CRISE SOCIO – POLITIQUE AU SOUDAN : La nécessité d’un compromis sans compromission
Le 25 octobre 2022 marquait le tout premier anniversaire du coup d’Etat qui a interrompu la transition démocratique au Soudan. Un an après la gestion du pouvoir, le pays se trouve dans l’impasse. Les militaires n’ont toujours pas réussi à maîtriser la colère de la rue à Khartoum et font face à une kyrielle de problèmes tant aux plans sécuritaire qu’économique. Malgré ce tableau pas du tout reluisant, le général Al Burhan et ses hommes demeurent « focus » sur leur objectif : la confiscation du pouvoir. Pour réussir cette mission, ils utilisent les moyens de coercition : intimidations, enlèvements, viols, massacres… des populations civiles qui, depuis un an, maintiennent allumée la flamme de la mobilisation de la rue. Après un an de lutte acharnée sur le terrain, le constat est que les lignes n’ont vraiment pas bougé comme le peuple soudanais l’espérait. A savoir que cette lutte pour laquelle il s’investit tant, n’est pas encore gagnée. La barbarie continue malheureusement. La junte militaire, dans cette manœuvre « sordide », bénéficie encore de multiples soutiens et non des moindres de certains pays du golfe comme les Emirats arabes unis ainsi que l’Egypte, la Russie et d’autres forces régionales ; ce qui conforte la position de ces militaires de conserver à tout prix le pouvoir afin de continuer à contrôler les ressources du pays. Le pouvoir à Khartoum, on le sait, n’a jamais été favorable à une transition démocratique. Car, l’objectif affiché, c’est comment gagner du temps pour mener à bien leur basse « besogne » et espérer avoir le peuple à l’usure.
L’espoir, c’est qu’un gouvernement d’union nationale soit formé
Néanmoins, malgré ces soutiens tous azimuts, cette junte militaire se trouve confrontée de plus en plus aux pressions de la communauté internationale qui exige le transfert du pouvoir aux civils. Au plan interne, la junte n’arrive jusque-là pas à former un gouvernement. Les populations, loin de se décourager, n’en démordent pas. Elles continuent d’exiger plus de démocratie et le transfert du pouvoir aux civils. Face à ce désarroi généralisé où aucun des protagonistes ne veut lâcher prise, quelle solution peut- on alors proposer pour aider ce pays à sortir de cette impasse ? Un compromis peut-être ? Le sujet est très délicat et constitue l’une des questions les plus épineuses dans les discussions entre civils et militaires qui, depuis la prise du pouvoir, essaient de faire appel à certaines figures de l’ancien régime pour former un gouvernement qui leur est acquis. Sans pour autant tomber dans la compromission, militaires et civils pourraient se retrouver autour d’une table de négociations avec une volonté affichée de part et d’autre d’aller à la paix. Ne dit-on pas qu’un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès ? L’espoir, c’est qu’un gouvernement d’union nationale avec à la tête de l’Exécutif, une personne modérée en remplacement du général Al Burhan, soit formé afin d’ aider définitivement le Soudan à sortir de cette crise.
Ben Issa TRAORE