CRIMES ECONOMIQUES ET DE SANG : La CCVC lance une « campagne d’interpellation »
La Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) lance, sur toute l’étendue du territoire national, une campagne d’interpellation à l’endroit des autorités de la Transition et des différents candidats en lice pour la présidentielle du 29 novembre prochain, à compter du 14 jusqu’au 29 novembre 2015. Les membres de cette structure à caractère syndical ont animé une conférence de presse, le 5 novembre dernier à Ouagadougou, pour décliner les grandes actions qui seront menées au cours de cette campagne.
Les préoccupations légitimes et pressantes des populations, à savoir les questions sociales et celles de l’injustice dans les crimes économiques et de sang, n’ont toujours pas entièrement été prises en compte. Car, les autorités de la Transition ont fait des promesses qu’elles n’ont pas tenues. Ce sont les membres de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC) qui étaient face aux Hommes de médias le 5 novembre dernier, qui l’ont affirmé. Au regard de cette situation, ils ont décidé d’aller en campagne nationale, du 14 au 29 novembre prochain, pour interpeller les autorités de la Transition et les différents candidats à la présidentielle du 29 novembre prochain. Ainsi, pendant que les ténors des partis politiques seront sur le terrain en train de convaincre les populations sur leurs projets de société, la CCVC sera en train d’échanger avec les citoyens sur leurs attentes vis-à-vis des autorités à venir. Pour ce faire, elle compte mener plusieurs actions sur le terrain. Il s’agit, entre autres, du lancement d’un message officiel à l’ensemble des candidats, notamment les candidats à la présidentielle, de l’animation d’une série de conférences publiques sur l’ensemble du territoire national, en rapport avec les attentes des populations des prochaines autorités, des sensibilisations dans les quartiers, bars, yaars et marchés par les CCVC des différents arrondissements dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso et dans les autres provinces, de la tenue d’un meeting national d’interpellation le 21 novembre prochain, de l’organisation d’une série de débats publics dans tous les lieux de regroupements de jeunes scolarisés et non scolarisés.
La priorité de la jeunesse, ce ne sont pas les élections
Parlant des promesses non tenues par les autorités de la Transition, le 1er vice-président de la CCVC, Chrysogone Zougmoré, a rappelé que le président de la Transition, Michel Kafando, avait dans son allocution d’investiture, promis de faire de la lutte contre l’injustice, la gabegie, la corruption et l’amélioration des conditions de vie du peuple insurgé son cheval de bataille. Que nenni ! « Les produits de première nécessité dont l’huile, le sucre, le mil, le riz et les hydrocarbures demeurent inaccessibles à la grande majorité des populations. La crise de l’énergie et de l’eau s’est davantage aggravée avec des coupures drastiques et anarchiques d’eau et d’électricité, plongeant les populations dans la détresse. L’accès au logement demeure drastiquement limité, au détriment de millions de Burkinabè obligés de se rabattre sur des zones d’habitat précaire, notamment des non-lotis, sans aucune forme d’assainissement. L’accaparement des terres des paysans par les nouveaux riches et dignitaires du régime déchu reste sans solution. L’école burkinabè va de mal en pis, avec l’application au forceps du Continuum et du système Licence-Master- Doctorat (LMD)… », a regretté ce dernier. Pour les membres de la CCVC, la priorité de la jeunesse qui s’est insurgée les 30 et 31 octobre 2014 et lors du putsch du 16 septembre dernier, ce ne sont pas les élections. « C’est la formation et la création d’emplois conséquents qui sont prioritaires », a fait savoir Chrysogone Zougmoré. De son constat, à l’orée de la campagne électorale qui s’annonce comme la plus ouverte, il y a beaucoup de scepticisme au sein des populations, si fait qu’il y a plus d’effervescence au niveau des différents candidats qu’au niveau des futurs électeurs potentiels. Toute chose qui se justifie dans la mesure où, a-t-il soutenu, les populations ont longtemps été bernées, surtout les jeunes. Par conséquent, il a souligné que les différents candidats doivent retenir que les populations sont décidées à ne plus se laisser marcher sur les pieds et à ne plus se laisser berner. Le président de l’Union générale des étudiants du Burkina (UGEB), Patrice Zohinga, lui, est revenu sur la crise qui divise actuellement les étudiants et le personnel administratif du Centre national des œuvres universitaires (CENOU). Pour lui, la revendication du départ du Directeur général (DG) du CENOU, Serges Bayala, par les étudiants, est légitime. Car, dit-il, le DG du CENOU, depuis son arrivée, n’a fait que poser des actes qui vont à l’encontre des intérêts des étudiants. Pourtant, a-t-il expliqué, celui-ci devait être au service des étudiants qui sont ses administrés, mieux répondre à leurs attentes. Plus que déterminé dans sa position, il a estimé que le DG doit démissionner d’autant que les œuvres universitaires sont des œuvres sociales et humanitaires. « Les œuvres universitaires ne peuvent pas être gérées comme toute autre œuvre », a-t-il indiqué. Du reste, il a souligné que dans cette crise, il y a une désinformation et une intoxication de la part des autorités universitaires et ministérielles qui accusent à tort les étudiants d’avoir vandalisé les portes pour avoir accès à leurs dortoirs. « La plupart des étudiants avaient leurs clés en main », a-t-il soutenu. Il faut noter que la campagne d’interpellation de la CCVC avait été annoncée depuis le 15 septembre dernier. Mais, elle a été reportée à cause du putsch du 16 septembre dernier.
Mamouda TANKOANO