HomeA la uneCRISES AU SAHEL, SOUDAN ET RDC : L’UA saura-t-elle se montrer à la hauteur des défis ?

CRISES AU SAHEL, SOUDAN ET RDC : L’UA saura-t-elle se montrer à la hauteur des défis ?


Le 16 juillet dernier, s’est tenue à Nairobi, au Kenya, la 5e réunion de Coordination semestrielle de l’Union africaine (UA). Habituellement, une telle rencontre a pour objectif d’évaluer la mise en œuvre des décisions prises lors du dernier sommet de l’organisation et d’adopter de nouvelles décisions sur des questions de fond et d’intérêt continental. Elle réunit notamment les membres du Bureau de la Conférence de l’UA, les chefs d’Etat des comités économiques régionaux (CER) et le président de la Commission de l’organisation continentale. Et à l’occasion, chaque entité sous-régionale fait un état des lieux en mettant un accent particulier sur l’intégration régionale. Mais la rencontre de Nairobi intervenant dans un contexte de conflits et de crises qui affectent sévèrement le continent, certains sujets d’actualité se sont invités aux débats. Il s’agit du Sahel, du Soudan et de la République démocratique du Congo (RDC) qui, depuis quelque temps, sont connus pour être des foyers incandescents.

 

Ses actions concrètes visant à soutenir ses Etats membres en proie au terrorisme, ne sont pas visibles sur le terrain

 

On le sait, en effet, cela fait plus d’une décennie que le Sahel est en proie à des attaques terroristes qui, en plus d’endeuiller injustement des familles, ont mis à rude épreuve le vivre-ensemble dans certains pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Tant et si bien qu’il y sévit une grave crise humanitaire liée aux déplacements massifs de populations fuyant les zones à forts défis sécuritaires. S’il est exagéré d’accuser l’UA de faire montre d’impéritie, on ne peut non plus l’acclamer dans la mesure où ses actions concrètes visant à soutenir ses Etats membres en proie au terrorisme, s’il y en a, ne sont pas visibles sur le terrain. Le plus souvent, le soutien exprimé se limite aux discours et parfois à l’envoi, sur le terrain, de missions d’évaluation. Il en est de même pour le Soudan qui, depuis plus de deux mois, est en proie à une guerre d’ego qui oppose deux généraux : Abdel Fattah Al Burhan et Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemetti ». Face à ce conflit qui a laissé des milliers de cadavres sur le carreau sans compter les blessés et les nombreux déplacés, l’UA, avec le louvoiement et les atermoiements qu’on lui connaît, s’est fait damer le pion par la coalition américano-arabe qui, à maintes reprises, a réussi à arracher des cessez-le-feu ayant permis aux populations de se ravitailler ou de fuir les combats. Et comme pour ne rien arranger, des dissensions sont très vite apparues au sein de l’organisation panafricaine ; certains de ses membres ayant pris position en faveur de l’un ou l’autre des camps. En conséquence, le conflit s’est enlisé tant et si bien que nul ne saurait prévoir l’issue du drame qui se joue actuellement au Soudan et dont les répercussions ont atteint les pays voisins comme le Tchad, la République centrafricaine, l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan du Sud.  Quant à la RDC, la situation n’est guère reluisante. Car, depuis quelques années, le pays vit une grave crise sécuritaire dans sa partie orientale, sans que l’UA ne s’en montre préoccupée outre mesure.

 

Les dirigeants africains, en abordant les crises au Sahel, au Soudan et en RDC, l’ont sans doute fait dans le seul but de se donner bonne conscience

 

Pire, elle n’a même pas condamné les turpitudes du Rwanda qui est un Etat membre et que plusieurs rapports onusiens accusent ouvertement de soutenir les rebelles du M23 qui, la fleur au fusil, étaient, entre-temps, aux portes de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Certes, les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est  ont tenté de voler au secours de la RDC en y dépêchant une force régionale. Mais force est de reconnaître que les résultats se font toujours attendre sur le terrain. Si bien que d’aucuns n’hésitent pas à l’accuser d’inaction et d’inefficacité, surtout que le M23 n’a non seulement pas quitté certaines de ses positions occupées, mais aussi qu’il continue de perpétrer des exactions contre des populations civiles. L’UA saura-t-elle se montrer à la hauteur des défis ; elle qui, pour la mise en exécution de certaines de ses décisions, a toujours tendu la sébile aux partenaires techniques et financiers ? En tout cas, elle a intérêt à sortir de sa torpeur si elle veut reconquérir le cœur des Africains qui la considèrent plus comme un syndicat de chefs d’Etat qu’un véritable outil d’intégration des peuples. A preuve, depuis plusieurs semaines, des migrants subsahariens vivent ce qu’un Africain ne vit pas en Europe ou en Asie ; tant ils y sont humiliés et traités comme des sous-hommes et cela, avec le mutisme coupable de l’UA. Car, en dehors des simples condamnations de principe, aucune sanction n’a été prise contre le président Kaïs Saïed qui, par son discours irresponsable, a contribué à exacerber la haine et le racisme dans son pays. Et comme pour ne rien arranger, le Ghana a emboîté le pas à la Tunisie en procédant à des expulsions ciblées de Burkinabè de son sol, au motif qu’ils sont en situation irrégulière, mettant ainsi à mal les relations de bon voisinage qui ont toujours prévalu entre Accra et Ouagadougou. De ce qui précède, on peut conclure que les dirigeants africains, en abordant les crises au Sahel, au Soudan et en RDC, l’ont sans doute fait dans le seul but de se donner bonne conscience.

 

« Le Pays » 


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