CONFLITS EN AFRIQUE : Donald Trump, faiseur de paix ou boutefeu ?
C’est une personnalité aussi ambigüe que contrastée, dont les sorties et les prises de position manquent de lisibilité. En effet, alors qu’il tente parfois de se poser en faiseur de paix au point qu’il lorgne le Prix Nobel de la paix, le président américain, Donald Trump, puisque c’est de lui qu’il s’agit, joue parfois les boutefeux. Tant et si bien que l’on se demande parfois s’il mérite d’être pris au sérieux. En effet, alors qu’on le sait très impliqué aux côtés des autorités qataries en vue de rabibocher Kinshasa et les rebelles du M23 qui contrôlent le Nord et le Sud Kivu, le successeur de Joe Biden vient de se découvrir un nouveau profil de médiateur. C’est lui-même qui le dit sur son réseau social Truth Social où sont faites la plupart de ses publications. A la demande du prince saoudien, Mohammed Ben Salman qu’il recevait à Washington, Donald Trump se dit prêt à s’engager « pour mettre fin au conflit » entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) et ce, en tandem avec l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte. On aurait applaudi à tout rompre face à une telle initiative que d’aucuns ont vite fait de dénommer le Quartet si, dans le même temps, Donald Trump ne menaçait pas d’attaquer le Nigeria qu’il accuse de « tolérer les meurtres de chrétiens ». Pour l’homme aux cheveux peroxydés, les chrétiens sont les seules victimes des violences liées au terrorisme, qui secouent le Nigeria depuis plus d’une décennie. Comment donc comprendre que le même président Trump qui dit travailler à faire taire les armes au Soudan et en République démocratique du Congo (RDC), se dit ouvertement prêt à engager des hostilités contre le Nigeria ? C’est à n’y rien comprendre.
Le président Trump donne parfois l’impression de n’être pas bien informé sur l’actualité des pays africains
Car, autant on souhaite que le pragmatisme des Etats-Unis fasse bouger positivement les lignes au Soudan et en RDC, autant on aurait aimé voir le locataire de la Maison Blanche s’impliquer, corps et âme, aux côtés des dirigeants nigérians afin de les aider à porter l’estocade à Boko Haram qui, faut-il le rappeler, trucide indistinctement chrétiens et musulmans. Ces derniers, si l’on en croit certaines données statistiques, en paient d’ailleurs un lourd tribut. La preuve, s’il en est, la vingtaine d’élèves qui viennent d’être enlevés au Nigeria en début de semaine en cours, sont tous présentés comme des musulmans. Ou bien cela n’émeut pas outre mesure le président Trump qui, à l’analyse, donne parfois l’impression de n’être pas bien informé sur l’actualité des pays africains ? Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant d’autant plus qu’il les a toujours qualifiés de « pays de merde ». Mais une chose est certaine : si Donald Trump, sous son second mandat, souhaite que l’histoire retienne de lui, l’image d’un homme qui se sera impliqué dans la résolution des conflits en Afrique et à travers le monde, il doit changer son fusil d’épaule. Il doit mettre un point d’honneur à chausser les bottes de Mahatma Gandhi qui est l’une des personnalités dans le monde à avoir marqué l’Histoire pour son engagement en faveur de la paix. Le peut-il seulement ? On attend de voir.
B.O
