DEBAT AUTOUR DU FONDS COMMUN : Le MOCER contre « l’égoïsme et l’individualisme caractérisés »
Dans la déclaration ci-dessous parvenue à notre rédaction, le Mouvement citoyen pour une éthique républicaine (MOCER) dit déplorer le comportement de certains acteurs sociaux. Revenant sur les avantages dont bénéficient les travailleurs du ministère de l’Economie et des finances, il dit être contre « l’égoïsme et l’individualisme caractérisés ». Lisez plutôt !
Depuis quelques temps, le MOCER (Mouvement citoyen pour une éthique républicaine) a observé un silence pour ne pas chaque fois se faire indexer par certains citoyens qui ont toujours la facilité de qualifier ses propos. Mais la situation actuelle du pays est telle que, le mouvement ne peut se taire au regard même de ses missions de veille citoyenne. En dehors d’une certaine appréciation politico-politicienne de la situation, le pays se porte mal. A côté de l’insécurité grandissante de par les actions terroristes que nous condamnons de toute notre force, il y a la dictature syndicale de plus en plus grandissante et la mal gouvernance des dirigeants auxquelles le peuple fait face. Le MOCER jette un regard critique pour plusieurs raisons.Depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui a conduit aux élections démocratiques de décembre 2015, les populations dans leur ensemble ont rêvé d’un Burkina meilleur de fraternité, de solidarité, bref de paix sociale. Un Burkina meilleur où les souffrances du peuple seront résolues. Un Burkina meilleur où il y aura plus d’équité, d’égalité et de liberté. Un Burkina meilleur où tous les Burkinabé jouiront des mêmes droits et s’exécuteront des mêmes obligations et des mêmes devoirs. Mais aujourd’hui notre surprise fut très grande de voir, de par la dictature syndicale, naître des supers Burkinabé nantis de tous les privilèges sous prétexte de la spécificité de leur fonction ou tout simplement de certains avantages liés à l’exercice de leurs tâches régaliennes pour lesquelles ils sont payés. Tous les secteurs sociaux sont pris en otage par la vision amateuriste des gouvernants. Chacun doit avoir sa part du gros gâteau. Tant pis pour ceux qui n’ont pas de couteaux (cadre structuré). C’est comme si aujourd’hui le pays se résume à la question des avantages syndicaux. Tant pis pour les autres s’ils ne sont pas syndiqués ou structurés. Les populations sont aujourd’hui prises en otage quotidiennement. Tu peux aller grever. Le pays c’est nous et tant qu’il n’y aura pas satisfaction point de services. Et quand il y a satisfaction des revendications, interdiction formelle de rendre compte au peuple. C’est ça la liberté dont on a rêvé en chassant Blaise et ses daltons du pouvoir ? Non, c’est de la dictature pure et simple des grandes masses. Malheureusement ceux sur qui comptent les populations parce qu’ils sont les garants de leur bien-être ont abandonné le gouvernail. Pour la mémoire de certaines élites intellectuelles, le secteur informel contribue à hauteur de plus de 30% du PIB (Produit Intérieur Brut) et absorbe plus de 45% de l’emploi dans ce pays. Mais en retour, tout ce grand monde gagne quoi spécifiquement de l’Etat central ? Rien. Absolument rien si ce n’est les mêmes avantages pour tout citoyen burkinabé, à savoir les droits élémentaires que sont la santé, l’éducation, la sécurité, etc. Pendant que les uns travaillent durement nuit et jour, les autres revendiquent et se voient gratifier à la fin de tous les avantages. Nous ne faisons pas une analyse partisane, nous voulons seulement que chacun prenne conscience que ce pays ne peut se construire que dans le sacrifice. Nous sommes tous complémentaires dans ce que nous menons au quotidien comme activité. Un agent des impôts pris individuellement ne peut collecter et revendiquer les taxes sans la présence d’un agent de sécurité. Et c’est parce que l’agent de sécurité est bien portant, sa famille dans la quiétude et ses enfants scolarisés qu’il peut pleinement assister l’agent des impôts dans l’exercice de ses fonctions. Et c’est ça la complémentarité pour le développement de notre cher Burkina. Chacun pris individuellement est indispensable, mais collectivement nous sommes complémentaires.Cependant, si le MOCER déplore le comportement de tout ou rien de certains acteurs sociaux, il y a aussi lieu de décrier la mal gouvernance actuelle du pays. Aujourd’hui tous les avantages acquis par les travailleurs, qui font couler beaucoup d’encre et de salive, sont des accords passés avec le gouvernement. Nous sommes victimes de la précipitation et du manque de vision de nos dirigeants. Nous ne pouvons pas comprendre que dans un pays très pauvre comme le Burkina un agent puisse obtenir une motivation plus élevée que ce qu’il gagne par mois pour son travail. C’est comme si nous sommes dans une république de « Grin » où les choses se passent entre amis. La vérité fait mal mais elle ne crève pas les yeux. Comment peut-on sacrifier les investissements pour un développement humain durable de tous au profit d’une seule composante sociale ? Il faut que le gouvernement ait le courage de diriger et d’assumer. Nous sommes convaincus qu’au-delà du 25 du mois, le gouvernement ne peut s’hasarder à retarder le paiement des fonctionnaires, mais il peut avoir le courage d’abandonner les programmes de construction des infrastructures scolaires et sanitaires pour manque de ressources budgétaires. C’est ça la réalité au Burkina. C’est triste, mais nous sommes appelés à naviguer à vue parce que tout simplement aux yeux des gouvernants les avantages des uns priment sur le développement et le mieux- être des autres. Bonne arrivée à l’ancien système : donnez- leur ce qu’ils veulent ; l’essentiel, qu’ils ne touchent pas à notre pouvoir.Pour terminer, nous félicitons la ministre de l’Economie, des finances et du développement pour son courage et son devoir de rendre compte au peuple. Le gouvernement a l’obligation de rendre compte de ses actions devant la représentation nationale. C’est ça le fondement de la démocratie. Nous sommes convaincus de la réaction fulgurante de certains citoyens, ce qui est normal car le Burkinabé a horreur de la critique. Nous serons traités de tous les mots, mais ce pays nous appartient tous. Il est le fruit conjugué de tous nos efforts. Pour cela nous assumons nos propos. Nous ne sommes contre le gouvernement ni aucune organisation syndicale, mais nous déplorons simplement l’égoïsme et l’individualisme caractérisés dont certains Burkinabé font montre ces deniers temps. Comme quoi, il n’y a plus d’homme intègre dans ce pays mais des avantages intégrés. Quel sens du patriotisme voulons-nous ? Si moi j’ai gagné c’est bon, les autres aussi n’ont qu’à chercher. C’est triste.
Que Dieu bénisse le Burkina !
Le MOCER, le Faso d’abord, le Faso toujours
Kassoum OUATTARA,
Président du MOCER