HomeA la uneCOUVERTURE MEDIATIQUE D’ATTENTATS TERRORISTES : Des propositions pour relever le défi

COUVERTURE MEDIATIQUE D’ATTENTATS TERRORISTES : Des propositions pour relever le défi


 

Les 22, 23 et 24 août 2016, des journalistes  venus, du Burkina Faso, du Niger et du Mali se sont rencontrés à Bamako, au Mali, afin de discuter sur le thème : « Médias et terrorisme ». Des échanges et des communications ont animé cet atelier qui s’est soldé par des recommandations à l’endroit des journalistes du Forum et des autorités.

 « Le vendredi 6 février 2015, des éléments de Boko Haram ont attaqué Bosso,  en premier lieu et ensuite Diffa. Des actions kamikazes ont été menées dans la région. Depuis février 2015 jusqu’à ce jour,  la guerre n’est pas finie, mais des dispositions militaires ont permis de contrôler la zone. La ville de Damasak au Nigeria, qui constitue un repère pour les éléments de Boko Haram, a été occupée par les soldats nigériens et tchadiens. Cette attaque a été repoussée par les Forces de défense et de sécurité qui étaient sur place. Il y a eu des blessés graves et des pertes en vies humaines. La guerre s’est déportée dans la ville. Et avec les crépitements des armes, la population a fui la ville. Nous, en tant qu’hommes de médias, nous ne pouvions pas partir parce que nous sommes la seule radio sur place et c’est l’occasion pour nous de donner la vraie information sur le plan national et international. Ce n’était pas facile parce qu’on avait jamais entendu les armes crépiter d’aussi prêt. Nous avons rencontré des difficultés parce qu’il y avait des zones qui nous étaient inaccessibles. Il y avait des restrictions de mouvement, de circulation de motos et de véhicules.  Mais nous faisions notre travail de journalistes. C’était un peu difficile au début. De telles attaques, c’est nouveau pour le Niger. C’est aussi nouveau, non seulement pour les journalistes, mais aussi pour les autorités. Souvent il y avait des problèmes de compréhension de l’information du côté des autorités». Comme Adam Baboukarna du Niger, des journalistes vivant dans les pays qui ont fait l’objet d’attaques terroristes se sont retrouvés entre le marteau et l’enclume. Et ce témoignage de Adam Baboukarna, responsable de la radio Anfani de Diffa à environ 5 km de la frontière avec le Nigeria, lors de l’atelier du Forum des journalistes pour la paix, fait appel à la responsabilité professionnelle du journaliste en temps de crise. Retranscrit, le récit ne semble pas être émouvant. Et pourtant, il décrit la peur et l’inquiétude que ce journaliste, qui vit dans une zone où sévit Boko Haram, a ressenties. Dans les zones où les terroristes ont attaqué, les modes d’intervention n’étaient pas les mêmes. Et l’atelier de Bamako, au Mali, était une occasion pour le Forum des journalistes ouest africains pour la paix « de faire l’évaluation des actions passées et revenir sur les forces et les faiblesses du Forum afin de faire changer pacifiquement le monde par les micros, les plumes et les caméras », a laissé entendre Ouezen Louis Oulon, initiateur du Forum. C’était aussi une occasion pour les journalistes venus du Niger, du Burkina Faso et du Mali, d’échanger leurs expériences et de trouver des solutions aux difficultés auxquelles font face les hommes et femmes de médias  sur le front. Certes, ils ne font pas, un reportage de guerre, mais cela y ressemble fort, vu le contexte lié au terrorisme.

« Islam et Terrorisme : que dit le Coran ? »

Au cours de la rencontre de Bamako, le thème central était « Médias et terrorisme » et à cet effet, plusieurs communicateurs se sont succédé à la tribune, au nombre desquels, Mohamed Kimbiri, responsable de la Radio Doubé, dont la communication a porté sur le thème : « Islam et Terrorisme : que dit le Coran ? ». Au cours de cette intervention, les journalistes ont été fort édifiés vu que le thème collait à l’actualité. Mohamed Kimbiri a relevé notamment que « le terrorisme se nourrit de l’injustice et de l’ignorance ». Pourquoi cela ? Il explique en ces termes : « D’abord, l’injustice parce que l’islam est stigmatisé dans le monde par les Occidentaux. Aussi existe-t-il une politique de deux poids, deux mesures, source d’amplification du terrorisme dans le monde. Sans omettre qu’il y a une violation du principe de la laïcité dans le monde. Ensuite, l’ignorance parce que ce sont des musulmans qui se laissent prendre dans les pièges établis par les ennemis de l’islam ». Et au cours des échanges, d’ailleurs très animés, il est ressorti que les prêcheurs dans les mosquées sont souvent ceux qui répandent le germe de la violence au sein de la communauté musulmane. Donc, il y a lieu de les canaliser. Et comment « parvenir à la paix » en transformant les conflits à la maison, au travail et dans le monde ? Ouezen Louis Oulon qui a développé ce sujet, estime « qu’immanquablement nous ne pouvons pas forcer de façon croissante  et durable les autres à faire ce que nous voulons ». Alors, « il s’agit d’inventer une approche puissante différente de la coercition pour gérer les différends quand la négociation ne suffit pas », a-t-il suggéré.

Des journalistes ont aussi donné la situation des médias dans le contexte du terrorisme dans leurs pays respectifs, à savoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Et le cas le plus édifiant était le thème « Médias maliens et terrorisme », développé par Alexis Kalambiri. Et ce thème traitait de beaucoup de problématiques, à savoir comment parler de la rébellion sans stigmatiser un groupe d’individu ? Et comment faire la couverture médiatique sans être la caisse de résonnance du gouvernement ? « Notre rôle était de répéter ce que l’armée ou le gouvernement disait. Aussi, on ne devait pas être le relais des salafistes », a clairement signifié Alexis Kalambiri.

Au sortir de la rencontre des 22, 23 et 24 août 2016, le Forum des journalistes ouest africains pour la paix a fait des recommandations non seulement pour la bonne marche du réseau, mais aussi pour interpeller les dirigeants sur la nécessité de permettre aux journalistes de bien faire leur travail en temps de crise. Pour rappel, le Forum des journalistes ouest africains pour la paix a été créé en 2013 à Niamey au Niger.

Françoise DEMBELE


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