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CONTESTATION DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE


L’opposition nigérienne rassemblée au sein de la coalition Cap 20/21 sous la houlette du candidat Mahamane Ousmane, conteste les résultats du double scrutin législatif et présidentiel du 27 décembre dernier. Réunis dans la cuvette du Palais des Sports de Niamey, le 11 janvier dernier, les militants et sympathisants de l’opposition pointent du doigt, de nombreuses irrégularités dont des fraudes et des bourrages d’urnes qui, selon eux, entament la crédibilité de l’élection. C’est donc très logiquement qu’ils demandent l’invalidation de certains résultats. Pour parvenir à ses fins, l’opposition nigérienne refuse cependant de recourir à l’argument de la force en usant des voies de recours légales. « Nous sommes des Républicains ; donc si nous avons des contestations, nous utilisons des moyens légaux pour contester » a, en effet, laissé entendre l’un des leaders de la coalition. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faut féliciter l’opposition nigérienne qui fait preuve de retenue et surtout de grande maturité d’esprit. Car, sous d’autres cieux, comme on a pu le voir lors de récentes élections, la contestation aurait défié les mécanismes légaux du contentieux électoral pour prendre la forme d’un bras de fer entre l’opposition et le pouvoir, dans la rue, avec des risques de débordements meurtriers et de forts impacts sur la cohésion et l’unité nationales. Un tel scénario aurait été catastrophique pour le Niger déjà confronté aux ruades meurtrières des groupes terroristes. Le pays, on se souvient, n’a pas encore séché ses larmes suite à la dernière incursion sanglante des ingénieurs du mal, qui avait fait plus d’une centaine de morts dans la région des trois frontières plus tristement connue sous l’appellation de « triangle de la mort ». Il faut donc souhaiter que la Cour constitutionnelle qui bénéficie de la confiance des opposants nigériens, vide ce contentieux électoral avec le maximum de rigueur et d’impartialité pour ne pas faire regretter aux plaignants, leur acte de foi. Elle a, en tout cas, tout à gagner en ne démentant pas sa réputation de juridiction crédible.

L’Opposition doit savoir jouer balle à terre comme elle l’a jusque-là fait

Cela dit, si tout laisse croire que la Cour constitutionnelle bénéficie de la confiance de Mahamane Ousmane et de ses camarades, il n’en est pas de même pour la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui fait l’objet de critiques. C’est donc sans grande surprise qu’ils demandent que ceux des membres de l’organe chargé de l’organisation du scrutin qui sont à l’origine des résultats contestés, soient écartés du dispositif pour le second tour. Sans vouloir jeter de l’huile sur le feu, l’on ne peut que constater et nourrir le regret que les structures électorales qui sont censées organiser en toute impartialité les scrutins, sont souvent celles-là mêmes qui, en Afrique, jouent un jeu trouble. Mais même face à cette défaillance, l’opposition, sans renoncer à son droit à la vérité des urnes, doit savoir jouer balle à terre comme elle l’a jusque-là fait, prouvant ainsi que le Niger est une véritable démocratie et non une république gondwanaise où le trucage des élections le dispute à la mauvaise foi des opposants. En tout état de cause, c’est toute la classe politique qui est interpellée. Elle gagnerait à faire preuve de responsabilités pour ne pas mettre sous l’éteignoir la belle flamme de cette démocratie nigérienne et ternir au passage la belle sortie de scène du président Mahamadou Issoufou qui, dans une Afrique où fleurissent les tripatouillages constitutionnels pour faire place aux troisièmes mandats, fait preuve d’une exceptionnelle exemplarité.

SAHO

 


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