CONSEIL MUNICIPAL DE DOUNA DANS LA LERABA : Les élus du CDP et de l’UPC claquent la porte
Neuf conseillers municipaux de la commune rurale de Douna, localité située dans la Léraba et à 45 kilomètres de Banfora, ont remis au maire leur lettre de démission avec ampliation au ministre de l’Administration territoriale. Ils accusent le maire de se laisser embrigader par certaines personnes au point de rejeter leur appel à l’ouverture qui, pourtant, devrait permettre une gouvernance dans la cohésion.
Le Conseil municipal de Douna compte 20 conseillers dont 10 pour le MPP, 6 pour le CDP, 3 pour l’UPC et 1 pour la NAFA. Ce sont les 6 élus du CDP plus les 3 de l’UPC qui, à travers une lettre collective adressée au maire de la commune, lui ont notifié leur démission du Conseil municipal. Ladite lettre a été lue le 27 mars 2017 à Douna, devant les élus, militants et personnes-ressources du CDP et de l’UPC de la localité. Pour ce bureau, rien ne va plus au Conseil municipal de Douna. « Voilà déjà un an que le Conseil municipal de Douna a été mis en place. Seulement, nous ne voulons pas être comptables de la gestion qui se passe actuellement », ont-ils d’emblée martelé. Selon Drissa Kara, SG de la sous-section CDP de Douna, à l’issue des élections, il était clair qu’aucune formation politique n’avait la majorité absolue pour pouvoir désigner à elle seule le maire et gouverner. Dans le temps, fait-il remarquer, un seul parti politique pouvait totaliser 15 ou 18 conseillers sur les 20 que compte la commune de Douna. Ce parti pouvait gouverner sans problème. Mais, poursuit le
SG, de nos jours, cela n’est plus possible et pour la mise en place du bureau actuel du Conseil municipal, nous, au CDP, avons proposé aux élus du MPP la mise en place d’un bureau d’union, dans lequel tous les partis allaient être représentés. « Toute chose qui allait amener une bonne ambiance au Conseil municipal. Même la chefferie traditionnelle partageait cette vision, puisqu’à l’époque, elle nous a réunis pour rechercher cette cohésion. Malheureusement, la vision était différente chez les élus du MPP », a indiqué Drissa Kara qui ajoute que cette ouverture n’a pas été possible parce que les élus du MPP étaient assujettis à un « pacte diabolique » qu’ils ont signé sur un fétiche très redouté dans le village de Niofila. A travers ce pacte, le fétiche doit éliminer physiquement tout individu qui viendrait à trahir le reste du groupe. Pourtant, ils avaient déjà fait la répartition des postes et celle-ci ne laissait pas de place à quelque ouverture que ce soit. A entendre le SG de la sous-section du CDP, le groupe CDP/UPC, de son côté, n’avait demandé qu’un seul poste de premier ou de deuxième adjoint au maire. Mais, regrette-t-il, le MPP n’a pas pu ou voulu accéder à cette requête et cela, malgré l’implication du chef de village et l’intervention de nos ressortissants en Côte d’Ivoire. « Le groupe MPP n’a pas voulu conjurer le pacte et nous accorder le seul poste que nous, du CDP et de l’UPC, demandions ». C’est, selon Drissa Kara, ce qui a amené les militants du CDP, lors d’une assemblée générale, à décider que nos élus locaux quittent le Conseil municipal. « Un an après, il ne nous paraît plus nécessaire de figurer dans ce conseil et d’être comptables de la gestion qui adviendra. Nous leur laissons donc le Conseil municipal puisqu’ils estiment et ils l’ont dit, qu’ils peuvent, à 11 conseillers, gérer la commune », martèle-t-il. A l’entendre, hormis la toute première session convoquée pour la mise en place du bureau du conseil, les élus du CDP et de l’UPC n’ont plus participé à la moindre session du Conseil municipal. Et même si leur souhait n’est pas de bloquer ou de faire dissoudre le Conseil municipal, les militants qui s’étaient rassemblés le 27 mars 2017 au centre de Douna, reconnaissent que leur démission n’est certainement pas sans conséquence sur les délibérations du conseil. C’est le cas par exemple de celles relatives aux actes financiers où, ont-ils dit, il faut la majorité absolue pour les faire passer. Déjà, les militants CDP s’étonnent de constater que le maire a voté son budget avec seulement 11 élus, soit une majorité simple au lieu des 2/3 comme l’exige le code général des collectivités territoriales. « Pour nous, ce qui pourrait advenir, et nous n’y voyons aucun inconvénient, c’est soit la mise en place d’une Délégation spéciale après la dissolution de ce Conseil municipal ou, comme ils sont du parti au pouvoir, ils peuvent être autorisés à diriger la commune sans problème. Pour notre part, nous nous résignons en simples spectateurs», a conclu le SG Drissa Kara qui a insisté une fois de plus pour dire que la crise à Douna, a atteint un point de non-retour et que c’est parce que les élus du CDP ne veulent pas être comptables de certaines dérives qu’ils ont choisi de quitter l’exécutif local, comme le leur ont demandé les militants.
De leur côté, les militants MPP attestent qu’aucune crise ne sévit dans le Conseil municipal. Dounfalmè Son, deuxième adjoint au maire, avec qui nous avons pris langue, confie que les sessions se déroulent normalement et qu’à chaque fois, le quorum est atteint puisque le groupe de 11 conseillers qu’ils constituent avec l’unique élu de la NAFA, est toujours présent. A entendre Dounfalmè Son, les nouvelles dispositions du CGCT indique que désormais, le quorum, c’est la moitié des conseillers plus un. Et sur la question, renchérit-il, réagissant à une correspondance du CDP à lui adressée, le Haut-commissaire de la Léraba leur a confirmé cela. Le deuxième adjoint au maire précise au passage que le CDP n’a entrepris aucune démarche vers eux, durant les 28 jours qui se sont écoulés entre le jour des élections et la mise en place du Conseil municipal. « C’est bien après, qu’à travers nos ressortissants en Côte d’Ivoire qui étaient au village pour des festivités, ils ont souhaité que le 1er ou le 2e adjoint au maire leur laisse la place ». Selon lui, les élus du CDP tout comme ceux de l’UPC n’ont plus réintégré la salle du Conseil municipal depuis qu’ils ont été battus le jour du vote du maire.
Mamoudou TRAORE