HomeA la uneCONTRIBUTION DU BURKINA A LA LUTTE CONTRE BOKO HARAM : Qui mieux que le RSP ?

CONTRIBUTION DU BURKINA A LA LUTTE CONTRE BOKO HARAM : Qui mieux que le RSP ?


« Si la danse de la famille s’exécute dans un plat, que chacun y mette le pied », dit un proverbe de chez nous. En effet, dans une communauté donnée, lorsqu’il y a une cause à défendre, une tâche à exécuter, chaque membre de cette communauté doit trouver le moyen d’y apporter sa contribution et ce, quelles que soient les difficultés qu’il doit surmonter à cet effet. Mu par cette sagesse africaine, le Burkina Faso n’entend pas être en reste dans la lutte contre Boko Haram, en dépit des difficultés qu’il y a dans cette lutte. En effet, s’engager ouvertement contre Boko Haram, c’est s’exposer au risque de subir les foudres de cette nébuleuse. Mais, ne pas s’engager ne garantit pas non plus une immunité absolue contre la barbarie de ce monstre. Du reste, des soldats burkinabè sont déjà engagés dans cette lutte contre les terroristes en Afrique de l’Ouest, à travers le déploiement au Nord-Mali, la participation aux exercices de Flintlock et à l’opération Barkhane.

Le RSP est visiblement le régiment le mieux outillé   pour relever ce challenge

Participer à la lutte contre Boko Haram est donc un droit et même un devoir pour le Burkina Faso, comme pour tout autre pays de l’Afrique de l’Ouest. « Quand la case du voisin brûle, va vite l’aider à l’éteindre, sinon l’incendie touchera tout le monde », dit un dicton africain. Boko Haram est une menace pour toute la sous-région et non pas seulement pour le Nigeria et le Cameroun. Aucun pays n’est à l’abri si on laisse cette secte prendre de l’ampleur. Le président de la transition burkinabè, Michel Kafando, a été bien inspiré d’envisager d’envoyer des soldats combattre ces islamistes radicaux. Pour cela, il faudra   des soldats bien formés, rompus à l’art de la lutte contre le terrorisme. Et dans cette mission, qui mieux que le RSP pour porter le drapeau burkinabè ? En effet, ce régiment qui compte une unité de lutte anti-terroriste en son sein, est visiblement le mieux outillé de l’armée burkinabè pour relever ce challenge. L’entrée en scène de cette unité peut être d’un apport considérable aux troupes des autres pays déjà sur le terrain. Pour autant, il serait contreproductif d’envoyer toute l’entité RSP au front, contre Boko Haram. Cela ressemblerait à une façon de se débarrasser de ce régiment décrié, de l’éloigner du Burkina. Ce, d’autant plus que tous les éléments du RSP ne sont pas spécialisés dans le domaine de l’antiterrorisme.

La bonne décision serait de faire en sorte qu’il y ait une nouvelle entité savamment constituée pour exécuter cette mission. En effet, ce contingent gagnerait naturellement à compter dans ses rangs, l’unité anti-terroriste du RSP. A ce groupe, il faudra œuvrer à ajouter des soldats venus d’autres entités d’élite de l’armée burkinabè. En somme, le Burkina Faso gagnerait à tirer profit de l’expertise du RSP en matière de lutte contre le terrorisme et à combiner cette expertise avec celle d’autres corps de l’armée en vue de constituer un régiment anti-terroriste fédérateur, dont l’utilité n’est plus à démontrer par ces temps qui courent. Ce pourrait d’ailleurs être là une opportunité pour le RSP qui cherche une occasion de redorer son blason, de se racheter aux yeux de l’opinion burkinabè et de faire sa mue. Ses unités qui ne seront pas concernées par la lutte contre le terrorisme pourraient être reconverties, redéployées vers d’autres missions de l’armée nationale. Cela contribuerait également à redonner toute sa fierté au reste de l’armée burkinabè et à consolider l’unité de la grande muette mise à rude épreuve par les agissements et l’existence même du RSP que l’opinion qualifie volontiers d’armée dans l’armée.

Si le Burkina réussit à mettre en place ce régiment anti-terroriste fédérateur et opérationnel, avec à la clé une reconversion du RSP, il aura réussi un double pari. Le pari d’avoir résolu avec brio l’équation RSP qui constitue un caillou   dans la botte de la transition et le pari de pouvoir assurer une contribution optimale du Burkina dans la lutte contre Boko Haram en particulier et le terrorisme en général. L’armée burkinabè a la bonne réputation de savoir bien tenir ses positions là où d’autres flanchent. Ce contingent méritera donc sa place face aux hommes d’Abubakar Shekau, qui sont une vraie menace pour le vivre-ensemble, pour les nations libres.

La contribution des populations est essentielle

Le défi est immense. Certes, la secte nigériane semble accuser le coup face à la détermination des armées tchadienne, camerounaise et nigérienne. Surtout que même l’armée nigériane semble résolue à sortir définitivement de sa torpeur. Mais, il est impérieux de continuer, voire d’accentuer la traque de ces « fous d’Allah ». En tout cas, « il faudra éviter d’enterrer le cadavre en laissant ses pieds dehors ». Il est plus que nécessaire de prendre le temps et les moyens de faire un nettoyage en règle, de réduire Boko Haram à sa plus simple expression, à défaut de pouvoir l’anéantir purement et simplement.

Et dans ce combat, la contribution des populations est essentielle. Boko Haram, par sa barbarie, a déjà réussi à s’aliéner le soutien de bien des populations. Il convient de lui rendre la tâche encore plus difficile, en sensibilisant davantage ces populations sur le péril que représentent ces « illuminés ». Les marches de soutien à l’armée camerounaise dans sa lutte contre Boko Haram et les cotisations de quelques Nigériens pour soutenir leur armée engagée dans la même lutte, sont des initiatives heureuses. Elles témoignent de la détermination de la société civile à jouer désormais sa partition par la mobilisation citoyenne dans cette lutte. Les prises de position sans équivoque de certains dignitaires religieux musulmans contre l’imposture de ces sanguinaires, participent également des efforts de conscientisation des populations. Si ces actions se poursuivent et sont complétées par des réalisations fortes au plan social, surtout en termes de création d’emplois au profit des jeunes dans la région, Boko Haram aura de plus en plus de mal à recruter et mourra de sa belle mort. Ce travail de mobilisation des populations est, de ce fait, un complément précieux à l’action purement militaire contre le terrorisme.

« Le Pays »


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