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CORONAVIRUS AU BURKINA


Dans la déclaration ci-dessous, le président de Le Faso Autrement, Ablassé Ouédraogo, tout en félicitant le chef de l’Etat pour son adresse à la nation, lui demande de faire preuve de transparence en communiquant sur sa santé et celle de ses ministres. Lisez plutôt pour en savoir davantage !

La pandémie du coronavirus ou Covid-19 est une réalité et une préoccupation auprès de la population, tant ses ravages ne connaissent ni le territoire, ni la race, ni la religion, ni l’âge, ni le genre et ni même la classe sociale. Personne n’est épargné par ce virus qui infecte les chefs d’Etat, les présidents d’institution, les ministres et les parlementaires, les acteurs, les artistes et les sportifs y compris le citoyen ordinaire partout dans le monde et dans notre pays. Nous voudrions saisir cette occasion pour souhaiter un prompt rétablissement à toutes celles et à tous ceux qui luttent contre ce virus.  Tout d’abord, nous tenons à saluer le message à la Nation du 20 mars 2020 du Président du Faso sur la pandémie du Covid-19 qui, bien que tardif, marque la nécessité impérative de changer nos habitudes et nos comportements pour adopter « les bonnes pratiques afin d’interrompre la chaîne de transmission communautaire du Covid-19 ».  Nous voudrions ici souligner à nouveau l’obligation pour toutes et tous de pratiquer les gestes barrières : se laver les mains au savon régulièrement, éviter tout contact physique et déplacements non-essentiels, et respecter les mesures de quarantaine lorsqu’on a été exposé ou quand on est porteur du virus. A ce jour, nous constatons tristement que le mal est bel et bien ancré dans toutes les sphères de notre société. Sa vitesse de propagation est effrayante et à la date du 23 mars 2020, soit 72 heures après cette adresse à la Nation, il est annoncé 99 personnes infectées et quatre décès. Cette évolution de la pandémie indique de sérieuses faiblesses, des défaillances et négligences ainsi qu’un manque de transparence dans la stratégie de riposte nationale contre ce virus, surtout que nous avons eu l’avantage d’observer les tristes expériences des autres pays à travers le monde. L’heure est grave et il est urgent de prendre des actions et des mesures fortes et concrètes pour stopper la propagation du virus dans notre pays. Le moment n’est pas aux tergiversations étant donné que selon les experts la contagion s’accélère dès que le chiffre de cent infectés est atteint. Et pour sauver ce qui peut l’être encore, il faut tout de suite aller au confinement total, étape qui ne saurait être évitée si l’on veut freiner la propagation du virus voire son éradiquer pour de bon.  Permettez-nous de rappeler ici, que la transparence doit être la colonne vertébrale de toute stratégie qui vise le succès. En l’occurrence, le combat que nous menons contre ce virus nécessite plus que jamais, l’implication et la collaboration de tout le monde dans la transparence, car les actions des uns ont des conséquences directes sur la santé des autres. Au nom de l’obligation de redevabilité du président du Faso envers le peuple burkinabè, son message sera encore plus écouté et mieux suivi, si les Burkinabè avaient la certitude que tout ce qui se fait et tout ce qui se dit, l’est dans la transparence, y compris au sein du gouvernement. Le bon exemple commence par le sommet et le coronavirus n’est point une maladie de la honte. Pour ce faire, les Burkinabè devraient disposer de l’information sur la santé de ses gouvernants ainsi que des mesures prises autour d’eux pour empêcher la propagation de la pandémie. La sécurité et l’avenir du Burkina Faso en dépendent. Nous tenons à souligner le fait que la transparence permettra de renforcer l’efficacité du « plan de riposte autour duquel s’organise la mobilisation des acteurs et des partenaires techniques et financiers ».  Dans ce plan de riposte, nous souhaiterions attirer l’attention du chef de l’Etat sur deux éléments essentiels de cette guerre contre le virus, qui n’ont pas été mentionnés dans son message à la Nation, et qui méritent pourtant d’être traités au plus vite.  Il s’agit, d’une part, des mesures d’accompagnements pour renforcer les capacités en équipements et en matériels de nos hôpitaux, et améliorer les conditions de travail des personnels de santé qui se battent actuellement les mains nues, contre cette pandémie dans un système de santé obsolète et fragile. La disponibilité des blouses, des combinaisons, des masques, des visières de protection, du savon liquide, du gel, des kits de dépistage, des respirateurs de réanimation, des machines à laver pour traiter le linge des patients, des produits de désinfection, du matériel de gestion des déchets biomédicaux comme les poubelles, les sacs poubelles et les incinérateurs, est impérative pour notre personnel de santé qui travaille sans relâche sur la ligne de front. Reconnaissons que la plupart des hôpitaux, et des cliniques privées de notre pays ne disposent pas d’incinérateurs et même quand ils en disposent, ceux-ci sont souvent en panne alors qu’ils sont une condition indispensable dans la gestion des déchets des patients atteints du Covid-19, qui est une maladie avec un potentiel épidémique très élevé. En outre, l’indisponibilité quasi permanente de l’eau courante dans les hôpitaux, qui ne disposent pas non plus de forages, est un problème réel qui ne permet pas de se laver régulièrement les mains comme l’exige la situation. D’autre part, il est important de prévoir des mesures socio-économiques pour soutenir les couches les plus vulnérables afin que nous traversions tous, sans trop de douleurs, cette période de crise sans précédent. Comme l’a si bien dit le président du Faso, « la lutte contre le Covid-19 doit être une priorité » et comme lui, notre conviction est que le défi du coronavirus ne pourra être relevé que dans la solidarité, l’union, la discipline, la transparence et la vérité. Nous demandons au chef de l’Etat, de dire la vérité et rien que la vérité sur l’épidémie du Covid-19 aux Burkinabè. Prompt rétablissement aux membres de notre gouvernement et de notre parlement, ainsi qu’à l’ensemble de nos compatriotes et résidents infectés. Notre profonde compassion aux familles endeuillées.
Que Dieu protège le Burkina Faso !

« Rien n’arrête une idée arrivée à son heure »

Ouagadougou, le 24 mars 2020

Dr Ablassé OUEDRAOGO
Commandeur de l’Ordre national


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