HomeA la uneCRISE POLITIQUE EN GUINEE-BISSAU : Respecter la force des institutions et non celle des hiérarques

CRISE POLITIQUE EN GUINEE-BISSAU : Respecter la force des institutions et non celle des hiérarques


 

L’ancien président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, qui fait office de médiateur de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), est arrivé le mardi 15 septembre dernier à Bissau où il a rencontré le président José Maris Vaz. L’objectif de ce déplacement est de trouver une solution à la crise politique qui oppose ce dernier et son parti, le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert). Le Nigérian était porteur d’un plan élaboré à Conakry, sous l’égide du président Alpha Condé. Ce plan vise à permettre à chacun de sauver la face tout en créant un climat de confiance jusqu’à la fin de la législature actuelle. Dans le détail, l’ex-Premier ministre et chef du PAIGC, Domingos Pereira, renoncerait à la possibilité de retrouver son fauteuil de Premier ministre, perdu suite à un décret présidentiel et ce, en violation de la Constitution. Un renoncement qui se ferait à condition que le président respecte les textes et accepte sans réserve le nom que lui proposera le parti. Encore la Guinée-Bissau ! Peut-on s’exclamer tout en s’indignant. En effet, c’est la énième fois que ce pays est dans une impasse politique. Et cela provient de ses insuffisances institutionnelles et du caractère congénitalement putschiste de son armée. Les Bissau-Guinéens devraient se sentir blessés dans leur fierté de voir les autres venir toujours à leur chevet pour les aider à résoudre des problèmes dont les causes sont endogènes. C’est à croire que ce pays est maudit. Et la malédiction s’est emparée de ce petit bout de terre depuis qu’il a accédé, au prix d’énormes sacrifices, à l’indépendance en 1973. Depuis cette date, la Guinée Bissau n’a pas connu de répit. Toutes  ses contradictions avaient toujours été réglées par la soldatesque. Et cela avait fini par faire de ce pays un haut lieu du non-droit où les narcotrafiquants prospèrent. Avec l’avènement du président José Mario Vaz, l’on avait eu la faiblesse de croire que le signe indien serait brisé. Mais aujourd’hui, avec la crise politique ouverte qui oppose ce dernier au PAIGC, son parti, l’on peut craindre, si on n’y prend garde, que cette étincelle politique se transforme en un incendie qui signerait le retour des vieux démons.

Cela dit, l’on peut tout de même signaler que c’est la première fois que la Guinée-Bissau, aidée en cela activement par la CEDEAO, tente de résoudre ses contradictions politique dans un cadre institutionnel. Certes, l’on peut dire que la Constitution actuelle, dont une des clauses fait obligation au président de la République de nommer le chef du parti majoritaire premier ministre,  n’est pas parfaite, mais cela peut être lu comme un moindre mal par rapport à ce que ce pays nous avait donné à voir de par le passé où le seul arbitre des querelles politiques était invariablement la grande muette dont les accointances avec les  milieux mafieux étaient de notoriété publique. C’est pourquoi, la posture qui consiste pour la Guinée- Bissau, soutenue par la CEDEAO, à régler ses conflits politiques par les institutions, est une vraie révolution qui doit être saluée et encouragée. De ce point de vu, cette démarche doit être observée jusqu’au bout. Autrement dit, le président José Mario Vaz serait bien inspiré de respecter sans état d’âme les textes en acceptant le nom que lui proposera le parti majoritaire. En effet, tout président est tenu de s’incliner devant ce qui recommande  la loi fondamentale de son pays. Or, dans le cas d’espèce, tout indique qu’il n’est pas dans cet état d’esprit. Cela n’est ni plus ni moins qu’un parjure dont ne peut s’accommoder une démocratie. Si le président ne peut pas se plier à cette exigence pour des raisons liées à ses humeurs, il doit purement et simplement, dans l’intérêt supérieur  du pays, rendre le tablier. Et le pays ferait l’économie d’une crise inutile. En tout état de cause, le prérequis de l’apprentissage de la démocratie et c’est le cas de la Guinée-Bissau aujourd’hui, consiste avant tout à privilégier,  en toutes circonstances, le respect de la force des institutions et non celle des hiérarques. De ce point de vu, toute solution durable à la crise politique actuelle qui oppose le président José Mario Vaz à son parti, le PAIGC, devrait s’inscrire dan cette vision. Autrement, ce serait la porte ouverte au diktat des individus. Toute chose que la Guinée-Bissau doit redouter comme la peste au regard de sa tumultueuse histoire politique. Ce pays a tellement souffert que ses fils et ses filles doivent enfin grandir pour  comprendre que personne ne viendra sauver le pays à leur  place et que le plus important et le plus impérieux qu’ils doivent réaliser pour vaincre le signe indien, et de positionner enfin leur pays sur le chemin du développement, et de ne pas tricher avec la démocratie.

« Le Pays »


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