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CRISE POLITIQUE AU TOGO


 Jusqu’où ira la rigidité des deux camps

Les protagonistes de la crise togolaise ont renoué le fil du dialogue depuis le lundi 10 septembre 2018, sous les auspices du Comité de suivi de la feuille de route tracée par les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en marge de leur 53e sommet, le 31 juillet dernier à Lomé. En effet, depuis des mois, le pouvoir et l’opposition sont à couteaux tirés sur la question de l’alternance au sommet de l’Etat, l’opposition cherchant à mettre fin à un demi-siècle de règne de la dynastie Gnassingbé, qui se traduirait par l’impossibilité pour Faure, le successeur du père, de prétendre à un troisième mandat. Ou même de débarrasser illico presto  le plancher, c’est-à-dire de partir à la fin de son second mandat en 2020. Mais la majorité présidentielle ne l’entend pas de cette oreille et lutte de toutes ses forces pour sauver le fauteuil du chef de l’Etat, au-delà même de 2020. C’est là toute la problématique de la crise togolaise qui cristallise les attentions depuis plusieurs mois autour du sort d’une seule personne : Faure Gnassingbé. Et depuis un an maintenant, l’opposition a opté de contester dans la rue, organisant régulièrement des marches souvent réprimées dans le sang, par les forces de l’ordre. Toute situation qui impacte négativement l’économie nationale et qui inquiète les pays voisins, notamment ceux de l’hinterland, étant donné que  le port de Lomé est , pour le Sahel, l’un des principaux débouchées sur la mer. C’est dire si cette crise togolaise est potentiellement lourde de conséquences pour la sous-région. C’est en cela qu’il faut saluer l’initiative de la CEDEAO et de l’Union africaine (UA) de créer un cadre de dialogue politique entre les protagonistes de la crise.

Le Togo pourrait glisser dans une zone de non-droit favorable au plus fort

Mais, depuis que ces deux entités ont pris la résolution de faire asseoir la classe politique sous l’arbre à palabres en désignant le président guinéen, Alpha Condé et son homologue ghanéen, Nana Akufo-Addo comme médiateurs, la ligne de fracture reste toujours intacte entre les protagonistes. Parce que, dans la situation du Togo, on a affaire à des politiques qui semblent se figer dans la posture du ‘’tout ou rien’’. Bien évidemment, cela ne facilite pas  le boulot des missi dominici. Dans une situation de crise où chaque camp campe sur sa position, le bout du tunnel demeure toujours lointain. Ce qui peut pousser les médiateurs à jeter l’éponge, avec les conséquences dramatiques qui peuvent en résulter. Alors, l’on se demande jusqu’où ira cette rigidité des deux camps. En tout cas, les protagonistes de cette crise togolaise doivent savoir qu’en jouant aux jusqu’au boutistes, ils ne s’honorent point.  De fait, les Togolais auraient tort de croire que la solution magique pour tirer le pays de l’apoplexie politique dans laquelle il patauge depuis bientôt un an, viendrait de la surenchère.   La plus grande menace reste le risque de glissement du calendrier électoral avec pour conséquence, un scénario à la congolaise. Le Togo pourrait donc glisser dans une zone de non-droit favorable au plus fort, en l’occurrence le pouvoir, ce qui mettrait sous éteignoir les aspirations du peuple à l’alternance démocratique. On ne le dira jamais assez, Faure est à la fois le problème et la solution de cette crise togolaise qui suscite de la curiosité au-delà des frontières du pays, en ce sens que des 16 Etats membres que compte la CEDEAO, il n’y a que le Togo qui soit en marge de la dynamique des alternances. Ce pays est  en quelque sorte le seul mouton noir de la sous-région.

Drissa TRAORE 


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