afrique des nations. Cela dit, ces sanctions, et c’est peu de le dire, traduisent la volonté du président Paul Biya qui règne sans partage sur le Cameroun depuis bientôt 40 ans, d’embastiller ses opposants. C’est d’autant plus vrai que le leader du MRC, Maurice Kamto lui-même, avait été jeté en prison et y a passé 9 mois avant d’être relaxé sans procès, pour avoir contesté la victoire du maitre de Yaoundé à la présidentielle de 2018. Autant dire que c’est une véritable chape de plomb qui s’abat sur les opposants et autres défenseurs des droits humains au Cameroun.

 

                                                Tôt ou tard, le changement s’imposera

En tout cas, la condamnation à tour de bras, d’opposants, ne saurait constituer un remède contre les maux qui minent le développement du Cameroun et qui ont pour noms: la patrimonialisation du pouvoir, la corruption, le népotisme, la gabegie,…  A 88 ans, Paul Biya devrait avoir la sagesse de comprendre qu’il est temps de faire valoir ses droits à la retraite. Mais au lieu de cela, il préfère plutôt dérouler le rouleau compresseur de la répression contre tous ceux qui osent lever le petit doigt pour critiquer sa gouvernance. C’est à se demander s’il ne se croit pas immortel. Quelle image voudrait-il que l’on garde de lui ? Biya se rend-il compte qu’il risque fort de sortir de l’histoire par la fenêtre ? En tout cas, à moins d’un miracle, cet octogénaire pouvoiriste laissera, à coup sûr, à son peuple un pays en lambeaux. On est d’autant plus fondé à le penser que le Cameroun est aujourd’hui fortement divisé. Et ce ne sont pas les rebelles de la partie anglophone du pays qui réclament, à coups de canon, leur indépendance, qui diront le contraire. La vérité est que le peuple camerounais en a marre de voir le même visage depuis quatre décennies. Et Biya devrait comprendre ce sentiment de la frange jeune du pays qui aspire au changement. Il ne sert à rien de faire l’autruche ce d’autant que tôt ou tard, le changement s’imposera à lui soit par la volonté du peuple soit par celle de son Créateur.

 

                                                                         Dabadi ZOUMBARA

 


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