HomeA la uneCOP 15 EN COTE D’IVOIRE  : Que peut en attendre l’Afrique ?

COP 15 EN COTE D’IVOIRE  : Que peut en attendre l’Afrique ?


A l’instar de la Conférence des parties (COP) sur le climat, celle un peu moins connue sur la lutte contre la désertification, réunit régulièrement de nombreux Etats du monde, sous l’égide des Nations unies, à l’effet de trouver des pistes de solutions à la problématique de la sécheresse qui, au fil des ans, se révèle être l’un des sujets de préoccupations majeurs de la planète. Pour sa 15ème édition, ladite COP se tient, cette année, en Côte d’Ivoire où l’on annonce la participation de pas moins de 196 Etats représentés à des degrés divers. Au-delà de la question de savoir si le pari de la mobilisation sera tenu, se pose aussi celle de la participation de grandes figures du monde au moment où l’Occident a le regard plutôt tourné vers l’Ukraine. Toujours est-il que le président français, Emmanuel Macron, ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, sont annoncés pour une participation par visioconférence aux débats. Ouverte le 9 mai 2022, en présence d’une douzaine de chefs d’Etat réunis autour de l’hôte du jour, le président Alassane Dramane Ouattara, la COP 15 referme ses portes aujourd’hui même 20 mai 2022. Mais que peut en attendre l’Afrique ?

 

L’objectif est de trouver des moyens de contrer l’avancée du désert

 

 

La question est d’autant plus fondée que dans l’imaginaire de bien des Africains, ce genre de rencontres sont l’apanage des pays occidentaux qui sont beaucoup plus enclins à les abriter que les pays africains souvent réduits à un simple rôle de figurants.  C’est pourquoi, au-delà de ce qui peut apparaître comme des dividendes politiques voire économiques pour le rayonnement de la diplomatie ivoirienne, il faut saluer le choix de la capitale économique ivoirienne pour abriter cette COP-15 ; toute chose qui pourrait susciter davantage l’intérêt des pays africains en raison de leur proximité avec ce pays frère, et leur permettre du même coup de mieux toucher du doigt une problématique qui les concerne au plus haut point.  Car, l’objectif est de trouver des moyens de contrer l’avancée du désert, la déforestation, l’appauvrissement des terres arables ou encore la pollution des sols. Un sujet d’autant plus d’actualité qu’il s’agit là d’un phénomène qui menace de nombreux Etats aussi bien du Nord que du Sud où l’omniprésence de la problématique de la famine rend l’équation encore plus complexe pour ces pays pauvres, souvent fortement dépendants de la solidarité internationale. Ce, dans un contexte où les terres arables se réduisent drastiquement comme peau de chagrin au moment où les besoins alimentaires de la planète sont en forte augmentation. C’est dire si l’importance de la rencontre d’Abidjan n’est plus à démontrer. Ce, à l’effet de trouver des pistes de solutions pour une meilleure productivité, dans un contexte de renchérissement du coût de la vie en lien avec les effets pervers du Covid-19 sur l’économie mondiale. Ou encore ceux de conflits comme la guerre en Ukraine ou même les effets du terrorisme qui impactent les productions agricoles comme cela est présentement le cas dans les pays du Sahel.

 

 

Reste à espérer que les recommandations qui sortiront de cette conférence mondiale sur la sécheresse, ne resteront pas lettre morte

 

 

C’est dire que plus que les autres continents, l’Afrique a beaucoup à gagner d’une telle rencontre qui la met face à ses responsabilités. Et le choix de la Côte d’Ivoire peut d’autant plus se justifier qu’en plus d’être un grand pays forestier qui a énormément perdu de son couvert végétal, il est contigu à bien des pays du Sahel confrontés à la problématique de la désertification et de l’appauvrissement des terres lié à l’utilisation de substances chimiques. Abidjan pourrait aussi être l’occasion d’un partage d’expériences en matière de techniques agricoles en milieu austère comme par exemple la culture du zaï, un technique culturale pratiquée dans des pays comme le Burkina Faso. Ou de lutte contre la désertification en partant de certaines initiatives locales comme celle du Prix Nobel alternatif 2018, Yacouba Sawadogo, qui a réussi la prouesse de stopper l’avancée du désert en reverdissant une quinzaine d’hectares dans sa province natale du Yatenga, au pays des Hommes intègres.  Des initiatives locales qui ont certes fait leurs preuves, mais qui ont encore besoin d’être mieux implémentées à une plus grande échelle pour une meilleure visibilité de leur impact. Il y a aussi le cas de la Mauritanie qui a été salué quelques années auparavant par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) comme un exemple de lutte contre la désertification, à travers les succès enregistrés dans les actions visant à contrer l’avancée de la sécheresse. C’est dire si entre actions de prévention de la désertification par une gestion durable des forêts, des terres et des ressources naturelles, et solutions de réparation des dégâts des sols, les sujets d’échanges ne manqueront pas à Abidjan. Reste maintenant à espérer que les recommandations qui sortiront de cette conférence mondiale sur la sécheresse, qui s’étend jusqu’au 20 mai prochain,  ne resteront pas lettre morte. A l’image de toutes ces belles résolutions prises à l’occasion de grandes rencontres internationales mais qui finissent bien souvent par dormir dans les placards, quand ils ne pâtissent pas d’un manque de volonté politique à leur opérationnalisation. C’est à ce prix qu’Abidjan ne sera pas une conférence de plus des décideurs.

 

 « Le Pays »

 


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