HomeA la uneCONTESTATION DE LA CANDIDATURE D’ADO SUR FOND DE VIOLENCES

CONTESTATION DE LA CANDIDATURE D’ADO SUR FOND DE VIOLENCES


C’est une semaine agitée  qui en annonce malheureusement d’autres, qui vient de s’achever en Côte d’Ivoire, marquée par des violences entre partisans des différentes chapelles politiques dans plusieurs localités du pays. Comme c’est de coutume dans cette Côte d’Ivoire plurielle, les protagonistes ont encore utilisé  des machettes comme moyen de persuasion ou de dissuasion pendant ces trois jours d’échauffourées  qui ont fait cinq morts et plusieurs dizaines de blessés. On aurait considéré cette brusque montée des périls comme un épiphénomène dans un pays qui a déjà touché le fond, si on n’avait pas assisté à des affrontements meurtriers sur fond de rivalités politiques, mais surtout ethniques comme à Daoukro au Centre et à Bonoua au Sud-Est, respectivement villes natales de l’ancien président Henri Konan Bédié et de l’ancienne première dame Simone Ehivet Gbagbo. Si on considère que nous ne sommes qu’aux premiers pas de la longue et périlleuse marche vers une présidentielle à hauts risques d’octobre prochain, on ne peut qu’être transi de peur pour ce pays qui garde encore les stigmates de deux décennies de braise et dont certains acteurs politiques n’hésitent pas à utiliser le mensonge et la manipulation pour attiser la haine entre les populations. Car, ce qui est inquiétant dans la situation actuelle de la Côte d’Ivoire, c’est moins les débats juridiques sur la constitutionnalité de la candidature de Alassane Ouattara et les discours volontairement fanfarons des leaders politiques, que l’éventualité d’une guerre post-électorale au cours de laquelle chaque Ivoirien, en fonction de ses origines, serait, par amalgame immédiat, inscrit dans un camp. Ce serait alors ‘’bonjour le Burundi ou le Rwanda’’ des années quatre-vingt-dix où « l’autre » n’est plus le frère, mais plutôt celui qui met en péril notre pouvoir et notre identité.

 

L’intérêt de la Côte d’Ivoire réside dans l’union de tous ses fils et non dans les discours haineux

 

Le risque de dérives ethniques est malheureusement réel dans ce pays pourtant  le plus cosmopolite de la sous-région, et ce sont encore ces politiciens qui ont tout dans les muscles mais rien comme projets de société,  qui vont allumer la mèche, en s’appuyant sur la fracture communautaire potentiellement belligène entre « Ivoiriens du Sud, donc Ivoiriens de souche » et les « étrangers venus du Nord ». Le président Alassane Ouattara, sur qui se concentrent actuellement tous les tirs de l’opposition, serait celui par qui le malheur est arrivé en Côte d’Ivoire pour ainsi dire, avec sa nomination inopinée comme Premier ministre en 1990, et surtout sa prétention à gouverner le pays en 1993, alors que les nordistes comme lui occupaient jusqu’alors des fonctions politiquement marginales. Depuis, il y a eu un véritable basculement et les nostalgiques devront se rendre à l’évidence que l’intérêt de la Côte d’Ivoire réside dans l’union de tous ses fils et non dans les discours haineux comme ceux qui refont de plus en plus surface depuis quelques semaines. On espère que les politiciens, tous bords confondus, et les leaders d’opinion, auront assez de lucidité et de clairvoyance pour ne pas surfer sur les référents ethniques pour espérer conserver ou reconquérir le pouvoir. Les jours à venir nous en diront un peu plus sur l’engagement de tous à apaiser  les débats politiques et à chasser définitivement les vieux démons afin que la Côte d’Ivoire ne revive plus ces scènes surréalistes de combats de rue, au cœur même d’Abidjan, pour la conquête du pouvoir. L’espoir est permis, mais on devra tout de même ouvrir l’œil et surtout le bon car, depuis la mort du père-fondateur Félix Houphouët Boigny, on a beau chasser le naturel dans ce pays, il est toujours revenu plus galopant que jamais.

 

Hamadou GADIAGA


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