CONFIRMATION DU REPORT DU CONGRES : Quel avenir pour le FPI ?
La justice ivoirienne vient d’interdir la tenue du congrès du Front populaire ivoirien (FPI), parti de l’ancien président Laurent Gbagbo incarcéré à la Haye depuis plus de trois ans. On se rappelle que le congrès du FPI était prévu pour le 11 décembre dernier. Mais il a été ajourné à cause des dissensions internes qui minent le parti. En effet, Pascal Affi N’Guessan, par ailleurs président par intérim du FPI, conteste la candidature à la présidence du parti de son ancien mentor, Laurent Gbagbo, estimant que celle-ci ne répond pas aux normes et de ce fait, avait demandé le report du congrès à une date ultérieure. La justice vient de lui donner raison, déclarant que les arguments avancés par les pro-Gbagbo sont infondés. C’est dire donc que Pascal Affi N’Guessan vient de remporter une victoire d’étape. De quoi raviver les tensions au sein du parti qui peine déjà à retrouver ses marques. La preuve, c’est que le deuxième round reprend aujourd’hui 18 décembre à Abidjan. Du reste, on se demande d’ailleurs comment les deux camps, celui de Pascal Affi N’Guessan et celui des inconditionnels du fils de Mama vont se regarder en face ; eux qui, plutôt que de laver leur linge sale en famille, se sont offerts en spectacle en se traînant devant les tribunaux. Une telle scène est indigne et n’est pas de nature à rassurer les militants qui ne savent plus désormais à quel leader se vouer, tant la chienlit est palpable. Au demeurant, on ne le sait que trop bien.
Il est dans l’intérêt de tous que le prochain congrès du FPI se tienne dans la sérénité
Tout ce ramdam n’aurait pas eu lieu, si le grand pensionnaire de la prison de Scheveningen avait fait preuve de sagesse, en annonçant le retrait de sa candidature à la présidence du parti. Mais hélas, il a préféré rester muet comme une carpe. Ce qui laisse croire que c’est lui-même qui entretient la flamme de la discorde et qui travaille à détruire le parti, on ne sait trop pour quelles raisons. En tout cas, il est dans l’intérêt de tous que le prochain congrès du FPI qui s’annonce houleux, se tienne dans la sérénité et que les instances soient renouvelées dans le respect des textes fondateurs du parti. Il y va de la survie du parti. A défaut, le parti risque de voler en éclats. Et cela, probablement au grand bonheur du parti au pouvoir qui n’en demandait pas plus. Car il y a fort à parier que si la présidence du FPI échappe à Pascal Affi N’Guessan qui, il faut le reconnaître, s’est beaucoup donné pour le parti, il risque de rendre le tablier et créer son propre parti politique, afin de se présenter à la présidentielle prochaine. C’est le scénario qui se dessine, d’autant que Pascal Affi N’Guessan est considéré comme un homme modéré qui roule pour le président Ouattara que le camp adverse ne veut pas voir, même en peinture. De toute évidence, le FPI est actuellement à la croisée des chemins. Et ce congrès, lorsqu’il aura lieu, nous en dira plus sur l’avenir de ce parti. En tout cas, on ose espérer que par un sursaut d’orgueil, les deux camps qui se combattent, finiront par dépasser leur ego, dans l’intérêt supérieur du parti et que tous, de bon cœur, se donneront la main.
Boundi OUOBA