HomeA la uneCRISE POLITIQUE EN RDC : L’hypocrisie coupable des Etats-Unis  

CRISE POLITIQUE EN RDC : L’hypocrisie coupable des Etats-Unis  


 

Si le peuple congolais attendait un soutien des Etats-Unis, il doit sans doute commencer à déchanter. Et c’est peu dire. En effet, alors que l’opposition et la société civile sont vent debout contre le nouveau calendrier électoral qui prolonge de fait et de jure le mandat du président Joseph Kabila, les Etats-Unis, eux, s’en félicitent. Dans un communiqué rendu public hier, 7 novembre 2017,  le pays de Donald Trump salue la publication du calendrier électoral qui prévoit la tenue des élections générales le 23 décembre 2018. Toutefois, il l’exhorte à quitter le pouvoir à l’issue de ces élections que tous les Congolais appellent de leurs vœux. Morceaux choisis : « Les Etats-Unis notent qu’il importe au président Kabila de respecter la Constitution de la RDC, tel qu’affirmé dans l’accord de la Saint-Sylvestre, de ne pas chercher à exercer un troisième mandat et de quitter le pouvoir après les élections », indique le communiqué avant d’ajouter : « Les Etats-Unis se déclarent résolus à travailler avec le peuple et les institutions de la RDC, l’Union africaine (UA), les partenaires régionaux et internationaux et la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (MONUSCO) pour que les quelque 45 millions d’électeurs congolais puissent voter à temps et comme prévu en décembre 2018 ». Si ce n’est pas de l’hypocrisie, cela y ressemble fort. Car, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette sortie des Etats-Unis n’est ni plus ni moins qu’une caution apportée au régime de Kabila aux abois, et vient du coup doucher les efforts qu’étaient en train d’entreprendre l’opposition politique et la société civile pour obtenir le départ de Kabila. Mais une telle sortie manque d’élégance à tous points de vue, surtout face à un dictateur qui n’a de cesse de ruser avec son peuple.  Car, comme le dit un adage bien connu, «chat échaudé craint l’eau froide ». Cela dit, Kabila a tellement fait preuve de mauvaise  foi qu’il serait naïf de croire que celui-ci quittera de bon gré le pouvoir.

Les Congolais ne peuvent compter que sur leurs propres forces

Du reste, d’ici à décembre 2018, beaucoup d’eau pourrait couler sous les ponts, si fait que Kabila qui n’a jusque-là « rien promis », est capable de tout. Plutôt donc que d’encourager Kabila à rester au pouvoir jusqu’à l’organisation des prochaines élections dont on sait qu’il ne veut pas en entendre parler, les Etats-Unis auraient pu lui suggérer de débarrasser le plancher afin que soit mise en place une « transition politique », comme le souhaitent l’opposition et les mouvements citoyens qui appellent déjà les Congolais au « soulèvement », avec une première journée de manifestation prévue pour le 15 novembre prochain. En tout cas, cette dernière sortie des Etats-Unis montre une fois de plus que les Congolais ne peuvent compter que sur leurs propres forces plutôt que d’attendre un quelconque soutien de la part des grandes puissances dont les positions fluctuent au gré de leurs intérêts. Le peuple burkinabè l’avait bien compris  lorsque, complètement désappointé par les turpitudes de la communauté internationale, il avait pris son destin en main pour mettre fin à la dictature de Blaise Compaoré, le 31 octobre 2014. S’ils veulent la délivrance, les Congolais n’ont d’autre choix que de suivre cet exemple.

B.O 


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