HomeA la uneCONDAMNATION D’UN JOURNALISTE AU MAROC : Rabie Al Ablaq, le poil à gratter du roi

CONDAMNATION D’UN JOURNALISTE AU MAROC : Rabie Al Ablaq, le poil à gratter du roi


Retour à la case prison pour le journaliste marocain, Rabie Al Ablaq. En effet, inculpé pour « manquement public au respect et à la révérence dus à la personne du roi », il a été condamné, le 25 avril dernier, à une peine d’emprisonnement ferme de 4 ans. Pourtant, initialement jeté en prison pour avoir soutenu les manifestations du Hirak, le journaliste marocain avait déjà passé deux ans derrière les barreaux avant de bénéficier d’une grâce présidentielle en 2020. Mais cette liberté n’aura été que de courte durée puisque le voilà de nouveau embastillé pour avoir osé qualifié le roi Mohamed VI et son Premier ministre, de « milliardaires » et interrogé l’origine de leur fortune. Pour autant que ces deux dignitaires n’aient rien à se reprocher, avaient-ils besoin de pousser l’outrecuidance jusqu’à l’extrême en faisant condamner Rabie Al Ablaq qui, en tant que journaliste, n’a fait que faire son travail en critiquant le pouvoir marocain? En fait, on ne le sait que trop bien. Les dirigeants n’aiment que ceux-là qui, comme Raspoutine, savent faire leurs éloges si fait qu’ils ne cachent pas leur aversion pour tous ceux-là qui les égratignent.

 

En jetant à nouveau le journaliste Rabie Al Ablaq en prison, le roi Mohamed VI  est en train de fabriquer un héros

 

C’est pour cela d’ailleurs qu’il faut rendre hommage au journaliste Rabie Al Ablaq qui a brisé le mur de la peur pour dire tout haut ce que beaucoup de Marocains pensent tout bas. Certes, il est aujourd’hui présenté comme le poil à gratter du roi mais rien ne dit que les faits ne finiront pas un jour par lui donner raison. Car, comme on le dit, ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on peut faire retomber la fièvre. En tout cas, en jetant à nouveau le journaliste Rabie Al Ablaq en prison, le roi Mohamed VI oublie qu’il est en train de fabriquer un héros et s’attire inversement une mauvaise publicité. Ce d’autant que, même connu pour être une monarchie constitutionnelle, le Maroc était souvent présenté comme un exemple parmi les pays arabo-musulmans sur le contient africain ; en témoigne son ouverture sur le reste du monde. Si d’ailleurs le Maroc a su éviter le printemps arabe, c’est parce que ses dirigeants avaient fait montre de clairvoyance en anticipant les choses. Reste à souhaiter que la même clairvoyance les anime pour qu’ils comprennent qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, la liberté d’expression devient une donne incontournable avec laquelle il faut composer. Et, les tentatives de musellement ou de caporalisation, il faut le dire, n’y peuvent plus rien.

 

B.O


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