COOPERATION ENTRE RENSEIGNEMENTS DU SAHEL ET LA CORNE DE L’AFRIQUE : Deux processus coalisés pour quels résultats futurs ?
La Mauritanie a abrité, du 5 au 7 novembre 2023, une réunion « exceptionnelle » organisée en collaboration avec l’Union africaine (UA) et le Comité des services des renseignements et de sécurité africaine (CISSA). Une rencontre destinée à ressusciter la coopération entre les renseignements des pays du Sahel et ceux de la Corne de l’Afrique. Il s’agissait de remettre au goût du jour, deux « Processus » lancés il y a une décennie en vue de renforcer la sécurité sur le continent. L’un dénommé « Processus de Djibouti » qui réunit plusieurs pays de l’Afrique de l’Est et de la Corne de l’Afrique ; et l’autre appelé « Processus de Nouakchott » regroupant plusieurs pays de la région sahélo-saharienne. En attendant d’en mesurer les retombées sur les théâtres de la lutte contre le terrorisme dans les régions concernées, on peut, d’ores et déjà, saluer l’initiative. Car, en unissant leurs forces, ne serait-ce que sur le plan du renseignement, face au mal commun qui les ronge, ces deux régions africaines en proie au terrorisme, se donnent plus de moyens de tailler des croupières à leur teigneux et redoutable ennemi. C’est dire si l’entreprise est fort louable et si ceux qui en ont eu l’idée, ont vu juste. Ce cadre d’échanges est d’autant plus salutaire qu’il a sans aucun doute été celui du donner et du recevoir ; tant les zones africaines concernées, peuvent se prévaloir d’avoir à la fois beaucoup souffert et appris de la lutte qu’elles continuent de mener, sans relâche, contre le mal terroriste alimenté, pour ce qui concerne la Corne de l’Afrique, par les islamistes shebabs de triste et sulfureuse réputation.
Il faut souhaiter que la coalition des deux « Processus », soit solide comme un roc, de sorte que ses résultats forcent le respect
Et quid du pays hôte de la réunion, en particulier, c’est-à-dire la Mauritanie dont la contribution aux débats, a sans doute été fort instructive, au regard de ses avancées notables sinon ses réussites dans la lutte contre le phénomène terroriste sur son sol ? Nouakchott peut, en effet, se vanter notamment de sa stratégie sécuritaire qu’elle ne manque, du reste, jamais de brandir comme un exemple. Pour le moins, l’on sait que le pays n’a pas connu d’attaques terroristes depuis plus d’une décennie. Toute chose qui, au demeurant, ne rend pas peu fier le général Hanana Henoun Sidi, Directeur général de la Sécurité extérieure de Mauritanie : « La Mauritanie a su anticiper. D’abord, sur le plan sécuritaire, nos forces armées se sont restructurées, se sont organisées et les services de renseignements fonctionnent très bien et sont cités comme exemple dans la région. Nous avons exposé la stratégie de la Mauritanie à tous les pays africains pour qu’ils s’en inspirent ». Reste à savoir quel sort sera réservé à l’application des recommandations issues des travaux de Nouakchott, dont l’Union africaine sera chargée d’assurer le suivi. Il est déjà question de l’organisation de réunions au moins une fois par an. C’est déjà un pas dans la bonne direction. Mais il est absolument nécessaire que cette résolution soit suivie au pied de la lettre. En attendant, il faut souhaiter que la coalition des deux « Processus », soit solide comme un roc, de sorte que ses résultats forcent le respect parce qu’ils auront marqué une avancée décisive dans la résolution de la crise sécuritaire aux conséquences incalculables.
CBS