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CONTROLE DE L’AUTHENTICITE DES DIPLOMES


Le conseil des ministres du mercredi 16 septembre dernier a, dans sa rubrique « communications orales », évoqué la problématique des faux diplômes. Ainsi, le ministre de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale, a fait au Conseil, le point des résultats à mi-parcours de l’opération de contrôle de l’authenticité des diplômes. Cette première étape a porté sur 73 835 diplômes, soit environ 40% des agents publics. Le résultat fait ressortir 561 diplômes qui sont des cas douteux et qui représentent 0,33% des diplômes contrôlés. D’entrée de jeu, on peut dire que le gouvernement est dans son bon droit de contrôler l’authenticité des diplômes du pays. Car, c’est lui qui se porte garant de leur qualité et de leur authenticité. Et la pire des publicités que l’on puisse faire à un pays, est de soutenir l’idée selon laquelle certains de ses agents publics ont intégré la Fonction publique avec de faux diplômes. De par le passé, le Burkina Faso passait pour un pays exemplaire, en tout cas, dans la sous-région, en matière d’authenticité de ses diplômes et par ricochet, pour le caractère rigoureux de ses examens scolaires et académiques. C’est pour cette raison d’ailleurs, entre autres, que Ouagadougou a eu l’honneur d’abriter le siège du CAMES (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur). La structure a été créé en 1968. Certes, la personnalité et l’aura du professeur Ki- Zerbo avaient été déterminantes pour le choix de Ouagadougou mais si les pays membres avaient jeté leur dévolu sur notre pays, c’était parce que ce dernier représentait un îlot d’intégrité dans cet océan de trafic de diplômes que représentaient bien des pays francophones. Et franchement, dans certains pays de cet espace, dont nous tairons ici les noms, bien de leurs diplômes ont perdu toute crédibilité, surtout à l’extérieur.

Il revient au gouvernement d’apporter la preuve que son opération a pour seul objectif de tirer la qualité de son système de production de diplômes

A contrario, les diplômes du Burkina y étaient prisés. Cette image, malheureusement, a pris un coup depuis que les Burkinabè ont choisi de faire la promotion de la médiocrité et de la courte échelle. Et ce sont les hommes politiques qui ont inscrit le pays dans ce paradigme. En tout cas, depuis 1987, date de l’avènement de la rectification, cette politique était devenue pratiquement un sport national. Par moments même, des parents ont été mis à contribution pour acheter à prix d’or de faux diplômes à leurs rejetons. Ils étaient d’autant plus enthousiastes à le faire que ces faux diplômes étaient un marchepied vers l’emploi. On peut prendre le risque de dire que bien des agents publics doivent leur emploi à cela. Il est donc heureux de constater que le gouvernement est à leurs trousses aujourd’hui. On peut aussi se réjouir que l’ASCE-LC (Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption) ait été désignée pour contrôler la régularité des diplômes. Dans le même temps, on peut souhaiter que l’ensemble des agents publics soient concernés par l’opération. Pour le moment, c’est seulement 40% d’eux qui ont été touchés par l’opération. Et l’on ne sait pas trop comment celle-ci se passe. Le gouvernement doit surtout travailler à déconstruire l’idée selon laquelle, il s’abrite derrière cette opération pour casser du syndicaliste. En tout cas, cette lecture avait été avancée par bien des Burkinabè. Le contexte dans lequel le gouvernement avait lancé l’opération, peut être invoqué pour justifier ce point de vue. En effet, on se souvient que l’idée avait germé alors que le gouvernement entretenait un bras de fer avec certains syndicats, notamment ceux du ministère des Finances. L’un dans l’autre, l’on peut effectivement croire à la véracité de cette thèse. Il revient donc au gouvernement d’apporter la preuve que son opération a pour seul objectif de tirer la qualité de son système de production de diplômes vers le haut et de châtier pour l’exemple, les propriétaires de faux diplômes et leurs complices. Et cela n’est possible qu’à condition qu’il associe à l’opération, en plus de l’ASCE-LC, des organisations de la société civile dignes de ce nom. En outre, le gouvernement doit mettre un point d’honneur à communiquer davantage sur le sujet pour ne pas donner l’impression que les choses se passent à huis clos et selon la tête du client.

Sidzabda


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