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CONFIRMATION DES CHARGES CONTRE GBAGBO Le FPI survivra-t-il à son mentor ?


Le Front populaire ivoirien (FPI) traverse une mauvaise situation. Deux faits majeurs l’attestent. Il y a d’abord et avant tout la confirmation du procès de Laurent Gbagbo par la Cour pénale internationale (CPI). Comme on le sait, l’ex-président ivoirien est la tête de proue de son parti sur lequel son ombre plane toujours. La confirmation de son procès à venir, cristallise les attentions au sein de son parti. On en veut pour preuve le vote serré sur le retrait du FPI de la Commission électorale indépendante (CEI).

 

La confirmation de la tenue du procès du Woody  a fini de creuser le fossé entre ses héritiers

 

L’aile dure a pris le dessus sur l’aile modérée et la décision de la CPI n’y est certainement pas étrangère. Elle a contribué à braquer davantage certains caciques qui ne démordaient pas de l’idée du retour de leur mentor. Mais, ce vote, bien qu’il marque la victoire des faucons de l’ex-parti au pouvoir en Côte d’Ivoire sur ses modérés, ne traduit pas moins les dissensions qu’il y a en son sein. Le verdict confirmant la tenue du procès du Woody de Mama par la CPI, a fini de creuser le fossé entre ses héritiers spirituels. Le FPI survivra-t-il à son mentor ? Telle est la question que tout le monde se pose.

Ce d’autant plus qu’il y a aussi un autre fait majeur à prendre en compte, dans la vie tumultueuse actuelle du parti : la bataille de générations en son sein, comme c’est, du reste, le cas au niveau des houphouëtistes. Les jeunes loups aux dents bien acérées se disent qu’il est temps pour eux de venir à la lumière. En effet, la jeunesse du parti pousse la vieille garde vers la sortie. En tout cas, elle veut se faire, elle aussi, suffisamment de place au soleil et c’est de bonne guerre. Seulement, dans ce contexte de guéguerre en son sein, ces velléités de la jeune frange du FPI, s’apparentent à des coups de hache sur le tronc de l’arbre que constitue le parti de l’ex-président ivoirien Gbagbo. C’est une lapalissade de dire que Affi N’Guessan a du pain sur la planche, pour contenir le tumulte qui agite son parti. Lui-même est contesté et ses moindres gestes sont surveillés comme du lait sur le feu par les faucons du parti. Ce n’est pas pour lui une partie de plaisir que de faire la synthèse entre les positions des jusqu’au-boutistes et celles des modérés. Les irréductibles, en demandant au pouvoir de Alassane Dramane Ouattara d’œuvrer à la libération de Gbagbo, lui demandent l’impossible car on sait que le régime ivoirien, dès lors que le président déchu a été transféré à la CPI, n’a plus de marges de manœuvre quant à une éventuelle libération de celui-ci.

Le Procureur de la CPI, Fatou Bensouda, qui a réussi à réunir des preuves suffisantes pour obtenir la tenue du procès de l’ex-chef d’Etat ivoirien, peut savourer sa victoire. C’est déjà une bataille qu’elle gagne. Quant aux militants et sympathisants du FPI, la chose la plus réaliste à faire à présent, c’est de faire le deuil de leur mentor.

 

La possible déconfiture du FPI ne devrait pas gêner     le pouvoir de ADO

 

Dans tous les cas, une relaxe de Gbagbo ne saurait le remettre vraiment en selle. Il est notoire en effet que le procès annoncé mettra du temps avant de se tenir et que de ce fait, ce n’est pas demain la veille du verdict. Tant et si bien que même une éventuelle relaxe ne pourrait intervenir qu’au bout de bien des années. Ce qui est suffisamment long pour que Gbagbo soit frappé par la limite d’âge pour faire acte de candidature à la magistrature suprême en Côte d’Ivoire.

Au total, on peut dire que le FPI se dirige droit vers une implosion dans le meilleur des cas. A moins d’un changement de cap. En tout cas, si le FPI venait à décider de boycotter la présidentielle à venir, l’unité du parti désormais dirigé par Pascal Affi N’Guessan, prendrait un sérieux coup, voire volerait en éclats. Comme un bateau ivre, le FPI privé de son capitaine naturel et tanguant dans tous les sens, pourrait chavirer. Les luttes intestines pourraient s’intensifier au fil des échéances électorales et finir par mettre le parti à genoux. Et bien entendu, on imagine bien que certains en son sein, comme l’a déjà fait Mamadou Coulibaly, ne se feraient pas prier pour prendre la poudre d’escampette, dans l’optique de se faire une nouvelle santé politique ailleurs. En d’autres termes, si la tendance jusqu’au-boutiste continue à s’imposer, si le FPI n’opère pas une mue salutaire en conciliant ses deux camps les plus extrêmes, bien des militants et non des moindres iront voir ailleurs, ne serait-ce que pour des raisons purement œsophagiques.

En ce qui le concerne, cette possible déconfiture du FPI ne devrait pas gêner outre mesure le pouvoir de ADO. En effet, l’actuel chef de l’Etat ivoirien pourrait se contenter d’un autre adversaire dans les rangs de son allié, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Henri Konan Bédié, histoire de ne pas triompher sans gloire. En effet, la volonté non dissimulée de certaines têtes de l’ex-parti unique de Côte d’Ivoire du temps d’Houphouët Boigny, de se présenter à la prochaine présidentielle, pourrait permettre au président Ouattara de se retrouver face à un ou plusieurs challengers de poids dont il a besoin pour assurer la légitimité de sa réélection à la prochaine présidentielle, toute chose qui semble déjà acquise au regard de son bilan.

 

« Le Pays »

 


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