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CRISE FONCIERE AU BURKINA  


Le vendredi 30 avril dernier, des promoteurs immobiliers et des propriétaires terriens ont animée une conférence de presse commune dans la salle de conférences du palais de la culture Jean-Pierre Guingané à Ouagadougou. Un seul point était à l’ordre du jour : le problème foncier auquel le gouvernement entend apporter des réponses drastiques.

 

Ce vendredi 30 avril 2021, les Hommes de médias habitués à couvrir les conférences de presse, ont dû se demander s’ils étaient vraiment dans le cadre d’une rencontre avec la presse. En effet, déjà à l’entrée de la salle, vous devriez présenter votre pièce d’identité à l’agent de sécurité. Par la suite, vous êtes dirigés par des hôtesses vers une des places assises réservées aux journalistes. Une fois là, vous avez besoin de chercher une chaise pour vous asseoir. Devant, derrière, à droite ou à gauche, vous aviez de la peine à reconnaître vos voisins. En tout cas, ils étaient tout sauf des journalistes dont certains ont fini d’ailleurs par assister, debout, aux débats, faute de places assises. Bref, venons-en aux faits. La salle de conférences était pleine à craquer. Déjà, les engins parqués au parking, annonçaient les couleurs. Nous étions à une conférence de presse pas comme les autres. Cette foule, du moins ce monde, on le rencontre le plus souvent dans les meetings politiques, dans les grandes assemblées générales, dans les grandes cérémonies… ! Surtout quand les bonnets rouges font preuve d’une présence aussi remarquée. Pour les autres éléments du décor et de l’environnement, passons !  L’Union nationale des promoteurs immobiliers du Burkina (UNAPIB), l’Association des promoteurs immobiliers du Burkina (APIB) et le Syndicat des promoteurs immobiliers (SYNABIP). Ce sont principalement les responsables de ces trois structures qui étaient assis au présidium. Ils étaient entourés d’autres personnalités représentant notamment les habitants des zones-loties, les femmes et les propriétaires terriens. Roger Nikièma, président de l’APIB, est chargé de lire la déclaration liminaire. Et vite, nous allons comprendre les raisons suffisantes de la conférence de presse en repartant quelques jours auparavant. En effet, le 21 avril 2021, un comité interministériel de réflexion sur les mesures conservatoires d’urgence en matière de gestion foncière au Burkina Faso, a été installé et a pour mission, en trois semaines, de proposer, entre autres, des mesures conservatoires urgentes et fortes sur la promotion immobilière et avec effet d’application immédiate dès le dépôt du rapport ; des modalités de mise en place d’un comité de réflexion sur la refonte globale des textes législatifs et réglementaires régissant la gestion foncière au Burkina Faso.

 

Clément Sawadogo et Bénéwendé Sankara pointés du doigt

 

Ce comité semble déranger les promoteurs immobiliers et les propriétaires terriens. « Nous organisons la présente conférence de presse pour avertir l’opinion publique nationale et internationale des enjeux et interrogations que suscitent les intentions projetées de nos trois ministères de tutelle que sont le ministère de l’Urbanisme, de l’habitat et de la ville, le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, et le ministère de l’Economie, des finances et du développement ». Cela est écrit à la page 2 de la déclaration liminaire. Des propos de ministres semblent avoir également écorché les humeurs des propriétaires terriens et des promoteurs immobiliers. Deux séquences racontées par le président Roger Nikièma, le prouvent : « Le ministre Clément Sawadogo affirme par voie de presse, je cite : « le territoire burkinabè est en train d’être dépecé tel un mouton de Tabaski » par les sociétés immobilières, et il en appelle à des mesures urgentes pour désamorcer « une bombe à retardement ». Il renchérit : « Il est temps d’arrêter ce désordre et nous allons l’arrêter » ; « quant au ministre Bénéwendé, il soutient de : « faire marche arrière et appliquer la politique foncière sous la Révolution… ». Et il rajoute une prescription : « Si on ne peut pas faire la chimiothérapie pour traiter le cancer, les médecins conseillent de couper la partie ». Pour les animateurs de la conférence de presse du vendredi, ces propos des deux ministres visent à « discréditer les promoteurs immobiliers aux yeux de l’opinion nationale en les rendant coupables de tous les maux qui minent le foncier au Burkina Faso ». Le président  de l’APIB et ses compagnons ont voulu cette rencontre avec les journalistes pour « apporter une réaction commune à cet acharnement » et « dénoncer collectivement les allégations qui sont faites ».  Les animateurs sont catégoriques : « La dépossession foncière programmée des terres du patrimoine des particuliers à travers les réformes législatives annoncées par l’autorité, nous inquiète au plus haut point quand on connaît la situation de droits acquis permanents des propriétaires terriens ». Et de prévenir : « Cette bombe à retardement tant évoquée, nous pouvons ensemble la désamorcer pour peu qu’il y ait un cadre de concertation globale et inclusive des acteurs ».

 

Michel NANA

 

 


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