CORONAVIRUS AU BURKINA
Face à l’épidémie de coronavirus qui fait des ravages et dont plusieurs cas ont été déjà confirmés au Burkina Faso, les appels au respect des consignes, se multiplient. C’est le cas de l’Autre Burkina/PSR de Alain Zoubga, qui appelle les pouvoirs publics à prendre des mesures fortes. Car, dit-il, la situation est si critique que « toute hésitation peut être suicidaire ». Lisez plutôt!
« Populations de nos villes et de nos campagnes !
Déjà plongé dans une crise structurelle profonde, notre pays vit, depuis quelques jours, une crise sanitaire grave avec l’apparition de l’épidémie du « coronavirus » à Ouagadougou. Tout le monde est en émoi. Aussi, notre parti souhaite un bon rétablissement à nos sœurs et frères touchés par ce mal.
Le coronavirus n’est peut-être pas une affection plus importante que « notre » paludisme et le VIH/Sida, mais du fait de son apparition brutale et violente, elle nous frappe physiquement, moralement et psychologiquement. La peur habite nos maisons, nos services, les lieux de repos et l’image dans les médias de notre consœur ministre qui montre un courage certain, une détermination réelle mais aussi une dose de détresse, nous en dit plus. Cette nouvelle pandémie porte déjà un coup sur l’image de notre pays que certains voisins ont vite fait de qualifier d’épicentre de la maladie dans la sous-région.
Dans ce contexte où même les systèmes nationaux de santé les plus performants dans le monde sont ébranlés (Chine, Italie, France, Algérie…), toute hésitation peut être suicidaire. Et même si la responsabilité première est bien connue et reconnue, nous devons toutefois assumer notre responsabilité commune, collective et citoyenne toute aussi décisive car, la santé étant un « bien collectif de consommation », c’est désormais la santé pour tous et par tous, et notre devoir est d’en prendre soin. Du reste, nous nous félicitons des premières mesures prises dans le pays. Même n’ayant pas une connaissance du contenu exact du plan de riposte du ministère, nous invitons les populations à les observer scrupuleusement. En outre, nous notons, avec beaucoup de satisfaction, la dernière prise de position des syndicats dans ce contexte de crise sanitaire actuelle. Merci à eux pour leur attitude citoyenne et patriotique.
Pour notre part, face à ce qui constitue désormais chez nous un grave et urgent problème de santé publique, nous nous permettons de proposer ce qui suit autour de deux axes, à savoir la rupture de la chaîne de transmission et la prise en charge des cas.
S’agissant de la chaîne de transmission, une bonne observance des premières mesures est essentielle. En plus de ces mesures, d’autres plus contraignantes devraient être mises en œuvre en approchant certaines communautés pour les présenter sous la forme d’un plaidoyer. Toutes ces mesures devront être mises en pratique sans tarder, car le coronavirus semble être à ses débuts chez nous, alors que du fait de la complexité de l’épidémie, les premières mesures peuvent ne pas suffire.
A l’endroit des communautés religieuses et coutumières:
-Fermeture des lieux de culte (mosquées, églises, temples…) et à défaut, suspension des séances de cultes (messes, prière du vendredi…). Les fidèles seront appelés à exercer leur culte à domicile durant cette période ;
-suspension des pèlerinages ;
-suspension des cérémonies coutumières (funérailles, fêtes, séances d’intronisation…) ;
A l’ endroit des autorités nationales et autres :
-confinement partiel (après les heures de service) ;
-interdiction des rencontres de service de plus de 25 personnes (séminaires, ateliers…) ;
-fermeture des bars dancing, des boites de nuit, des salles de spectacles (ex : remroogo…), des salles de cinémas dans les grandes villes ;
-suspension de toutes les compétitions sportives sur toute l’étendue du territoire ;
-suppression des cérémonies publiques de certaines activités comme les inaugurations, les poses de première pierre, lancement des travaux ;
-port obligatoire de cache-nez dans les véhicules de transport en commun, particulièrement entre Ouagadougou (Kadiogo) et les autres provinces ;
-fermeture partielle des aéroports et renforcement du contrôle des frontières terrestres ;
-renforcement de la cellule sanitaire de contrôle des aéroports (personnel, équipements…) ;
-disponibilité des produits désinfectants dans les services et lieux publics ;
-prédisposition d’équipes mixtes de santé dans les grands marchés et yaars pour information et sensibilisation des usagers.
Le deuxième axe porte sur la prise en charge des cas. Les informations reçues indiquent qu’il y a une faiblesse évidente à ce niveau, surtout pour les cas graves. Aussi, nous recommandons :
-formation spéciale et urgente d’un pool d’agents dans les services importants (hôpitaux, centres médicaux) pour faire face aux cas confirmés ;
-mise à disposition de masques à gaz dans les services de santé qui en ont besoin ;
-mise en place et équipement d’au moins 5 nouveaux services spécialisés dans certains grands hôpitaux du pays.
Certes, le plan de riposte du ministère est déjà adopté. Toutefois, notre expérience montre que son financement n’est peut-être pas acquis. Alors, nous recommandons au gouvernement de faire convoquer une session extraordinaire urgente de l’Assemblée pour réexaminer les priorités du budget en cours et procéder à un réajustement en faveur de ce dossier brûlant, indépendamment des autres appuis.
Nous sommes d’avis que certaines de nos propositions peuvent paraître contraignantes. Mais c’est compte tenu de la qualité actuelle de notre système national de santé, faiblement performant, particulièrement l’état des plateaux techniques existant et de l’urgence de la situation, que nous les portons à votre attention en guise de contributions avec leurs limites.
Populations des villes et des campagnes, le Burkina Faso n’est pas un pays maudit et nous devons y croire.
Que Dieu protège le Burkina et son peuple ! »
Ouagadougou, le 16 mars 2020
Dr Alain Dominique ZOUBGA
Officier de l’Ordre national
Président national de l’AUTRE Burkina/PSR